Enfant terrible d’une scène grind américaine atypique, PIG DESTROYER produit inévitablement son petit effet, son buzz lorsqu’un nouvel album arrive sur le tapis. On se souvient encore de l’effervescence engendrée par les sorties de « Prowler in the Yard » et plus récemment « Terrifyer » le bien nommé.
Deux albums dans lesquels PIG DESTROYER avait confirmé la personnalisation d’un grindcore construit sur les bases de riffs corrosifs taillés à la hâte parfois approximatifs et d’une amputation systématique de l’onctuosité d’une basse ; se créant du même coup un son aussi monstrueux que déchirant souligné par les vociférations d’un J.R. Hayes toujours déchaîné. PIG DESTROYER avait réussi à se concocter un son propre misant autant sur une certaine urgence que sur une véritable astringence auditive poussant même la créativité jusqu’au DVD audio bonus en dolby 5.1 et sa « doomesque » Natasha. Oui PIG DESTROYER incarnait définitivement l’avenir d’un grind aussi atypique que destructeur ; un groupe devenu une référence du genre.

Est-ce encore le cas avec cette nouvelle rondelle ? « Phantom Limb » s’inscrit-il dans la continuité du mythe pour le propulser encore plus haut ? Hé bien, au risque d’en décevoir plus d’un ce n’est pas exactement le cas car PIG DESTROYER semble avoir réduit ses ambitions à des proportions sensiblement plus communes si l’on en juge les quelques changements récents à commencer par un visuel, à tendance florale, plus esthétique que malsain.
Les affreux de Washington D.C. ont également revu la structure même de leurs titres en proposant des morceaux plus longs et donc moins nombreux avoisinant régulièrement les trois minutes, une éloquence musicale proposant d’avantage de riffs thrash, de tempos modérés aux accents parfois rock’n’roll.
De même, la production, toujours signée Scott Hull, a subi une certaine évolution. Si le son est toujours aussi monstrueux les basses sont, ici plus poussées que dans le passé ; privant du même coup cette galette de l’acidité caractéristique qui accompagnait inévitablement tous les enregistrements du groupe.
Enfin « Phantom Limb » célèbre l’arrivée d’un quatrième membre en la personne de Blake Harrison (HATEBEAK, TRIAC) non pas pour occuper un hypothétique poste de bassiste mais uniquement pour s’affairer aux samples et autres bruitages qui émaillent ce disque.

Autant de détails qui ont leur petite importance et qui font de ce quatrième album un certain virage dans l’évolution du groupe. N’allez pas croire pour autant que PIG DESTROYER ait renoncé à la frénésie des rythmiques hachurées et frénétiques. N’imaginez pas que PIG DESTROYER ait perdu de son mordant puisque ce n’est absolument pas le cas. La bande à Scott Hull conserve une belle avance sur la plèbe grind US même si elle semble avoir ici cédé du terrain. Il faut sans doute voir dans ce « Phantom Limb » la volonté d’un groupe qui n’a pas voulu enregistrer un « Terrifyer 2 » et préféré se concentrer sur une approche moins dépressive mais toujours extrême.
Certes, on restera songeur sur l’intérêt des persistantes cigales du ghost track qui conclut ce disque mais on se consolera sur la force frappe et les hurlements indemnes du sieur Hayes.

Un peu décevant sans doute mais néanmoins jouissif. Après tout, peut-être en attendions-nous trop ?


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 11485