PALLAS – The Dreams Of Men (Insideout/Wagram) - 07/12/2005 @ 06h53
Nous sommes dans la deuxième moitié des années 80. Le rock prog devenu asmathique, est foutu à la porte manu militari par le punk, une musique plus directe, plus impérieuse et en phase avec son image « no future ». Quand timidement, la vague progressive tente un come back discret par la fenêtre, Pallas est de la partie, bras dessus bras dessous avec Marillion, IQ et Pendragon. On a appelé ça le « néo prog ». En marge de ce trio depuis reconnu et fonctionnarisé, il a toujours fait figure de parent pauvre. Bon, c’est vrai, 13 ans d’hibernation, ça n’aide pas à construire une carrière et à imposer une image durable. Son style moins affirmé que ses compatriotes n’a pas non plus marqué les esprits au delà du raisonnable. Mais, en 99, une résurrection inattendue avec un Beat The Drum prometteur laisse présager l’espoir. Confirmation deux ans plus tard avec le « fameux » The Cross & The Crucible. A partir de cet album, Pallas prend enfin le train du succès. En bons auditeurs attentifs et sourcilleux, nombreux sont ceux curieux de savoir s’il a mérité son ticket. Les Ecossais ont mis de gros moyens et pris leur temps pour la conception de Dreams Of Men; c’est un fait, l’impression générale traduit une grande ambition; il s’agit d’un album dense, fouillé, généreux (73’) dont la production en très net progrès, l’orchestration et les arrangements ont fait l’objet d’un travail long et méticuleux. 4 ans, ça paraît quand même suffisant, non ? Le thème est audacieux, le propos grave et sérieux. Les rêves de certains hommes se révèlent être de vrais cauchemars pour d’autres. On passe en revue le 11 septembre, l’émigration, Tony Blair, le mensonge, (pléonasme ?) la quête de gloire, de richesse et tout autre objectif noble ou inavouable. Et un concept-album, un !Voilà pour la forme. D’abord synonyme de renaissance, le néo prog s’est noyé dans un sous genre souvent ennuyeux, mièvre, répétitif et rarement novateur. A force d’imiter sans trop s’engager, de promettre sans tenir, il finit par lasser et creuse lui-même sa propre tombe. Ceci dit, à force d’être néo, il finira par devenir ringard. (Le voilà habillé pour l’hiver). Certains groupes labellisés comme tel l’ont compris, d’autres pas. Si Pallas est classifié à tort « néo prog », il est heureux qu’il ait opté pour la face la plus sombre du genre. Un choix qui devrait davantage accrocher l’intérêt du fan de métal donc du votre. Je le dis chaque fois que j’en ai l’occasion, mais c’est pour mieux marteler la différence entre les diverses composantes du néo progressif, qui, toutes, n’offrent pas le même degré d’intérêt. Et celle-ci a de loin ma préférence. Les 9 titres de D.O.M sont longs, de 4 à 11’, enfin dans la norme, les atmosphères en adéquation avec cette direction. Grandes orgues de Ronnie Brown, toutes sonorités dehors, avec prédominance du « vox humana », recourt à des instruments classiques, mais aussi des riffs de guitares affûtés, des solos taillés sur mesure. L’excellent Niall Mathewson nous gratifie même de quelques descentes de manches dignes du métal le plus pur. Puissance et finesse. Et je n’oublie pas des chœurs prégnants, un chant plaintif voire poussif, si caractéristique de l’univers de Pallas. Si certains n’apprécient pas la voix d’Alan Reed, bien que constamment au bord de la rupture, je la trouve bouleversante. Le hard prog épique côtoie le folk celtico-gaélique et le symphonisme lyrique et ténébreux. Voilà, Pallas a franchi un nouveau palier. Celui qui le rapproche de l’excellence. Les quelques tâtonnements perceptibles sur certains de ses premiers albums ont fait place à du solide et du lourd. Ce qui permet, dorénavant, de situer le groupe quasiment au niveau d’Arena, certainement la référence en la matière. Au dessus même, sur ce coup là, si on se rappelle Pepper’s Ghost.
Albums similaires conseillés: Arena (Immortal ?/Contagion) – I.Q (Subterranena/Dark Matter) – Forgotten Sun (Snooze). Dicographie sélective: The Sentinel (1983) – The Wedge
(1996) – Beat The Drum (1999) – The Cross & The Crucible (2001)

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Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 12714




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