C’est reparti mon kiki ! Devine qui vient blaster ce soir ? Je te le donne en mille ! Des Polonais pardi ! Encore !!! Bah ouais, ça n’arrête pas et puis c’est encore du Death qui veut pratiquer des choses inavouables à nos oreilles. Ce serait bien qu’ils exploitent un nouveau filon à l’avenir, non ? C’est pour eux, moi je m’en fous mais j’ai peur que le gisement vienne à tarir. Le visiteur du jour se nomme Preludium et est loin d’être inconnu auprès des amateurs de musiques qui piquent les joues. En effet, il s’agit du troisième album du combo et le premier chez Diabolical Conquest, le label du webzine. Jusqu’ici, nos Polonais s’étaient fait connaître principalement par un premier LP foutrement sympa faisant virevolter l’Ange Morbide grâce à l’injonction de stéroïdes et d’hormones de blasts.

Un changement de section rythmique plus tard, nos brutes reviennent nous présenter leur nouveau concept bien guerrier sur fond de ruines et de bombardements. Mouais, comme d’habitude excepté une ou deux rythmiques militaires le sujet passe complètement à l’as sur un plan musical. De même, l’aspect angélique a quasiment disparu, on est dans le plus pur style polonais avec des riffs à la Behemoth d’une platitude et d’un conventionnel assez déprimant. Mais ne jouons pas les rabat-joie d’entrée car il y a un paradoxe inhérent dans le présupposé de cet album.

A priori, l’amateur brutal va probablement pester quand il apprendra que le combo ne fait plus dans le total blast dans ta face. Non, ils font assez souvent dans le ralentissement bien gras et c’est là toute l’ironie car il apparaît vite que si cette demi-heure plastifiée évite de se transformer en frisbee c’est principalement grâce à la dynamique entre les furieuses accélérations et ces purs instants de lourdeur. Ils creusent parfois si loin dans le saindoux que sur "Bitter Cold", on flirte quasiment avec le côté Doomy que dégageait un vieil album de Runemagick.

Je sais, j’exagère peut-être un peu et puis je tiens à rassurer mon brutal auditoire car l’autre motif de satisfaction est la niaque qu’insuffle le groupe dans l’exécution de sa musique. Quand ça bastonne, ça ne fait pas semblant et on se prend des rafales de blasts laissant notre visage tout tuméfié. Les vocaux déploient aussi une belle vitalité pour nous aboyer des ordres dans ce qui nous reste de tympans. La prod à la mode polonaise est comme à son habitude claire et puissante tout en se gardant de sonner trop synthétique. C’est donc bien volontiers qu’on se soumet à cet écrasement mural.

Le dernier paradoxe est qu’au final le morceau le plus attrayant est cette conclusion instrumentale qui gagne en atmosphère de par son aspect plus mélodique. Sinon, en dehors de cet apaisement et à l’instar du champ de ruines ornant la pochette, il ne reste plus grand-chose dans nos esprits traumatisés à la fin du combat.

Du Death polonais lambda qui se voit étrangement sauvé de la catastrophe par ses ralentissements boueux et son envie de batailler avec la terre entière. Attention, c’est loin d’être mauvais mais c’est un de ces albums qui arrache méchant à la première écoute, qui fera trois tours dans votre mange-disque et qui retournera recta dans son bel écrin apocalyptique.
Pour la prochaine les gars, retournez à la soupe de l’ange malade, c’est mieux que du Behemoth pas inspiré !


Rédigé par : Dark Rabbit | 12/20 | Nb de lectures : 12390