S'attaquer à la kro d'un album de notre virtuose de la six corde national, j'ai nommé Patrick RONDAT (aussi dans ELEGY et CONSORTIUM PROJECT, a bossé avec Jean Michel Jarre...), est toujours quelque chose de difficile, car cela fait partie des albums où il faut écouter avec son coeur. En effet, Patrick est un vrai poête qui au fil des années a délaissé la démonstration en forme de branlette de manche pour celle moins flashy de la branlette de cerveau, et chacune de ses lignes sont pensées et travaillées pour faire ressortir une émotion. Là où il y réussi le mieux c'est sans aucun doute dans les passages plus calmes, où chaque note vient nous raconter son histoire, et nous emmener dans un univers onirique des plus accueillant (C´est marrant mais plus d´une fois aurais-je penser à DIRE STRAIT en écoutant cet album). On y retrouvera sans problème les sonorités auxquelles nous sommes habituées depuis ses débuts, et surtout l'album qui pour moi est son chef d'oeuvre absolu, le merveilleux "Rape of the Earth".
Mis à part le dernier titre, une adaptation d'un solo pour violon de la "Partita N°1" de Bach, uniquement à la guitare, sans accompagnement donc, et avec un son plus cru, les 10 autres titres sont autant d´instrumentaux, dans la grande tradition de ce genre de musique. La guitare est reine, mais est secondée par une grosse base rythmique (Dirk Bruinenberg à la batterie et Patrice Guers à la basse, Patrick assurant aussi les claviers), et cela permet à notre homme de s'exprimer librement (et je vous invite à regarder attentivement la plage video qui propose le making-off de l´album pour vous rendre compte de la maestria de ces messieurs, et combien des choses qui sonnent tout simple sont difficiles à jouer).
Les morceaux, dont l'écriture a commencé dès 2001, avec le titre "Thétys" - qui aurait pu être le titre de l'album - laisse entendre la grande maturité de notre homme, car ici on sent la fluidité extrême de son jeu, mais qu'il veut tout en retenue, utilisant d'autres techniques de virtuoses que des descentes interminables à fond la caisse (par exemple les glissés prennent ici toute leur ampleur). Alors oui, les accrocs aux cavalcades effrénées en seront un peu pour leurs frais, car il y en a moins que d´habitude (m'enfin y en a encore plein, faut pas déconner non plus!!! Il a pas tourné Bisounours notre Patrick!!!), mais aussi oui, les fans de Guitar Heroes, à l'heure où la mode est enterrée, peuvent se jeter sur cette oeuvre intimiste et brulante de ferveur, car elle est vraiment captivante.
On pourra aussi lui reprocher quelques errances dans ce disque: Un peu trop progressif dans l´âme, avec de nombreux changements d´ambiances et de riffs, on en oublie un peu le côté rentre dedans auquel on peut s´attendre, et enfin le choix du morceau classique, forcément néoclassique, tranche fortement avec le reste de par sa sonorité et son côté purement technique, et il aurait pu ne pas figurer sur l´album.


Rédigé par : BozKiller | 14/20 | Nb de lectures : 8764