Si ce n'est avec le projet Architects of Chaoz, qui à l'heure actuelle enregistre un premier album, le père Di'Anno s'est surtout contenté ces dernières années de tournées qui l'ont notamment vu passer une bonne quinzaine de fois en France. Délivrant des sets toujours composés d'au moins 70% de titres de l'ère Maiden, voire parfois uniquement dédiés à son ex-cultissime groupe, Paul continue de diviser les amoureux de heavy metal, certains considérant qu'il ne fait que cachetonner avec des capacités physiques et vocales très limitées tandis que d'autres estiment qu'il est toujours 'la Bête', apte à vous faire plus ou moins revivre les débuts glorieux d'Iron Maiden.

« The Beast Arises » est un bon moyen pour se forger une opinion sur l'état actuel de Paul si on ne l'a pas vu en live récemment ; ce DVD contient en effet le concert qu'il a donné avec des musiciens polonais au Lizard King Club de Cracovie, le 09 avril 2014 devant 250-300 personnes. Il faut d'ailleurs noter que le précédent DVD de Paul Di'Anno était paru en 2003 via le même label et comprenait entre autres un set filmé en... Pologne. Autant dire que Paul joue presque à domicile devant un public bien acquis à sa cause et a concocté en plus une set-list où la mention « Iron Maiden cover » y est peu notifiée.

Enfin non sur ce point là faut pas trop déconner, « The Beast Arises » comprend en réalité pas moins de 13 reprises de Maiden sur un total de 17 titres joués ainsi qu'une cover des Ramones, 2 titres de Killers et 1 de Battlezone. Sa durée est plutôt correcte et avoisine les 85 minutes ; après une assez longue introduction le temps que les musiciens se calent, le set est lancé sur rien de moins que « Sanctuary » ; l'interprétation musicale est très fidèle, vocalement Paul y est plus ou moins, on sent que sa voix a morflé sur les intonations les plus poussées et hargneuses. Il commence vite à montrer de grosses lacunes, et ce dès « Purgatory » en 2ème position sur la set-list. Arrivé à « Marshall Lockjaw » (5ème titre de la soirée), on a cerné les limites de Paul, complètement à la rue. Les mauvaises langues n'hésiteraient pas à dire qu'il chante comme une chèvre et il faut bien avouer que sur certains passages, sans les images, on peut s'imaginer un herbivore sous stéroïdes. Autant en début de set ça tient à peu près mais au fur et à mesure son timbre se dégrade et fait de gros dégâts au moment de « Killers » et autre « Phantom of the Opera » ; sa voix de castafiore est risible quand il n'adopte pas des envolées vocales poussives, assez attristantes et sans coffre.

Pour revenir quelques lignes sur le DVD, le tout est filmé à l'aide de 6-7 caméras dont une grue qui délivre à un rythme lent, des plans larges nécessaires pour les vues d'ensemble au demeurant plaisantes. Cependant certains des gros plans ont davantage la bougeotte et les mouvements de caméras en question donnent parfois l'impression que le cameraman ne maîtrise pas trop son sujet... l'enchaînement des images est lui en revanche dynamique et varié permettant d'avoir en quelques secondes des projections de toutes les 'composantes' de la scène.

Autrement, j'apprécie d'avoir affaire à un DVD qui n'use pas d'overdubs, où le public serait étrangement très audible et Paul en état de grâce vocal. Pour autant les fans en veulent et sans parler d'une communion, l'interaction avec l'audience est bonne et les premiers rangs souvent mobiles. Il n y a pas grand chose à (re)dire sur les musiciens accompagnant Paul, bien sûr ce ne sont ni Clive Burr (Rip), ni Steve Harris ou Dave Murray, mais chaque note est jouée avec précision et application, pour un cover band, ils font le job avec pas mal de sourires. Et je note un mix parfaitement équilibré entre chaque instrument, ce serait un crime de ne pas entendre la basse dans des interprétations de la Vierge de Fer.

Honnêtement « The Beast Arives » n'est pas un live que je pourrais me passer toutes les 2 semaines, en grande partie parce que Paul est en grande souffrance et le résultat n'est pas franchement agréable à écouter et regarder. S'il semble dégager une facette humble et aborde souvent un large sourire, Di'Anno m'inspire surtout la pitié ; j'ai du respect pour sa carrière (et pas seulement au sein d'Iron Maiden) mais si je veux du Maiden avec Paul au chant -et en forme-, je me remets direct le « Live at the Rainbow » ; alors oui il y a près de 35 ans entre les 2 sorties mais que voulez-vous, tout le monde ne vieillit pas sans stigmates, parfois importants.




Rédigé par : gardian666 | The Beast a mal.../ | Nb de lectures : 11002