La Belgique est un pays petit par la taille mais grand par la capacité à livrer des groupes de hardcore relativement intéressants. C’est encore une fois le cas de POISON MY BLOOD, jeune groupe flamand, qui nous livre un premier album plus que prometteur en officiant dans un style pourtant balisé et embouteillé qu’on appelle génériquement « le metalcore ». Le metalcore est un peu comme le jeu des sept familles, sous cette appellation se cache nombre de variations et de styles différents. Les Belges se situent dans la famille « Shai Hulud » qui se caractérise par un son plus arraché et à fleur de peau que la moyenne. Un style que l’on peut rapprocher de la frange la plus dure du screamo.

Réduire POISON MY BLOOD à un clone de Shai Hulud serait réducteur pour le groupe qui affiche d’autres influences comme Misery Signals, Twelves Tribes ou toute la scène floridienne de la fin des années 90, Morning Again et Poison The Well période "Opposite of December" en tête. Mais loin d’être un patchwork d’influences, le groupe parvient à proposer une musique qui lui est sienne en associant à ces influences, certes audibles mais pas envahissantes, un son typiquement flamand et une sens aigu de la composition. Les titres alternent avec aisance violence, riffs tranchants, moshparts vicieuses et petites mélodies faussement primesautières. Les gars se sont aussi inspiré du metal afin de plomber leur musique et de construire leur ensemble sur des bases solides et bien carrées.

Bien que majoritairement mid tempo « Monuments » lâche par moment les chevaux et s’accorde quelques accélérations toujours maîtrisées avant de brutalement casser le rythme avec un break dévastateur ou une moshpart teigneuses (« Crash and Collapse ») voire un riff assassin accompagnant des choeurs de bûcheron bien velus (« Set Sail », « The Dead »). Impression de violence renforcée par un vocaliste envoyant le bois comme le plus chevronnés des tatoués new-yorkais.

Outre les gros morceaux de metal et de hardcore qui s’imposent comme la force majoritaire de cet album, il ne faut pas passer sous silence les envolées limite postcore offrant une petite respiration bienvenue dans ce bouillon de hargne. Ainsi le titre « Monuments » déroule sa guitare désenchantée tout en accords faussement déglinguée pour emmener le combo vers d’autres horizons, plus mélancoliques et désenchanté pour accoucher finalement d’un des moments forts de l’albums. Une des forces du jeune groupe est justement cette faculté de mêler diverses influences, divers horizons et diverses ambiances sans pour autant se désunir. « Monuments » reste compact et cohérent de bout en bout. La production made in Rape Of Harmonies est impeccable et rend justice au son du groupe. Oscillant entre violence, noirceur et mélancolie, la lumière surgit parfois là où on ne l’attend pas, sur le dernier morceaux tout en guitare acoustique et vient apaiser les oreilles mise à mal par trente de minutes de ratonnade à la belge. Si cet album ne se classe pas dans les classiques immédiats, il est néanmoins porteur de nombreux espoirs et m’est d’avis qu’il faut tenir ces p’tit gars du coin de l’œil car avec un peu plus de maturité d’écriture et un niveau technique plus élevé, ils pourront faire très mal dans un futur proche.


Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 10336