Ma doué, je ne pensais pas que j’arriverais un jour à ce niveau-là mais maintenant, on peut le dire : trop de death suédois tue le death suédois. Oui, vous n’avez pas la berlue : voici ENCORE un album de PAGANIZER. À force de productivisme, Rogga Johansson en est aujourd’hui limite à épuiser même ses plus fidèles supporteurs. Le plus con dans cette histoire, c'est qu’à cause de cet effet de saturation, on risque de zapper le fait que la première fois depuis ‘Promoting Total Death’ (2001, 'Scandinavian Warmachine’ marque une légère inflexion sur le plan stylistique.

Attention, l’adjectif ‘léger’ n’est pas innocent car globalement, Monsieur Johansson s’abreuve ici toujours à la même source old-schoolienne. Pourtant, son choix d’enregistrer non pas avec son batteur habituel (Matthias Fiebig) mais un Norvégien du nom de Brynjar Helgetun (LIKLUKT) mais aussi de se passer du patronage de Dan Swanö témoignent d’une volonté d’essayer autre chose. Résultat: pour la première fois depuis des plombes, un album de PAGANIZER surprend. Enfin un peu, à l’image de sa pochette digne d’une extension du MMORPG ‘World of Warcraft’. Le morceau d’ouverture « Forever Scorned » annonce d’ailleurs la couleur avec un son plus propre et plus moderne, des blastbeats plus présents et surtout une influence VADER très marquée. Si le morceau-titre est plus traditionnel, et surtout méga-catchy avec son refrain qui risque de faire très mal au prochain ‘Party San’ où le groupe est annoncé, juste derrière « Colder » s’amuse à naviguer entre KATATONIA des débuts et black-metal. Et ça continue comme ça, bon an mal an...

En gros, même si la base reste la même, ‘Scandinavian Warmachine’ est peut-être l’album de PAGANIZER le plus versatile depuis bien longtemps. Sauf qu’en bourrant ras-la-gueule ce CD, seize morceaux pour une durée totale de cinquante-six minutes, Johansson se tire une nouvelle fois une balle dans le pieds en refusant de faire lui-même un peu le ménage car les bons morceaux se retrouvent noyés dans la masse. D’ailleurs, le tout a été gravé en deux sessions de huit morceaux chacune et la cassure se fait très (trop ?) nettement sentir, la seconde moitié de l’album rentrant plus dans le rang que la première, perdant progressivement tout désir d’émancipation pour s’enfoncer dans le convenu et l’ennui.

Lors de notre dernière conversation par e.mail, Rogga s’est révélé plutôt lucide, admettant enfin qu’il avait peut-être abusé niveau sorties de disques depuis deux ans, tout en justifiant le fait d'être tombé dans l’excès après des années de frustration après avoir accumulé les morceaux sans qu’aucun label ne daigne s’y intéresser. Mais promis juré craché, à partir de maintenant, ce sera la qualité qui primera sur la quantité. On attend donc de voir si Monsieur va tenir parole…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 11/20 | Nb de lectures : 10912