Phasme : n.m. (gr. Phasma, apparition). Insecte sans ailes dont le corps allongé ressemble aux brindilles ou aux branches sur lesquelles il vit. (dixit Le Petit Larousse).
Phazm : Groupe de black n’roll français dont les influences vont de Satyricon/Darkthrone à Motorhead. A la différence du mimétisme inhérent à la bestiole, le groupe sus-nommé ne cultive pas la ressemblance et préfère tracer son propre chemin. Je pensais de prime abord avoir affaire à un groupe dans la lignée d’Impaled Nazarene, eh bien pas du tout.
Formé dans les marais nauséabonds nancéens en 2003 par Pierhyck (guitare/chant) et Pathryck (guitare), rejoints par Dyrhk (batterie) et Mahx (basse), le quatuor s’est enfermé au pays des sirènes chez Jacob Hansen en decembre 2003 pour enregistrer neuf titres dont une reprise de Motorhead, « Dogs ». Inutile donc de préciser que le gros son est au rendez-vous, on est à des années-lumières du raw black ; un son old-school revisité, gras juste comme il faut et très clair, en résumé. La copulation des hommes-arbres et de la sirène danoise a donné naissance à un monstre mi-terreux mi-aquatique, une créature hybride faite de gros riffs, d’ambiances lourdes et de groove, le tout mâtiné de Jack Daniel’s et de houblon.
Dès le premier titre, on sait à quoi s’attendre avec cet album. Il est à lui seul un résumé de « Hate at First Seed » : passages puissants, quelques parties blastées, des arpèges saturés qui finissent les riffs et donnent une ambiance tendue, un groove incessant, et une voix qui s’avèrera l’un des gros points forts de l’album. En effet, Pierhyck sait moduler sa voix de façon étonnante, tout en restant agressif. Un Lemmy en plus jeune, voire un Zakk Wylde, pour se faire une petite idée… Le deuxième titre « What a Wonderful Death » est un pur joyaux de rock n’roll à la Dr Feelgood / Stiff Litte Fingers en plus metal, un groove ternaire typique et un solo avec bottleneck, impérial. Et ça continue ainsi sur tout l’album, l’ennui ne pointe jamais son nez, ça alterne les titres longs et posés avec des titres plus nerveux (le darkthronesque « Forest Recipe »), on retrouve quelques belles mélodies à deux guitares, et ça joue grave… J’ai particulièrement apprécié le fait qu’il n’y aie que peu de solos, passage habituellement obligé pour un disque de rock. Les arbres putrides se la jouent sobre et c’est parfait comme ça. Globalement les titres sont plus mid-tempo voire lents que rapides.
Toutefois, deux ou trois petites choses m’ont un peu gêné : quelques titres auraient gagnés à être plus courts, il auraient été à mon sens plus efficaces (« Devoured Tenderness » et « Fleshback » principalement), et l’artwork directement inspiré des films de série Z des années 50, qui est plutôt laid. Rien de bien méchant en somme. Au vu des qualités affichées par cette galette par ailleurs, ces broutilles ne gâchent vraiment pas notre écoute.
Un disque qui ne se prend pas au sérieux mais qui est sérieusement fait, à l’instar de l’excellent clip du titre « Loneliness », bien rock n’roll (du sexe, de la boue, du sang au programme). Du plaisir à l’état brut, ni plus ni moins !


Rédigé par : Ocean? | 16/20 | Nb de lectures : 11046