Parfois, on se demande à quoi on sert, nous autres kronikeurs. Non pas que je tienne en trop haute estime l’humble tâche qui nous est dévolue. Après tout, elle est bénévole, totalement désintéressée, n’a d’autre modeste ambition que de vous renseigner du mieux possible et de vous faire dépenser sagement vos précieux euros. Je n’oserais même pas comparer ma plume à la fine fleur de la presse papier. Grands Dieux non ! Ces gens-là sont intouchables… Mais on aimerait bien de temps à autre que les labels jettent un œil sur nos humbles bafouilles et prennent en considération les quelques remarques que l’on fait à longueur d’année sur les formations qui se dépatouillent tant bien que mal sans l’aide de personne pour offrir du travail de qualité. Surtout si elles sont françaises. Certaines valent la peine qu’on les défende plus que d’autres. Suivez mon regard… Un vœu pieux, je vous l’accorde !

Il y a cinq ans déjà sortait le premier album autoproduit de ces Bordelais et après m’être enthousiasmé pour leur musique, je souhaitais vivement qu’un label leur tende la main. Je n’étais d’ailleurs pas le seul à désirer voir l’un d’entre eux donner un petit coup de pouce à Parallaxe. Peine perdue ! Comme vous pouvez le constater, leur deuxième album est toujours fait maison. Ce qui ne nuit pas à la qualité de la production qui est énorme pour un objet n’ayant pas bénéficié de gros moyens.

Maintenant, ce n’est pas faire injure au groupe ni condamner d’avance "Soundtracks" que de lui prédire à peu près le même sort que leur premier album. Car quel label se montrera assez couillu pour faire signer une formation qui a choisi le métal prog instrumental pour s’exprimer, de surcroît française ? Je n’en connais pas beaucoup et je m’en désole !

Le problème majeur de ce sous-genre est que pour attirer l’attention, il ne peut éviter de mettre en avant la technique. Ce qui, rapidement montre ses limites et s’avère rédhibitoire. Et oui l’instrumental rebute ! Les exécutants ont donc intérêt à en avoir sous la pédale pour éveiller l’intérêt de l’auditeur n’ayant pas de penchant particulier pour ce type de musique. Sur cet aspect des choses, pas de souci, Parallaxe ne fait pas défaut. Que des pointures aux manettes ! Le LTE français (et oui, il fallait bien les identifier) assure parfaitement. Et notamment la section rythmique. Il y a du génie dans ses compos, de la variété, de la folie même, tout ce qu’un blasé comme moi attend et espère en vain de la part d’autres groupes plus connus.

C’est annoncé dans le nom, Parallaxe a bâti ce deuxième album comme une B.O.F sophistiquée, originale… et musclée ! Une B.O qui aurait eu pour parrain la crème internationale du métal progressif, D.T en tête.
L’originalité provient de l’utilisation d’instruments moins conventionnels comme par exemple l’accordéon sur "Sacramental".

Construite en 4 morceaux dont 2 longues suites, elles-mêmes déclinées en 17 titres au total, elle aborde dans chacune d’elles des thèmes dont le pivot central est l’Image. Ainsi, le premier titre "Freak Circus" s’inspire de souvenirs d’enfance baignée de bandes son de cartoon. Sur le plan musical, on est proche d’un Acid Rain. Les claviers de Mathieu Huck tiennent bonne place. Il est clair que l’on pense immanquablement à Rudess et à sa folie débridée. La guitare d’Alex Andrini ne cherche pas à imiter celle de Petrucci mais involontairement ou non, c’est à lui que l’on pense. "Sacre" et ses longues chevauchées épiques plonge ses racines dans l’Heroic Fantasy.

"Game Ove"r évoque l’univers des jeux vidéo. C’est sans doute le titre le plus intéressant. Explosif, foutraque et déjanté, il est ce que Parallaxe a composé de mieux de ses deux albums. On pense alors fortement à Karmakanic.

La longue suite ("Origine 21.30") qui clôt l’album se veut un hommage aux grands compositeurs de musique de film de S.F. Et c’est un fait, on s’y croirait. Il y a tout ce qu’il faut d’emphase et de démesure dans ces 7 séquences (y compris un orchestre symphonique). Star Trek, Star Wars, E.T., 2001 : l'odyssée de l'espace, Rencontres du troisième type, Batman, Alien, Matrix, etc. Voilà le programme auquel nous convie Parallaxe. Les phases métal prog sont intelligemment imbriquées comme sur l’épique "S.D.O.I.T" de qui vous savez. Avec la même réussite.
Le second album de Parallaxe vient tout simplement donner une claque aux formations qui se croient arrivées, qu’elles soient françaises et originaires de Lorraine (par exemple) ou d’ailleurs. Qu’on se le dise…

Karadok – note 16/20


01. Freak Circus (7.55)
02. Sacre- La Taverne De Sarcoc (19.48)
03. Sacre - Sacramental
04. Sacre - Stynphale
05. Sacre - Sapiential
06. Sacre - 666
07. Sacre - Solstice
08. Sacre - Styx
09. Sacre - Stigmate
10. Game Over (8.32)
11. Origine - Sequence 1 – Intuition (21.30)
12. Origine - Sequence 2 - Evasion
13. Origine - Sequence 3 - Contact
14. Origine - Sequence 4 - Confusion
15. Origine - Sequence 5 - Synergie
16. Origine - Sequence 6 - Oracle
17. Origine - Sequence 7 - Origine


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 10729