Cette sombre et intrigante pochette résume à merveille l’ambiance dégagée par cette galette. Il fait nuit, tu sors du bar et rentres sous la pluie à tâtons, les lampadaires éclairant mal le tracé que tu dois emprunter jusqu’à ton domicile. Même si nous sommes aux abords de Mannheim, ville allemande à la frontière alsacienne, mon imaginaire m’oriente vers ces pêcheurs au ciré jaune et à la grosse barbe touffue, mouillée par le crachin de la mer du nord. Le rendu sonore est lui aussi sombre, marin, et offre des structures travaillées, tristounettes et totalement post-hardcore.
A l’image de nos sociétés et de la planète en règle générale, la musique évolue et devient hybride, et voit ses styles se mélanger les uns aux autres. Les idées et envies chez ce combo fourmillent donc et l’on décèle de nombreuses ébauches de style au gré des morceaux. Mixer des influences, Planks connaît le sujet. Pur produit post-hardcore, les Allemands savent aussi jongler habilement avec des pointes de sludge, de doom et de black (dans sa nouvelle variante, tant adorée outre-Atlantique) qu’ils distillent avec parcimonie à travers leur art. J’y entends aussi des sonorités typiquement suisses, comprendre par-là : noires et classes ! Planks bidouille ce qui a le vent en poupe en ce début de décennie. Comme trop souvent, l’ombre Neurosis plane, mais c’est principalement vers Tombs que je me tourne. On a tous besoin d’un mentor, et ils ont trouvé le leur. Même admiration pour le combo d’Oakland, et les riffs plus noirs que violents. Même incorporation de sonorités blackisantes. Même désir d’ajouter une belle portion d’atmosphérique à leurs compos. Même constat sur le chant, qui n’est pas, même s’il est bon et dramatique, la vraie valeur ajoutée du groupe. Malgré les envies indépendantistes qu’insufflent les Germains à ce Funeral Mouth, il est cependant difficile de ne pas trouver leur attitude trop inspirée par les 2 excellents albums du trio de Brooklyn. Le split partagé en 2008 puis la tournée ricaine commune ont dû les influencer, pour sûr.
Ce troisième album est sombre et sa violence est presque camouflée. Comme Tombs une fois de plus, l’agression est rampante, et non frontale. Derrière dans les coulisses, ça joue. Même si la batterie a le cul entre 2 chaises musicales, le hardcore et le doom, elle étonne peu mais ravit. Les guitares sont incisives pour un rendu fouillé et pétri de bonnes intentions. Les atmosphères développées sont délicates, tout en détresse. Ca tricote avec doigté et l’expression sonore est étudiée minutieusement, jamais bâclée. La voix renforce cette idée, avec un timbre rocailleux et bûcheronné qui, même s’il a déjà été entendu à maintes reprises, se fond à merveille dans cet univers. Planks offre donc un bon album homogène, mais pas suffisamment personnel pour bouleverser une quelconque hiérarchie.
Même après un grand nombre d’écoutes, ces 10 titres ne sont pas ancrés dans ma chair. Ils m’apportent un réconfort le temps de ces 45 minutes, mais ne laissent pas de trace indélébile en moi. Un peu trop pot-pourri des sonorités 2012 pour le moment, Planks a saisi le principe et a besoin d’affirmer davantage sa patte. Que l’on ne se méprenne pas, Funeral Mouth vaut le détour, mais manque juste du supplément d’authenticité. Les fondations sont cependant solides et élaborées, et peuvent préparer un bel avenir.
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A l’image de nos sociétés et de la planète en règle générale, la musique évolue et devient hybride, et voit ses styles se mélanger les uns aux autres. Les idées et envies chez ce combo fourmillent donc et l’on décèle de nombreuses ébauches de style au gré des morceaux. Mixer des influences, Planks connaît le sujet. Pur produit post-hardcore, les Allemands savent aussi jongler habilement avec des pointes de sludge, de doom et de black (dans sa nouvelle variante, tant adorée outre-Atlantique) qu’ils distillent avec parcimonie à travers leur art. J’y entends aussi des sonorités typiquement suisses, comprendre par-là : noires et classes ! Planks bidouille ce qui a le vent en poupe en ce début de décennie. Comme trop souvent, l’ombre Neurosis plane, mais c’est principalement vers Tombs que je me tourne. On a tous besoin d’un mentor, et ils ont trouvé le leur. Même admiration pour le combo d’Oakland, et les riffs plus noirs que violents. Même incorporation de sonorités blackisantes. Même désir d’ajouter une belle portion d’atmosphérique à leurs compos. Même constat sur le chant, qui n’est pas, même s’il est bon et dramatique, la vraie valeur ajoutée du groupe. Malgré les envies indépendantistes qu’insufflent les Germains à ce Funeral Mouth, il est cependant difficile de ne pas trouver leur attitude trop inspirée par les 2 excellents albums du trio de Brooklyn. Le split partagé en 2008 puis la tournée ricaine commune ont dû les influencer, pour sûr.
Ce troisième album est sombre et sa violence est presque camouflée. Comme Tombs une fois de plus, l’agression est rampante, et non frontale. Derrière dans les coulisses, ça joue. Même si la batterie a le cul entre 2 chaises musicales, le hardcore et le doom, elle étonne peu mais ravit. Les guitares sont incisives pour un rendu fouillé et pétri de bonnes intentions. Les atmosphères développées sont délicates, tout en détresse. Ca tricote avec doigté et l’expression sonore est étudiée minutieusement, jamais bâclée. La voix renforce cette idée, avec un timbre rocailleux et bûcheronné qui, même s’il a déjà été entendu à maintes reprises, se fond à merveille dans cet univers. Planks offre donc un bon album homogène, mais pas suffisamment personnel pour bouleverser une quelconque hiérarchie.
Même après un grand nombre d’écoutes, ces 10 titres ne sont pas ancrés dans ma chair. Ils m’apportent un réconfort le temps de ces 45 minutes, mais ne laissent pas de trace indélébile en moi. Un peu trop pot-pourri des sonorités 2012 pour le moment, Planks a saisi le principe et a besoin d’affirmer davantage sa patte. Que l’on ne se méprenne pas, Funeral Mouth vaut le détour, mais manque juste du supplément d’authenticité. Les fondations sont cependant solides et élaborées, et peuvent préparer un bel avenir.
Rédigé par : Bras Cassé | 14.5/20 | Nb de lectures : 13667