Alors d’avance, désolé pour tous ceux qui détestent ce genre de mini-cours magistral ou qui ont l’impression que je rabâche toujours les mêmes conneries mais une fois de plus, je me permets de vous rappeler les différences entre death progressif et techno-death. Selon moi, si le premier s’inspire donc du rock progressif et éclate ses structures façon puzzle pour mieux emmener dans tous les sens (mélodiques et autres) l’auditeur, le second est somme toute beaucoup plus respectueux d’un canevas qu’il préfère au final exploser de l’intérieur plutôt que de l’étirer tous azimuts. Et toc toc badaboom, le hasard fait (ahem) que notre client du jour PESTIFER est en un parfait exemple de ce second cas de figure…

Formé par trois ex-membres d’INNERFIRE (dont le premier EP en 2004 dans un créneau death-metal sombre m’avait laissé un plutôt bon souvenir), ces Belges adorent peut-être les ruptures de rythmes et les parties de basse fretless en liberté totale mais heureusement pour nous, ils adorent encore plus le death-metal. Donc plutôt que de tenter de retranscrire un théorème du treizième degré en musique et de saturer le tout de notes à la NECROPHAGIST par exemple, ils ont décidé de se baser sur quelque chose de plus commun et de s’amuser avec, mais juste un peu. Très influencés par ATHEIST période ‘Unquestionable Presence’ et PESTILENCE mais aussi, il faut avouer, quelque peu plombés par une production manquant de clarté (sûrement un manque de moyen, le tout ayant été d’abord sorti en auto-production), ils restent donc avant tout un groupe de death, ce qui est d’ailleurs souligné par leur chanteur au grognement hélas des plus communs, assurément le maillon faible d’une sinon solide bande de musiciens. Mention spéciale aux frères Gustin (heureusement, aucun ne se prénomme Didier !) à la section rythmique et notamment le petit Adrien à la basse fretless qui, tradition techno-death oblige, est largement audible dans le mix, et c’est tant mieux.

D’ailleurs avec ses accents Schuldineriens et ses blasts survoltés par-dessus lesquels sautille donc parfois une basse ébouriffante, PESTIFER fait preuve d’une connaissance et d’une maîtrise vraiment étonnante pour un premier album qui rappelle peut-être aux plus vieux d’entre vous l’unique album d’ADMORTEM par exemple. Mais encombré à la fois par un frontman ne jouant clairement pas dans la même division et une orientation strictement old-school qui les pousse à rester les pieds sur terre, ‘Age Of Disgrace’ peine au final à transformer l’essai sur la durée et à mieux s’affirmer.

PESTIFER est le genre d’excellent élève très appliqué mais encore trop timide donc, qui préfère bachoter tranquillement au fond de la classe et y récolter silencieusement des bonnes notes plutôt qu’une grande gueule osant aller au tableau et en foutre plein la vue aux autres. Élève PESTIFER, vous êtes destiné à de grandes choses alors un peu d’audace nom de Zeus !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 13191