Vous le savez puisque vous lisez les news sur V.S, le prochain album studio de la formation suédoise ("Road Salt") qui devait sortir fin 2009 sera finalement dans les bacs courant 2010. On évoque ici ou là quelques soucis avec le label mais aussi une situation interne pour le moins perturbée depuis la sortie de "Scarsic" : départ mouvementé du bassiste, Simon Andersson, intégration (réussie) d’un nouveau batteur, le frenchy Léo Margarit, sortie laborieuse du DVD, annulation des dates du Prog Nation aux U.S.A, etc.

C’est certainement dans le but de ne pas trop impatienter les fans que P.O.S a décidé de lâcher en avant-première de "Road Salt" ce EP de 6 titres et 29min de musique. En fait, 4 titres seulement sont extraits du nouvel opus ce qui ramène la durée réelle à 21min. Les 2 autres étant l’un, une reprise insignifiante de Scorpions ("Yellow Raven") et l’autre ("Bonus Track B") une plage parlée parfaitement inutile.

Concentrons donc nous sur les 4 pistes qui feront partie de "Road Salt" pour en tirer une évidence immédiate : Guildenlöw sème trouble et embarras sur la nouvelle orientation de son groupe et franchement, il devient difficile de suivre sa stratégie.

Tout au long de sa prolifique carrière, nous avons accueilli sans broncher tout ce qui sortait de la bouche ou des mains de cet iconoclaste aussi déroutant que novateur. Même si – et pour des raisons diverses - quelques signes troublants ("Be" et "Scarsic") sont venus jeter une ombre sur cette relation idyllique. On le sait, le guitariste de POS l’a répété partout, son groupe doit et veut s’émanciper de toutes attaches ou étiquettes. Soit !

Peut-on pour autant accepter comme étant visionnaire (ou seulement digne d’intérêt) ce qu’il nous propose avec "Linoleum" ? Personnellement, et bien que fragmentaire de l’œuvre complète que sera "Road Salt", je trouve ce EP extrêmement inquiétant. Alors d’accord, les Suédois ne veulent plus être catalogués groupe de métal progressif et c’est un droit que nous lui reconnaissons volontiers. Après tout, ce sont les journaleux spécialisés qui, il y a une dizaine d’années, ne sachant trop où placer cet encombrant « phénomène » en on fait le nouveau chantre du métal prog. Et soyons justes, dans l’intervalle, Gildenlöw s’en est fort bien accommodé.

Que dire de "Linoleum" sinon qu’il génère un immanquable sentiment d’incompréhension et que par conséquent il impactera fortement notre jugement de ce qui fera l’essentiel de "Road Salt".

« 70 on steroids », voici comment Gildenlow qualifie le virage de POS. Ça ne signifie pas grand-chose même si l’on constate une réduction voire une disparition totales des soli de guitares ainsi que des constructions alambiquées et torturées. Les compos sont courtes, ramassées, directes. Sans grandes ambitions, dotées de refrains pour le moins insipides (et si j’étais acerbe j’ajouterais répétitifs) elles sont de plus frappées d’un chant maniéré qui se voudrait l’égal d’un Jeff Buckley au sommet de sa sensibilité mais qui n’y parvient jamais.

Si "Road Salt" est pavé des mêmes intentions que "Linoleum", c’est fatalement une route que je n’emprunterai pas souvent. Et à mon grand regret, c’est sans doute là que nos chemins vont se séparer. Temporairement.


Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 12979