Depuis le temps que je vous rabâchais que ces petits gars étaient destinés à un avenir florissant, fallait bien que ça démarre un jour ou l’autre. Alors, c’est vrai qu’il y a encore trois ans c’était un peu l’encéphalogramme plat du côté des activités du groupe et puis subitement, nous avons tous assisté stupéfaits à « l’explosion » de nos petits Yvelinois. Multipliant les concerts partout en France et s’acharnant au travail durant ces deux dernières années, le sang et la sueur des PIT les ont tout naturellement conduits à ce premier album, enregistré il y a déjà plus d’un an au studio des Milans.

Alors avant d’aller plus loin dans cet article, je tiens à préciser que PITN fait du death métal technique et progressif avec un grand P. J’en profite, au passage pour conseiller donc, à ceux qui sont allergiques au genre, qu’ils soient étroits du bulbe ou pas (demandez à vos proches si vous n’êtes pas sûrs), de passer tout de suite à la chronique suivante avant d’être tenté de laisser un message qui ne fera probablement pas avancer le débat.

Donc, disais-je, les PIT ont sacrément travaillé leur entrée en matière pour en arriver là. Je ne sais exactement avec quoi on les a nourris dans cette fameuse nursery, sachant qu’il n’y a rien de plus nocif qu’un bébé avarié, mais toujours est-il qu’ils devaient être gonflés à bloc pour nous pondre ce « Lunatic ».

Si PITN a mis un peu en veille ses aspirations deathcore, c’est pour se pencher davantage sur un death métal technique doté de joutes rythmiques particulièrement capilotractées (ou tirées par les cheveux). Sur cet enregistrement les zicos rivalisent de technicité savamment calculée pour ne pas devenir rébarbative. Tous les ingrédients qui font un bon disque sont ici parfaitement dosés. PITN sait faire la part belle aux phases complexes émaillées de quelques dissonances mais réussit à garder l’auditeur attentif par des fils conducteurs toujours catchy. Quelques passages plus ambiants ou jazzy sont également là pour nous rappeler que les PIT sont loin d’être réfractaires quand il s’agit de varier les plaisirs. Il se passe tellement de choses dans la musique des PIT, qu’une dizaine d’écoutes ne pourraient suffire à analyser la chose. Si les guitares parfaitement conjuguées et la basse réalisent des prouesses, la plus grosse prestation est assurée par le batteur qui apporte un groove très personnel grâce à son jeu idyllique. De même le chanteur, s’il reste dans un registre de growls assez monocordes, a progressé de façon spectaculaire depuis les jours anciens où nos molosses n’étaient encore que de jeunes chiots frétillants.

Alors c’est vrai que certains noms reviennent souvent lorsqu’il s’agit de classer la musique des PITN, la plupart du temps on va parler d’ATHEIST, de CYNIC, de DEATH, de DYING FETUS mais, aussi flatteuses soient-elles, ces comparaisons ramènent l’énorme boulot des PITN à un rang de suiveurs alors que je pense sincèrement que ce groupe pourrait fort bien marquer son époque pour peu qu’on lui en laisse la possibilité mais aussi les moyens. En effet, les PIT ne se contentent pas de laisser libre cours à leurs pulsions techniques alambiquées car leur approche du death progressif se veut avant tout moderne et dotée d’un petit côté hi-tech qui laisse entrevoir une personnalité intéressante. Et puis il y a aussi ce sublime ghost track final où les PIT se payent l’audace d’une intro à la cithare jouée par l’un des guitaristes qui se retrouve très rapidement rejoint par ses petits camarades de meutes pour une montée en force aussi surprenante qu’atmosphérique. Avant cela, il était difficile d’imaginer ce que la cithare pouvait apporter au métal

Je sais déjà que la production de ce disque ne manquera pas de soulever une polémique opposant les fans qui seront peut-être déçus par le son qui ne rend pas justice à leur excellent bassiste, de même que le claquement un peu froid de la batterie mais je trouve néanmoins que le mixage de cette galette est loin d’être mauvais dans le sens où PITN a conservé un bonne partie de sa personnalité sans se retrouver avec un gros son trop compressé et formaté aux exigences du marché.

Non, le seul point qui me laisse perplexe, c’est que les seuls qui ont donné une chance à ce disque sont les sourds de Black Lotus qui ne nous avaient pas habitués à signer d’aussi bons groupes. Cela reviendrait-il à dire qu’il existe plus d’acheteurs potentiels pour ce genre de musique fouillée et éloignée des courants mainstream ? J’ose espérer que la majeure partie des labels se trompent lourdement et il est désormais de votre ressort de faire regretter à toutes ces maisons de disque de ne pas avoir signer les PIT alors qu’elles en avaient la possibilité.

« Lunatic » marque le début d’une belle aventure qui ne manquera pas de faire des émules et obligera les PIT à se surpasser pour la suite. Quand je vous disais que ces petits feraient de grandes choses…


Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 19593