Pantheïst est né en Belgique en 2000 sous la forme d’un projet solo de Kostas Panagotiou (chant et claviers), qui a vite intégré le guitariste Nicolas Tambuyzer. Expatrié au Royaume –Uni en 2004, le duo a été rejoint pour l’enregistrement d’« Amartia » par 2 membres du groupe de doom extrême Esoteric, Andy Semmens (batterie et chant) et Marc Boddossian (basse) . « Amartia » est donc le second disque de Pantheist après « O Solitude » (2003) et la demo « 1000 years » (2001).

« Amartia » est un chef-d’oeuvre de doom spirituel (terme qui m’est personnel) plus riche et varié qu’un funeral doom traditionnel mais qui garde adroitement les caractéristiques du funeral à savoir une rythmique lancinante et pesante, un jeu de guitare lourd et résonnant et des thèmes profondément mélancoliques voire funestes.

L’originalité d’« Amartia » repose sur 4 éléments majeurs qui forgent l’identité de Pantheïst :
- l’utilisation d’un chant de basse qui rappelle la liturgie grégorienne (ayant pour effet de sublimer l’ambiance mystique dégagée sur l’œuvre) et prenant toute son ampleur dès le premier titre « Apologeia ». Ce chant est surprenant et même déconcertant mais on s’y habitue très vite tant son intégration à « Amartia » est maîtrisée.
- la présence jubilatoire et bien dosée d’un orgue Hammond sur quasiment tous les titres (écouter « Gluttony » ou encore « Envy » !) au son bourdonnant plus chaleureux et intimiste qu’un orgue d’église.
- les structures travaillées des morceaux qui, bien qu’ils soient très longs (pas de surprise c’est du doom), n’ennuient jamais, grâce à des alternances judicieuses de parties épurées au clavier avec des plans vifs et puissant dans la pure tradition du doom/death.
- « Amartia » est un concept-album qui nous plonge dans les méandres des pensées d’un croyant en quête de réponses existentielles. Ce dernier entreprend de commettre, un à un, les 7 péchés capitaux afin d’affirmer son besoin de fusionner avec le monde et de tester le pouvoir et l’existence de Dieu…chacun des 7 titres (sur les 10 que compte l’album) porte donc le nom d’un péché capital.

Le talent premier du groupe réside en son habilité à communiquer à l’auditeur chaque sentiment évoqué par l’accomplissement d’un péché capital.

Comment rester de marbre en écoutant la chanson « Lust » aux sonorités lascives et marquées par un air oriental à l’orgue, des nappes de clavier et une mélodie au piano délicieuses ? Que penser de « First prayer » et de son « chant parlé » et profond, véritable épisode de recueillement à l’esprit proche de « Turn Loose the Swans » de My Dying Bride… ? Ou encore de « Pride » aux riffs de guitares simples mais dignes, à son chant guttural rocailleux et à son break aux notes de piano mélancoliques ! L’auditeur s’enflammera, à coup sûr, pour le Monumental « Greed » combinant la légèreté des violons « pizz » à la lourdeur des guitares, jeu de batterie énergique aux lignes de basse bien rondes, ou encore pour le terrifiant « Wrath » à la limite du black grâce à sa batterie blastée, ses riffs de guitares viscéraux, son chant vociféré et son clavier qui le hante sournoisement !!

Vous l’aurez compris, « Amartia » (et plus généralement tout album de doom extrême) ne s’écoute pas à la légère en sirotant un coca ou en se tapant une mousse : c’est une expérience éprouvante qui requiert de la patience, du dévouement et un état d’esprit particulier. Vous pourrez difficilement dompter l’album « Amartia »: vous serez apprivoisé, dominé et apaisé par la déferlante d’émotions qu’il suscitera chez vous !

Loin de l’univers chaotique d’Esoteric, du doom morbide de Despond ou encore des compositions plus emphatiques de Shape of Despair, Pantheïst transcende son doom en lui conférant une aura plus spirituelle et plus humble, propice à une introspection personnelle.
« Amartia » permet à Pantheïst de s’affirmer et de poursuivre avec assurance son chemin, qui le mènera au panthéon des grands du doom extrême…


Rédigé par : SkePtikFleSh | 17.5/20 | Nb de lectures : 12654