Ecartés du dernier album (FOABP), ces 4 titres pour 29 minutes de musique sont présentés comme des « chutes » non utilisées. A l’écoute, on se rend très vite compte qu’elles sont plus qu’honorables et qu’elles avaient largement leur place. Elles sont en fait la partie la plus audacieuse du dernier effort de Steve Wilson mais qui n’était pas – semble-t-il- la plus vendable. Rétrospectivement, on peut regretter que Wilson n’ait pas pu ou su imposer ces titres car ainsi constitué, FOABP aurait arboré un visage bien plus séduisant.

Ce n’est pas grave dans la mesure où il nous est donné de pouvoir en profiter un an après même si le procédé peut sembler empreint d’un caractère mercantile non avoué. Et pourquoi ne pas avoir opté pour un double album comme avec "In Absentia" ? Bref, les voici désormais disponibles sur ce EP qui est annoncé comme un nouvel album (!) et rassurez-vous, la qualité est bien entendu au rendez-vous. En disant cela, j’ai le sentiment d’enfoncer des portes ouvertes, mais que voulez-vous, Wilson est un génie alors…

Le versant expérimental de P.T est ici exploré dans sa meilleure exécution toutefois assez loin du space rock des débuts. On est plus en présence de métal prog voire d’avant-garde.

« Nil Recurring » se présente comme un instrumental de haute tenue et voit une nouvelle fois la participation de Robert Fripp déjà crédité sur le titre "Way Out Of Here". Déroutant de par sa structure il se révèle rapidement familier dans l’esprit : équilibre entre riffs rentre-dedans et parties atmosphériques.

Avec « Normal », si vous avez l’impression d’avoir déjà entendu ça, ne cherchez pas trois plombes, ce titre est une version complètement remaniée mais identifiable de "Sentimental" à qui il emprunte sa fabuleuse ligne mélodique. D’où ce sentiment de récurrence. Toute relative car à l’arrivée, le résultat est foncièrement différent -surtout le final- mais reste très attractif.

Ceux qui ont eu l’immense privilège de voir P.TREE lors de la tournée française qui a précédé la sortie de FOABP (à l’automne 2006) se souviendront que « Cheating The Polygraph » fut présenté en avant-première mais qu’il ne fut finalement pas retenu sur l’album. Son apparent « classicisme maison » peut sans doute en être une explication. En gros, il n’apporterait rien de neuf au débat. (A condition qu’il y en eut un…) Toutefois, le jeu de Gavin Harrison une nouvelle fois au top de sa forme dément cette affirmation. Et sincèrement, sur les 7 derniers albums du groupe, connaissez-vous un titre qui soit à jeter ? Moi, pas !

Le quatrième et dernier titre « What Happens Now ? » est celui qui offre le plus d’intérêt car très ambitieux. D’une architecture extrêmement intelligente, il contient tous les ingrédients qui participent à la grande qualité de la musique des Anglais : un développement très construit, une mélopée mémorable et un final en apothéose. Il reprend également quelques phrases d’"Anesthetize". C’est la face de P.TREE que l’on aime particulièrement et qui rend un album des Anglais si indispensable. Et lorsque 2 ou 3 titres voire davantage de la même trempe ont le bonheur de se trouver sur la même galette, on passe de l’indispensable au vital. Ça s’appelle le Talent !

Vendu aux alentours de 12 euro, ce EP traité aux petits oignons par le Maître Wilson (production et présentation) n’est pas à conseiller à quelqu’un qui voudrait découvrir le groupe. Il est tout de même assez « typé ».
Pour les autres, les habitués, il leur permettra de prolonger le plaisir de FOABP s’il en ont déjà fait le tour. Ils pourront également constater la chose suivante : qu’il s’agisse d’albums complets ou de EP, P.TREE affiche une inspiration et un savoir-faire ahurissant. Inutile de vous dire que son acquisition est obligatoire.
Attention à vous, je vérifierai les tickets de caisse…


Rédigé par : Karadok | 18/20 | Nb de lectures : 12491