La ville rose n'en finit pas de nous offrir des rejetons tous plus convaincants les uns que les autres: après le buzz My Own Private Alaska qui ne risque pas de retomber de sitôt, après Einna, la réponse française à Buried Inside, I Pilot Daemon et j'en passe, ça s'agite sec à 2-Loose. Plebeian Grandstand, malgré un patronyme pas des plus aisément mémorisables, peut en revanche compter sur sa musique pour marquer les esprits au fer rouge. Comme pour les deux derniers, ce sera une bonne dose de chaos postcorisé qui viendra nous envahir les cages à miel. Encore un groupe de plus dans le genre?

Ils en sont conscients les bougres, puisqu'ils viennent te couper l'herbe sous le pied en précisant dans leur feuillet promo: "Déjà entendu? Rien à battre". Les mecs sont là uniquement pour jouer la musique qui les a toujours fait bander, et rien que pour ça, tu peux pas aller les emmerder sur le terrain de l'originalité. Mais c'est exécuté avec talent, spontanéité et sincérité, et surtout, ça dégage quelque chose, ce qui leur permet de dépasser le stade de "groupe à la", et démontre qu'il y a plus d'intérêt que ce qu'on pourrait penser.

Alors certes, on ne tient pas là les nouveaux Botch ou Converge mais plutôt leurs fistons, reste qu'il y a assez de matière pour passer un excellent moment en compagnie des bambins. Soutenus par une production sans faille, les Plebeian tirent à l'aveugle dans tous les coins pendant une demi-plombe. Outre les deux mythes cités 2 phrases plus haut, on se permettra également de penser à Every Time I Die, pour les plans qui rockent le plus, aux Norma Jean/The Chariot des débuts pour les dissonances et les signatures rythmiques en pagaille, ou encore à Breach pour les envolées postcore qui viennent tour à tour plomber ou aérer l'ambiance.

Et malgré le fait que l'on puisse s'amuser à retrouver les influs derrière tel ou tel plan, elles sont recrachées avec assez de hargne et suffisamment bien agencées pour offrir de vraies compos, loin d'être un simple patchwork de la scène ricaine. Reste qu'ils sont pas là pour nous ménager niveau intensité, tel le final de "My Jinx" d'une lourdeur majestueuse qui s'envole vers une frénésie chargée en émotions. A l'image du chant, à la limite du screamo, sérieusement habité, y'a du hurlement sur "The Form Is An Angel Of Soul (Part 2)" qui a dû être douloureux... La voix est peut-être encore un peu verte, mais l'intention est plus que là.

Bref un premier EP impeccable dans l'exécution et le choix des influences, faut quand même rappeler qu'ils auraient pu s'inspirer de groupes de merde. Maintenant que la maîtrise est là, et même s'ils jouent pour se faire plaisir (et pour le nôtre par la même occasion) on peut se dire qu'en laissant décanter on aboutira à une oeuvre vraiment personnelle. L'artwork a trop la classe, et en plus ils citent Mare en influs, ils savent comment se mettre le Crown_Me in the pocket. Rendez-vous à l'album? Assurément!


Rédigé par : Crown_Me | 7,5/10 | Nb de lectures : 11389