Je vais commencer cette chronique par une bonne et une mauvaise nouvelle. Et une fois n’est pas coutume, je vais vous donner la bonne en premier. En effet, c’est une bonne nouvelle de pouvoir parler de Pest (le Suédois) dans VS, et ce grâce à sa signature sur Season of Mist (enfin, Underground Activist, leur sous-label pour les groupes black/death underground). La mauvaise nouvelle, c’est que c’est au mauvais moment qu’on en parle, avec la sortie d’un album plus que moyen. Bon, là, normalement, je viens de perdre une grosse partie de mon lectorat. Pour ceux qui sont restés, je vous propose un petit retour en arrière.

Pest a débuté sa carrière en 1997, formé par le duo Necro et Equimanthorn. "Rest in Morbid Darkness" (RIMD pour aller plus vite) est le troisième album du combo. En 2003, sortait "Desecration", premier album du groupe, et surtout première sortie sur un label établi et suffisamment grand pour propager le groupe. Cet album, excellent, évoluait dans un true black metal agressif et sans compromis, ravageant tout sur son passage. Suivait "Dauðafærð", un excellent EP composé d’un morceau assez long, sortie à part dans la discographie du groupe, et dont la musique est plus lancinante, rampante, étouffante, mais toujours de grande qualité. En 2005, "In Total Contempt" sort. Et là, c’est le drame. Toutes les qualités aperçues avec "Desecration" et "Dauðafærð" sont absentes, et ne reste qu’un true black metal bien palot, sans saveur, sans ambition. Pourtant, tout optimiste et plein d’espoir que je suis, j’y croyais encore. Et c’est là que tombe dans ma besace RIMD, que je n’attendais plus.

Passons sur la couverture, assez moche (mais on s’en cogne, non ?) pour attaquer le contenu. Dès le premier morceau, on se dit que quelque chose cloche. Et ce quelque chose durera presque pendant tout l’album. Pest a décidé de faire un retour aux sources du black metal, au moment où le BM était cru, malsain, thrashy, voire même rock’n'roll. Le problème est qu’aujourd’hui, la mayonnaise ne prend pas et que le résultat final sent le réchauffé, tout bancal et maladroit qu’il est. Les morceaux sont très saccadés, ce qui au bout du compte énerve plus qu’autre chose. En écoute attentive au casque, RIMD énerve, ennuie, au point qu’on a envie de zapper certains morceaux. Pourtant, certaines idées sont plutôt bonnes, comme le lead de guitare sur "Blessed By Hellfire", ou bien "Vomit up the Blood of Jesus" qui est un bon morceau pesant et malsain, mais les bonnes idées ne sont pas assez bonnes pour compenser la médiocrité de l’ensemble. Le dernier morceau de l’album, le très long "The Lust for Cruelty", est, une fois n’est pas coutume sur RIDM, excellent. Il s’agit là d’un long morceau, un peu comme sur "Dauðafærð", sur lequel le duo met l’auditeur mal à l’aise avec un black metal spongieux, rampant, entraînant dans les abysses sombres et inquiétantes.

Au final, Pest continue de décevoir, continuant son retour en arrière, pour un black très raw. Malheureusement, dans ce cas, retour en arrière rime avec régression musicale, au point où on vient à se demander si ce n’est pas un groupe débutant qu’on écoute. Et là où un jeune loup aurait été pardonné, Pest a trop de bouteille pour passer entre les mailles du filet, et l’adition se fait trop salée pour que je le laisse s’en sortir comme ça. Et je ne saurais que vous conseiller, si vous tentez l’aventure de l’écoute de cet album, de passer RIDM sur votre chaîne plutôt qu’au casque, l’écoute n’en sera que moins frustrante (on est effectivement moins concentré comparé au casque). La note reflète donc cette frustration, celle d’un groupe prometteur qui a tout gâché en voulant se la jouer plus méchant que méchant. Dommage.




Rédigé par : Kryde | 08/20 | Nb de lectures : 11420