Petite question à 0,3 euro avant de commencer : comment faire tenir 91 minutes de musique sur un cd de 80 minutes ? Le vétéran italien Paul Chain a trouvé la solution magique qui relègue dorénavant l'overburning au rang des pratiques obsolètes. Il met tout simplement deux morceaux sur la même piste. En vous plaçant sur la piste 11, vous aurez la primeur de deux morceaux au format mono en simultanés, balance à gauche et vous entendrez "Logical slow evolution", balance à droite et vous aurez "...in time". C'est franchement original mais ça ne m'étonne pas vraiment de Paul Chain. Déjà quand il avait fondé Death SS en 1977 avec Steve Sylvester, il s'était fait l'artisan d'une musique décalée, mélangeant rock et theatralité, qui a inspiré pas mal de groupes modernes comme Lacrimosa, Saviour Machine ou bien Umbra et Imago. Death SS a disparu en 1984 et depuis cette époque là, Paul Chain nous a abreuvé de ses expérimentations souvent biscornues, parfois bruitistes mais toujours dérangeantes.
Ce "Park of reason" n'est pas vraiment une nouvelle orientation pour le bon vieux Paul (41 ans quand même...). Ce disque consiste en un mélange de doom, d'ambient, de rock halluciné des 70's et de quelques touches electro. Sa voix, qui oscille entre un Ozzy Osbourne aux sinus bouchés et un Phil Collins se faisant sodomiser par un hippopotame, survole des titres d'une lenteur souvent apocalyptique ("let the end begin", "solitude man", "ascension of any pound") et d'une durée démesurée - la pitoyable transition "Wings of decadence" frôle les 12 minutes -. Soyons en tout cas clair : si ce disque comporte quelques bonnes choses, il pâtit véritablement d'une overdose de remplissage. En coupant net toutes les parties inutiles on doit péniblement arriver à une vingtaine de minute de véritable intérêt musical. Tout le reste n'est que bruit peu inspiré, délire dopé aux substances psychotropes et pesanteur monolithique largement révolue (ceux qui se souviennent du groupe Winter seront en tout cas ravis du rythme d'escargot de certains titres).
Il est certain que les adorateurs de Paul Chain seront ravis car on ne peut pas nier que le bonhomme ne fait rien pour rendre sa musique commerciale ou mainstream et qu'il fait preuve d'une honnêteté sans faille. Son délire dure depuis plus de trois décennies et il est évident que rien ne l'arrêtera. Mais pour l'auditeur lambda, ce disque ne soulevera que baillements et désintérêt. Le rital clame haut et fort qu'il déteste le business. Il a bien raison, ce n'est pas avec "Park of reason" que la réconciliation aura lieu. Lui mettre une bonne note aurait de toute façon été faire offense à ses convictions...


Rédigé par : Loufi | 07/20 | Nb de lectures : 7321