Le précédent opus des Norvégiens de Pale Forest ("of machines and men") m'avait franchement laissé de marbre. Trop pop/rock à mon goût, ce disque avait engendré une kronik plutôt mitigée de ma part. Entre temps, j'apprends qu'ils ont signé chez Listenable, ce qui n'a pas manqué de me faire sourire. Imaginer ces gentils musiciens bien propres sur eux avoir comme compagnons label regroupant certaines des pires brutes sanguinaires de la scène actuelle (Aborted, Deranged, Centurian, Crest of Darkness, etc...) est en effet assez caustique. En tout cas, cette signature a au moins l'avantage d'éveiller ma curiosité pour ce groupe.
Les formations au chant féminin étant pourtant légion dans les pays nordiques, j'ai tout de suite pensé que Pale Forest possédait dorénavant les ressources nécessaires pour acquérir une véritable personnalité. Et je dois avouer que la mission est amplement remplie.

Sans bien sûr verser dans le grind/death outrancier mais en gardant sa base mélancolique, la bande à Kristin (qui est aussi vocaliste au sein de Crest of Darkness, le monde est petit...) a considérablement enrichi ses compositions et il en résulte un mélange performant de doom, de rock et de gothique. La voix de Kristin, cristalline et sans lyrisme abusif, survole des morceaux agréablement construits et parfois assez percutants comme "stigmata" ou "spiral". Au niveau de l'instrumentation, des progrès considérables ont été réalisés et les guitaristes ont l'art de distiller par petites touches des interventions qui donnent du relief aux morceaux.
Un bassiste omniprésent apporte une ossature dynamique et la plupart des titres ont des refrains aisément mémorisables. Pour une fois, les claviers ne sont pas de trop et s'intègrent parfaitement dans une musique qui déplaira forcément aux bourrins intransigeants mais qui constitue un bon point d'attache entre rock et musique métallique. Même si la qualité des compositions n'est pas encore au niveau d'un Lacuna Coil, nous avons ici un album agréable, planant qui arrive à ne pas ennuyer sur la longueur. Il n'est jamais trop tard pour bien faire et il semblerait que ce vieil adage ait été bien compris sur ce coup là.




Rédigé par : loufi | 15/20 | Nb de lectures : 6955