La chronique assassine n’était pas loin… Il faut dire que Power Quest, avec ce nouvel album, s’engouffre dans la plupart des clichés inhérents au genre : pochette bateau représentant l’éternelle dualité entre le bien et le mal (un thème utilisé pour la 3672ème fois par un groupe de metal…), originalité proche du néant (nous y reviendrons), mélodies flirtant parfois avec la niaiserie, un son de clavier qui peut rapidement se révéler insupportable (le début de « Civilised ? » aurait très bien figurer en bande-son d’un jeu de Sega Mega Drive, vous voyez le genre ?)… Bref, autant d’éléments qui pourraient amener l’auditeur à tracer son chemin, en ces temps de surproduction discographique.

Pourtant, j’ai été conquis par ce "Master Of Illusion". Ce quatrième album de la formation anglo-italienne, menée par le claviériste Steve Williams (l’un des musiciens à l’origine de l’aventure Dragonforce), est dans la droite lignée des précédents opus. Au menu donc, un heavy/speed mélodique aux forts relents progressifs, qui n’a rien de révolutionnaire mais devrait séduire les fans de groupes comme Stratovarius (il suffit d’écouter « Kings of Eternity » pour s’en convaincre), Sonata Arctica ou Avantasia (« I Don’t Believe in Friends Forever » aurait pu figurer dans l’opéra metal de Tobias Sammett). L’influence la plus prononcée est cependant celle d’Helloween, ne serait-ce que pour la pochette, qui rappelle étrangement celle des Keeper, notamment le premier volume, avec cette ambivalence entre le bien et le mal et ce personnage central, le « maître de l’illusion », pas si éloigné que ça du « gardien des sept clés »… L’ombre du groupe allemand plane au-dessus de ce disque du début à la fin, la ressemblance (le plagiat ?) atteignant son paroxysme sur le refrain de« Master of Illusion ». Vingt ans après la sortie des deux Keeper, on ressent toujours l’influence qu’ont pu avoir ces deux albums de légende sur la scène metal européenne. Mais s’il s’agit d’un album passéiste, la production dans l’air du temps est là pour nous rappeler que les 80s sont loin.

Composé de titres ultra mélodiques, "Master Of Illusion" est un album auquel il faut laisser sa chance et dont les subtilités et les atouts se révèlent au fil des écoutes. Les trois premiers morceaux sont excellents, en particulier le titre « Human Machine », qui voit la participation de Richard West, le claviériste de Threshold. Sur « Civilised ? » (dont le refrain ne sera pas sans rappeler le mythique groupe Yes aux amateurs de rock progressif), les lignes vocales du chanteur italien Alessio Garavello sont particulièrement soignées (c’est une constante sur ce disque). Mais il ne faudrait pas oublier l’autre grand artisan de cet album, Andrea Martongelli, guitar-hero au jeu redoutable qui n’est parfois pas sans rappeler celui du maître Ritchie Blackmore et d’Yngwie Malmsteen. Ce dernier éblouit véritablement cette galette de sa classe, comme sur les soli de « King of Eternity » et « I Don’t Believe in Friends Forever ». Force est de constater toutefois que la deuxième partie du disque est moins intéressante, avec des titres plus anecdotiques.

Malgré les quelques points négatifs mentionnés en début de chronique, heureusement éclipsés par la qualité des compositions et des musiciens, ce nouveau Power Quest constitue une bonne surprise, qui devrait plaire aux amateurs de heavy/speed mélodique. Voici donc un album à écouter sans prise de tête, qui devrait rappeler de bons moments aux nostalgiques de l’âge d’or d’Helloween.


Rédigé par : up the irons | 14/20 | Nb de lectures : 10385