Les glorieux Mayas l’ont dans l’os, Roland Emmerich aussi. La Fin du Monde n’aura pas lieu le 21 décembre 2012, elle est déjà en marche et est prévue pour 2010, cette année donc. Le début de la fin aura lieu à Toulouse. La Fin du Monde c’est « How Hate Is Hard To Define » de PLEBEIAN GRANDSTAND. « How Hard » débute par un bourdonnement, d’abord léger puis plus intense, le début de la fin en somme. Ensuite le chaos arrive, le sol se dérobe sous nos pieds, le soleil s’écrase dans la mer, les eaux submergent les terres et les nuages de poussière installent la nuit éternelle. S’ensuit l’hiver post-atomique où les survivants se rassemblent, s’organisent et démarrent la guerre post-apocalyptique. Viols, famine, cannibalisme, meurtres. Voilà, ce sera ça la fin du monde, ce sera noir, ce sera moche, ce sera brutal et sans espoir. Mais en même temps ce sera beau, ce sera grandiose, l’œuvre d’art totale et absolue. Dans le cul les Mayas, dans l’os Roland Emmerich. La vraie Apocalypse est annoncée par PLEBEIAN GRANDSTAND. Surtout ne tuez pas le messager, non au contraire, écoutez-le encore et encore. Ecoutez les messagers de la fin des Temps. Point d’Anges soufflant dans des trompettes, la musique de la Fin sera jouée par quatre gars : guitare, basse, batterie et voix. C’est tout. Et c’est déjà beaucoup.

Les Toulousains, n’ont sans doute pas conscience du potentiel destructeur de leur musique pourtant dès les premières notes de « Ordo Ab Chao » on sait qu’on tient quelque chose de lourd qui va provoquer des dégâts considérables et irréparables dans les oreilles de quiconque osera s’y aventurer. La traversée se fera dans les ténèbres les plus totales. Une noirceur totale, ontologique et infinie mise en place par la densité de la musique composée par ces quatre mecs. Les premières écoutes rappellent la chute d’un bloc de granit, c’est épais, dur, impénétrable mais indéniablement puissant et destructeur, puis petit à petit le granit s’effrite et on voit poindre des failles, un passage dans lequel s’engouffrer afin d’appréhender pleinement le son des Toulousains. Et là, tout s’éclaire, enfin façon de parler car dans les faits, il n’y a pas de place pour une quelconque lumière dans le son de PLEBEIAN GRANDSTAND, musique d’Apocalypse, faut-il le rappeler. Pas évident de donner une appellation d’origine contrôlée à cette musique si particulière, si intense, si noire, si évocatrice. Le seul terme qui me vient à l’esprit, je le dois à l’un de mes estimés confrères, est « parpaingcore™ », une musique naviguant aux confluents du hardcore, du sludge, du black, du mathcore, postskevouvoulez, une musique qui rassemble en une seule, toutes les formes connues de metal extrême et assimilés.

PLEBEIAN c’est une guitare qui annihile tout espoir, une basse qui détruit toute fondation, une batterie qui ravage les terres et une voix qui plonge l’humanité dans la folie la plus profonde. C’est Converge qui engrosse Dillinger sous le regard d’Arkhon Infaustus, c’est Celeste qui partouze Gaza et Breach sous le regard d’Integrity, c’est le « No Surrender » de Kickback qui bastonne le dernier Nesseria dans une marre de boue. Ce sont des riffs de guitare misanthrope perclus d’amertume (« Nice Days Are Weak »), une rythmique de plomb incandescent (« Are You Angry ? »), une voix démoniaque constamment sur le fil ténu de la démence. C’est aussi une production implacable, un mix parfait et une sens de la dramaturgie peu commun. Plutôt que d’être un alignement de titre, « How Hate… » raconte une histoire, on sent une progression logique derrière ce chaos, chaque titre est à sa place car c’est la sienne. C’est l’absence de lumière de vie puis sans crier gare, survient l’espoir, un oiseau dans le ciel « Pie In The Sky », fait son apparition dans le ciel gris de l’hiver nucléaire. A cet instant on se dit que tout n’est pas perdu, qu’un futur est toujours possible, que la lumière va réapparaître mais l’oiseau est shooté en plein vol. « Don’t Expect Much From World’s End » remet les choses au point. C’est la fin, symbolisée par la complainte « (…) Or Boring ? » L’album se termine comme il a commencé, par un bourdonnement, un larsen presqu’apaisé, presque, un bourdonnement qui annonce le repos total, signifie l’absence de lutte, symbolise la fin . La fin n’est pas en noir et blanc, non, elle se dessine en noir et gris, la fin c’est « How Hate Is Hard To Define ». La fin c’est PLEBEIAN GRANDSTAND.


Rédigé par : Seb On Fire | 18/20 | Nb de lectures : 16484