1971. Depuis 1971 Pentagram (ZE Pentagram, l’Américain) écume l’underground metallique. Et en quarante ans, la bande à Bobby Liebling n’a sorti que 6 albums. Pas forcément très productifs les pépères, mais comme il s’agit de doom, ce n’est pas si choquant. Le groupe est d’ailleurs culte pour beaucoup de fans, qui vouent un culte quasi mystique à cette bande de hippies qui n’ont pas changé depuis leurs débuts (mis à part quelques rides ou cheveux blancs). Il faut dire que pour les amateurs de classic doom à la Black Sabbath ou Witchfinder General, Pentagram ou Day of Reckoning sont de vraies pépites. Difficile d’ailleurs de reprocher grand-chose au groupe, qui est un modèle de ténacité. 40 ans à écumer l’underground en ne connaissant qu’un succès d’estime (groupe culte je vous disais), ça force le respect. Et encore plus quand on voit que leur première date en France, à Paris en 2009, où un Glaz’art était loin d’être rempli.

2010 semble être enfin une bonne année pour Pentagram. En effet, Victor Griffin (Place of Skulls), le guitariste historique du groupe, revient dans les rangs, et le quatuor signe pour 3 albums sur la machine de guerre promotionnelle qu’est Metal Blade. Enfin le succès ? L’avenir nous le dira. Toujours est-il que je tiens entre mes mimines moites le septième album des Ricains, et que franchement, j’étais tout excité !! Le digipack est plutôt bien réussi, l’artwork classe, tout à fait dans l’esprit Pentagram. L’intérieur du livret est dans la même veine que l’artwork, sombre et sobre. Reste cette photo de groupe, où on voit sur les mines fatiguées de nos papis doomsters que 40 ans de carrière marquent, mention spéciale à Bobby et sa tête de vieille sorcière possédée.

C’est fébrilement que j’ai lancé ce nouvel album. Le premier morceau, "Treat Me Right" est complètement dans l’esprit Pentagram, à savoir un doom/heavy à l’ancienne, dans la veine des vieilles gloires que sont Black Sabbath, Trouble ou Witchfinder General (oui, je me répète, mais ces groupes sont fantastiques et d’époque). C’est d’ailleurs ce morceau qu’a choisi Metal Blade pour présenter la sortie de ce "Last Rites". Et je ne trouve pas ça très correct, compte-tenu de la suite. Le deuxième morceau surprend, et la suite entretient cette surprise. Le Pentagram cuvée 2011 a changé, et la première chose qui marque est le chant de Bobby. Il fait de gros efforts pour chanter, à la limite du crooner par moments. Fini le timbre nasillard caractéristique des vieux albums, son timbre est devenu bien plus mûr, plus grave. Il y a également moins de réverb dans le mix pour la voix. Niveau composition, les morceaux sont plus rock, voire même par moments à la limite de la country (version rock, hein, on parle pas de banjo ici) comme sur "Windmills and Chimes". Si le ton de guitare, particulièrement gras et grave, apporte un feeling metal indéniable, l’organisation des morceaux et l’esprit de cet album est clairement ancré dans le rock, beaucoup plus qu’auparavant. Il n’en reste pas moins d’excellent morceaux, qui font se dodeliner la tête. Un "Nothing Left" ou un "American Dream" sont imparables. Avec un son gras et bien équilibré, bien heavy, cette galette passe vraiment bien.

On peut néanmoins reprocher un côté heavy/doom moins présent, moins franc. Le Pentagram nouveau assume complètement son côté rock tout au long de ces 11 nouveaux morceaux. Pendant 45 minutes, les quatre Ricains s’évertuent à démontrer qu’ils n’ont plus rien à prouver, et qu’ils se font plaisir. A mille lieues des différentes modes musicales actuelles, Pentagram fait ce qu’il sait faire, à savoir du rock amplifié, du doom accéléré, du heavy ralenti, en tout cas, il n’en fait qu’à sa tête. Et c’est ce qui m’a plu dans ce disque. Tout n’est pas parfait, loin de là. Certains morceaux sont moins convaincants que d’autres ("Into the Ground" par exemple, est un peu trop facile), mais Pentagram n’a jamais été un groupe parfait. Et c’est justement ce qui fait son charme. Cet aspect désuet, ce côté vintage, ancien qui lui donne un côté papi-gâteau. Pentagram, c’est un peu le pépé qui te fait goûter son whisky, qui te laisse manger des bonbons avant le déjeuner, qui t’apprend à tailler des bouts de bois à l’opinel. Qui t’explique qu’il ne faut jamais toucher à la cocaïne, mais se contenter du speed (ah non, je confonds là).

Bref, pour résumer, plus on écoute ce septième album des vétérans Pentagram, plus les morceaux se gravent dans l’esprit. Et passé la surprise, cette nouvelle offrande est plus que convaincante, et s’inscrit parfaitement dans la lignée des précédents. Pentagram fait ce qu’il veut et ce qui lui plaît, et tant mieux. Espérons juste que le nom de l’album ne soit pas prémonitoire, car la bande à Liebling semble avoir encore de belles choses à proposer, malgré 40 ans de carrière. Et personnellement, je dis tant mieux !!


Rédigé par : Skay | 16/20 | Nb de lectures : 15351