J'avais raté la première ponte de Phazm, "Hate at first Seed" en 2004. Il n'est jamais trop tard pour se refaire et c'est directement avec leur second opus pour Osmose que je découvre le projet parallèle des death/thrasheurs de Scarve Pierrick et Patrick. Pour cause de surbookage, Dirk a quitté le vivarium en tout début d'année pour être remplacé par Cédric de Solekahn. Tout ce petit monde a pris le chemin des studios en mars. Au programme, moiteur et chaleur, tout ce qu'il faut pour une bonne éclosion d'une nouvelle portée des insectes...

Et je suis fort content d'avoir connu Phazm directement avec ce second opus. Si le mélange black/death/roll du premier album est séduisant, il n'atteint pas le groove imparable de cette nouvelle fournée. Les insectes ont muté et leur nouvelle génération va avoir un sérieux impact sur l'environnement. Ces sales bêtes s'attaquent directement à nos oreilles, y creusant un tunnel jusqu'au cortex où leurs lourdes mélodies se nichent. Moins rapide, moins violent que la première livraison, "Antebellum Death'n roll" assume totalement son titre. Les compos sont insidieuses, vicieuses, truffées de riffs désarticulés. Tout ça est emballé dans un esprit rock jouissif, dont l'énergie brute saute à la gueule. L'harmonica me renvoie directement à "Wolverine Blues" de Entombed, les leads "bottleneckés" me rappellent les Hollandais de Gorefest. Phazm fait clairement penser à cette scène death'n roll, pour laquelle je ne vous cache pas ma sympathie, avec un côté sudiste bien trouvé. Certes, on y perd en agressivité mais on y gagne très largement en musique. Headbangs garantis.

Au résultat, Phazm se fait largement plaisir tout au long des douze titres, sans aucune contrainte. La surprise est souvent là, notamment dans les interludes. On croirait "Sabbath" écrit par un groupe alternatif comme les Nonnes Troppo. "Lorelindorenan" nous téléporte sur une route du Mississipi, longeant un champ de coton, près d'une cabane où un vieux black nous attend guitare à la main. "Damballah" est même carrément un morceau ambiant totalement anachronique, offrant une pause percussive toute tranquille avant la seconde partie de l'album. Le riff principal de "My Darkest Desire" me fait penser à du Noir Désir au meilleur de sa forme. Et l'album se termmine avec un pachydermique "Burarum", histoire de nous rappeler que le doom fait aussi partie de l'univers des Nancéens. Mais globalement, ceux qui ont écouté l'extrait "Mr Toodling" dernièrement savent à quoi s'attendre. Du mélodique bien lourd qui tache le pantalon, de la sueur ruisselant dans une salopette de mécano toute dégueulasse. Raah lovely.

Les œufs ont éclos dans le panier du Midnight Studio (Arkhon Infaustus, Drowning, Gronibard). Ah oui, ça le fait moins sur le papier que d'aller enregistrer au Danemark, chez Hansen (Greten était pas là. Note au patron qui corrige en douce: Je sais que c'est Gretel mais c'est pour le gag). Mais le résultat sonore est tout aussi excellent. L'album vibre de partout, gorgé de basses et avec des guitares ronflant massivement de plaisir. Il ne reste plus à Pierrick qu'à poser une voix éraillée ou grondante sur une partition impeccable.

Disposant d'un promo cartonné tout bête, je ne peux vous parler de l'artwork. La pochette fait déjà sourire, présentant une orgie de squelettes dans le plus pur style des comics américains. D'après les annonces, l'ensemble du livret est du même tonneau, ce qui est plutôt marrant. Une édition dual-disc devrait également voir le jour. La face B sera un DVD couvrant le concert donné le 14 juillet à l'Envers de Nancy (ils ont fait le bal des pompiers?). J'attends vos retours dans les commentaires sur cette partie dont je ne dispose pas.

Phazm, loin d'être l'insecte immobile qui se complaît dans le mimétisme, prend le risque artistique de faire ce qui lui plaît et de s'affranchir du credo du moment. Alors ok, la scène death'n roll n'a jamais connu un succès monstrueux au fil des années, faute d'un nombre d'amateurs suffisant. Mais on s'en cogne. On sent vraiment un plaisir non dissimulé dans cet album, des zicos heureux de balourder des compos entraînantes. Un album qui gwoove gwave, quoi. Et ça doit péter encore plus en concerts!

Il ne reste plus aux Phazm qu'à mettre leur site oueb et leur myspace à jour... :p

Sortie officielle le 24 septembre


Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 17801