PAVLOV’S DOG - Echo & Boo (Rockville/Underclass) - 21/07/2011 @ 07h56
Groupe de rock prog « culte » des seventies, Pavlov’s Dog connut une carrière brève et atypique qui l’a tout naturellement conduit à longtemps demeurer dans les abysses de l’oubli. Et pourtant tout avait bien commencé, trop bien sans doute !

Un an avant lors de la sortie de leur premier album – "Pampered Menial" en 1975* - le groupe fondé en 1972 et originaire de St Louis dans le Missouri signe un contrat de 650 000 dollars avec le label ABC, faisant de lui à l’époque le groupe le mieux payé des Etats-Unis. Pour une formation de rock prog, c’est une aubaine qui ne se produit que rarement au pays de l’Oncle Sam. (Certes, on est encore loin des contrats mirifiques que signe Pink Floyd et dans une moindre mesure Yes ou Genesis en Europe). Moins de 3 ans plus tard, il est viré manu militari par le label.

Ce revirement de la maison de disque aussi soudain que brutal et à l’entame d’une carrière qui s’annonçait prometteuse va conditionner en partie le parcours chaotique qui suivra. En fait, cette formation ne parviendra jamais à se faire une place au soleil sur la scène progressive.

Les raisons de cet échec sont multiples mais l’essentiel tient en 2 mots : ego surdimensionné !
En effet, l’histoire du chien de Pavlov est parsemée de désaccords artistiques permanents sur fond d’engueulades, de séparations, de réconciliations temporaires, de ruptures définitives et autres avatars du même type. Le nombre de musiciens qui arrivent et quittent le groupe sur un court laps de temps est si élevé qu’il est difficile de suivre.

Néanmoins, les membres fondateurs et ceux ayant le plus largement contribué à cette gloire éphémère sont David Surkamp – guitare et chant (de 1972 à aujourd’hui) - Steve Scorfina – guitare solo (1972–1977) - Mike Safron - batterie (entre 1972 et 1975, puis à nouveau présent en 2005) - Rick Stockton - Basse guitare (1972–1977) - David Hamilton - claviers (1972–1977) - Doug Rayburn - Mellotron et flûte (1972 à aujourd’hui) - Richard Nadler (alias Siegfried Carver ***) – Vitar** et divers instruments à cordes (1972–1974) - Kirk Sarkisian - batterie (1974–1977) - Mark Gahr - Lead guitare (1972). Quelques artistes de renom viendront également prêter main forte comme Bill Bruford génial batteur de - excusez du peu - Yes – UK – King Crimson - Genesis ou Murray Krugman, l’un des mentors et producteurs du Blue Oyster Cult ou encore Andy McKay de Roxy Music.

Vous me direz, rien de nouveau sous le soleil. C’est le pain quotidien de nombreuses formations. Sauf que pour le groupe américain, après des débuts en fanfare, cela va se traduire par une pénible et interminable période d’instabilité qui finira par avoir raison de la patience des labels et des fans.

La courte carrière des Américains va donc être ponctuée de seulement 3 albums studio sortis entre 1974 et 1977 et avec un line-up « original et changeant »: "Pampered Menial" (1974) - "At the Sound of the Bell" (1975) - "Third" (1977). Puis le groupe explosera en plein vol bien avant que n’arrive la décennie suivante. En 1990, une reformation partielle aura lieu autour de Surkamp et Rayburn avec la contribution de Steve Scorfina et aboutira à la sortie de "Lost In America" sur le label Telectro Records (TRC). Pour de sombres raisons de bootleg sorti illégalement par TRC, il sera réédité en sortie mondiale chez Rockville Music.

En juin 2004, un concert de réunion avec le line-up originel excepté Carver sera donné à St Louis. Une version « allégée » du groupe fera même une tournée européenne. Ainsi, en 2006, Pavlov’s Dog jouera devant un parterre de 54 000 personnes à l’Arrow Rock Festival aux Pays Bas.

En 2007, ce même label a publié l’album solo de David Surkamp, "Dancing on the Edge of a Teacup". Enfin, en 2010 le groupe est reparti en tournée (immortalisé par un album live) puis a sorti ce nouvel album nommé "Echo & Boo" qui fait l’objet de cette kro. Souhaitons que l’histoire de Pavlov’s Dog ne s’écrive plus à la rubrique « potins mondains… »

Si, avec le recul, la musique de Pavlov’s Dog est cataloguée progressive, la caractéristique principale n’a au début rien à voir avec celles des géants européens du genre. Plus directe et carrée que ses homologues, elle n’en possède pas moins une structure assez alambiquée pour la rapprocher de formations de hard rock progressif dont Rush pourrait être la référence majeure.
Et un peu aussi à cause de la voix de son chanteur David Surkamp dont le timbre rappelait celui (assez énervant) de Geddy Lee. L’emploi d’instruments typiquement prog comme le violon, le mellotron et la flûte ne sont pas non plus pour rien dans l’identification progressive. Et ce même si le titre le plus emblématique de la carrière des Américains reste « Julia », une ballade sentimentale sur fond de piano bucolique, qui a grandement contribué à leur renommée.

D’ailleurs c’est avec une bleuette construite sur le format de "Julia" que s’ouvre "Echo & Boo". Cependant, malgré une ritournelle sympathique, "Angeline" ne possède pas le pouvoir enchanteur de sa devancière. Mais le timbre de voix de Surkamp est resté le même (insurportable !!) et le violon - maintenant entre les mains d’Abbie Steiling – est lui aussi inchangé.

Et malgré la désertion de Scorfina, le groupe semble vouloir mettre le paquet avec "Angels Twilight Jump" ou "We All Die Alone". Mais quelques titres dispensables comme "Subway Sue Calling Out For Mine" ou "We Walk Alone Forever" gâchent un peu la fête de retrouvailles.

Heureusement donc "We All Die Alone" renverse un peu la tendance médiocre et renoue avec les grandes heures du groupe. Les accords de guitare hispanique, la douce mélopée du violon et l’ambiance mélancolique qui en découle en font un titre phare et significatif de la grande époque.

Impression mitigée néanmoins. Le propos majoritairement folk pop est plutôt décevant quand on connaît le formidable esprit créateur de Surkamp, on ne peut que regretter cette époque révolue. Ceux qui espéraient le grand retour du « chien fou » en seront pour leurs frais. A la décharge du groupe, on rappellera qu’il est difficile de retrouver 3 décennies après la séparation, la fougue et l’enthousiasme de ses débuts. Triste mais ça s’appelle tout bonnement la vieillesse …



• *"Pampered Menial" a eu une drôle d’histoire : sorti un première en 1974 chez ABC Records et suite à un différend assez incompréhensible entre 2 de ses membres (Safon et Powel), il est rapidement « repris » par Columbia pour une seconde vie en 1975. Les 2 versions ont un temps cohabité dans les bacs ce qui a eu pour effet de particulièrement perturber les fans qui ont cru à un nouvel album du groupe…
• ** le Vitar ou Vi-Tar est un instrument hybride apparu au début des années 70 se situant entre le violon et la guitare et bourrée d’électronique d’époque et dont vous pouvez aisément imaginer la sonorité recherchée…
• *** Richard Nadler dont le nom de scène était Sigfried Carver est décédé le 30 mai 2009 à l’âge de 60 ans.


Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 13903




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