C’est étrange, à un jour près, deux évènements concernant le Floyd se seraient télescopés.
La veille de la sortie mondiale de Pulse le DVD, s’éteignait à Cambridge Syd Barrett, le fondateur du groupe écarté au bout de trois ans pour des problèmes de santé. Même si Barett n’a que peu de rapport avec l’objet Pulse, il est utile de rappeler que sans Barrett, le Floyd ne serait pas devenu ce qu’il est devenu. Peut-être , sans doute aurait-il eu un destin différent. Va savoir… R.I.P, Syd !
Enfin! Mille fois annoncé et autant de fois repoussé, le voici ce fameux concert de 1994.Les raisons précises d’un tel report? Et un copié collé, un !
« À l'instar du "Serious Moonlight" de David Bowie, "P.U.L.S.E." a été énormément piraté avant de paraître, enfin, en DVD. Il faut savoir que Pink Floyd ne se presse jamais, et que, les concerts à Earl's Court (Londres) de 1994 ayant été filmés en vidéo (au format 4:3), le groupe et son équipe ont tout fait pour essayer d'en adapter l'image au format le plus confortable aujourd'hui, 16:9. En vain. Pour éviter trop de grain et un écran coupé en haut et en bas, "P.U.L.S.E." est finalement proposé avec des bandes verticales sur les côtés (et une image de qualité), les techniciens du remastering ayant préféré concentrer leurs efforts sur le son, proposé en stéréo et 5.1, et véritablement impressionnant. » (cf FNAC.com)
Voilà, je n’aurais pas dit mieux. Quant au contenu dans le détail, voici la transcription de ma vision personnelle.
Frissons ! Rien de moins quand résonnent les premières notes de Shine On You Crazy Diamond. Je me souviens de la première fois où j’ai entendu cette intro. Ça remonte à pas mal d’années…Ce crescendo sur fond de synthé puis les lead de la guitare de Gilmour, les 4 notes déliées et répétées de la Fender, enfin l’entrée en lice de toute la section rythmique, c’est tout simplement grandiose. A chaque fois, je me fais avoir. Certainement le morceau de rock psychédélique le mieux construit et le plus abouti de toute l’histoire de la musique. Et l’intro la plus imitée. C’est un avis personnel, bien entendu.
Après cette magnifique entame extraite de Wish You Were Here, le DVD 1 repose principalement sur l’album The Division Bell. Assurément pas le meilleur de la discographie du groupe mais étant le dernier en date à l’époque, il était logique que Floyd le mette en avant. Quoi qu’il en soit, les titres exécutés sont considérablement revalorisés par leur prestation en live. Je dirais même qu’ils sont sublimés. Les autres titres hors Division Bell sont Another Brick In The Wall part 2 et son hymne imparable et One Of These Days et sa basse grondante.
Mais la cerise sur le gâteau c’est évidemment et vous vous en doutez le DVD 2. Il reprend pour la première fois en intégralité et dans l’ordre, le mythique Dark Side Of The Moon.
De Speak To Me à Eclipse, c’est un régal pour les oreilles et les yeux et ce, quand bien même la musique des Floyd n’est pas démonstrative au sens technique. Tout est dans l’ambiance et le son. De ce point de vue-là, c’est à dire dans la démesure, ils n’ont besoin de personne. Le Floyd en live, c’est toujours du grand spectacle. Show laser, avion en flamme qui traverse la salle de gauche à droite, film projeté sur écran, etc... Les chœurs des chanteuses gospel (dont une n’est pas noire) sont époustouflants en particulier sur The Great Gig In The Sky où elles se livrent chacune à leur tour, à une prestation qui remplit Gilmour d’admiration. Tout ce petit monde a l’air de bien s’amuser et le guitariste esquisse même un sourire. C’est vous dire s’il est drôle, le père Dave ! En tout cas, il est plutôt au point sur tous les morceaux où sa présence est prédominante. C’est à dire…tout le temps ! Le style Gilmour, c’est ça. Sobre, quoique parfois il se lâche un peu en accélérant quelques unes de ses interventions ou en prenant des mimiques façon guitar hero. Rien à dire de particulier des autres participants. Tout ça est bien huilé. Le guitariste suppléant – Tim Renwick - n’est pas mal non plus. Il vole même la vedette à Gilmour sur quelques solo. Nick Mason lui est très heureux d’être là. De toute façon, lui, il a toujours fait ce qu’on lui a dit de faire et été là où on lui disait d’être. Sacré Nick ! Il est assisté par un percussionniste qui est au moins aussi bien outillé que lui et qui veut le faire entendre !
Malgré l’enthousiasme de posséder un tel objet, on ne peut passer sous silence certains aspects moins positifs pour la formation britannique. Tout d’abord, et ce n’est un secret pour personne, Floyd a visiblement du mal à se remettre du départ fracassant de son trublion de bassiste et âme damnée, Roger Waters. Et le Floyd sans la présence de Waters, c’est toute proportion gardée, Maiden sans Harris ! Le remplaçant – Syd Pryce - assure mais la légende n’est pas là pour donner à l’événement son caractère historique. En 1994, la brouille des deux leaders est à son paroxysme. Waters rage de voir ses concerts fréquentés par une poignée de fidèles, alors qu’à quelques de mètres de là, la « Machine Floyd » assure des shows monstrueux rassemblant plusieurs dizaines de milliers de fans transis qui reprennent en chœur les titres composés par lui-même. Autre déception, les manifestations bruyantes du public entre les plages de Dark Side. C’est un concept ininterrompu – qui devrait l’être – et qui ne peut souffrir ce genre de « blagues » ! Enfin, la track list est sensiblement différente du double CD sorti en 1995. Manquent à l’appel Astronomy Domine et What do you Want For Me. Dommage ! A noter dans les bonus une rubrique intitulée “Bootlegging the bootleggers” qui, comme son nom l’indique est composée d’extraits de 5 titres repiqués aux « pirateurs » du concert de Londres. Very funny !
Voilà. Ce n’est certes pas le summum de la carrière des Anglais – quoique - ni même leur meilleur concert aux dires de certains. Mais, c’est le dernier en date et étant donné les rares lives disponibles du groupe et l’animosité persistante qui règne entre Waters et Gilmour, il va falloir s’en satisfaire. Pulse reste donc un superbe objet visuel (excepté l’infâme morceau de carton qui lui sert d’emballage) à ranger au chapitre des concerts évènements, ne serait-ce que pour Dark Side Of The Moon.

Track list :
DVD 1
1. Shine On you Crazy Diamond
2. Learning To Fly
3. High Hopes
4. Take It Back
5. Coming Back To Life
6. Sorrow
7. Keep Talking
8. Another Brick In The Wall (Part 2)
9. One of These Days

DVD 2
1 Speak to Me
2 Breathe
3 On The Run
4 Time
5 The Great Gig In The Sky
6 Money
7 Us & Them
8 Any colour You Like
9 Brain Damage
10 Eclipse

Bonus:
Wish You Were Here
Comfortably Numb
Run Like Hell


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 15854