Austère.

C’est forcément le premier mot qui vient à l’esprit à l’écoute de ce power-trio de ‘true’ doom sinon a priori balisé de bout en bout. Bah oui, en cette ère V après RV (cinq ans après la fin de REVEREND BIZARRE bande de nazes !), après avoir été réveillée à gros coups de pieds dans le cul de son hibernation, la scène se cherche toujours un nouveau champion... Elle ne manque pourtant pas de candidats : CARDINALS FOLLY, THE WANDERING MIDGET, APOSTLE OF SOLITUDE, PALLBEARER ou encore THE GATES OF SLUMBER ont tous empoigné leurs épées en plastique et leurs femmes par les cheveux mais aucun ne semble arriver à vraiment retrouver cette combinaison parfaite de NWOBHM, d’imagerie heroic-fantasy, de souffle épique et de pure misère. Et autant le dire tout de suite, la solution ne s’appelle pas PILGRIM. Ceci étant dit, ce n’est pas le but de ‘Misery Wizard’ non plus, même si cette pochette décadente semble être un pas si loin lointain écho du tableau de Francisco Goya ‘le Sabbat des Sorcières’ utilisé pour ‘In The Rectory Of…’

Plutôt intelligemment, plutôt que de se lancer dans la compét’, ce jeune groupe (ils se sont formés il y a deux ans seulement) de la côte est américaine a décidé d’aller au bout d’une certaine logique. Donc oui, trois fois, ‘Misery Wizard’ est doom. Ultra-doom même ! Donc pas d’influences heavy-metaaaaaaal trop voyantes à l’horizon, ni de plans sortant des clous et encore moins de solos (beurk). Et en tout et pour tout, deux accélérations n’intervenant que soit brièvement à mi-parcours au milieu du troisième morceau (parce qu’il ne faut pas déconner), soit sur « Adventurer », comme par hasard le seul morceau de durée ‘normale’ de tout le disque.

Pour dire, les pseudos choisis par ces trois gras-du-bide aussi sexy que CROWBAR sont d’ailleurs ici les seules choses pouvant prêter à sourire : mention spéciale d’ailleurs au batteur et à son ‘Krolg Splinterfirst, slayer of man’. Mais sinon, si vous trouviez le dernier GATES OF SLUMBER (‘The Wretch’) trop rêche, ce ‘Misery Wizard’ orthodoxe à l’extrême - où bien sûr la moitié des titres frôle voire dépasse les dix minutes - risque de vous cramer les cages à miel comme du papier de verre tellement il est plein d’aspérités barbares. D’ailleurs, même si ses paroles baignent dans un univers à la Robert E. Howard (le papa de Conan), elles se réduisent souvent à quelques lignes par chanson, comme il ne fallait là aussi surtout ne pas en faire trop.

Deuxième signature d’Alan Averill (alias Nemtheanga de PRIMORDIAL) pour son label POISON TONGUE dont on reconnaît ici la patte pour une musique ‘entière’ et sans compromis, PILGRIM a le mérite de ne pas tromper le chaland et d’aller au fond de sa démarche sans dévier un quart de seconde de sa trajectoire initiale. Après, pas de place ici pour les mécréants ou les doomsters du dimanche !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 12940