Bon allez, ça va, merde, inutile de tourner autour du pot, surtout que même ma grand-mère est au courant : ben oui, j’adore le death-metal suédois à l’ancienne, cuisiné depuis la fin des années 80 dans des gros chaudrons rustiques quelque part dans la banlieue de Stockholm, qu’il soit préparé avec amour par les aînés style ENTOMBED ou DISMEMBER ou juste réchauffé au micro-ondes par des petits jeunes comme HORRID ou AXIS POWERS. Donc forcément, Rogga Johansson est mon grand copain. Car depuis quelques années, à un rythme de stakhanoviste ayant trop abusé du Red Bull, cet ours mal léché ne fait pas que m’approvisionner en riffs anti-Slim Fast : il me bombarde littéralement de sorties. Rien que ces six derniers mois, c’est l’avalanche : BANISHED FROM INFERNO (avec un membre de MACHETAZO), REVOLTING (avec Elektrokutioner de DECREPITAPH), DEMIURG (avec Ed Warby de GOREFEST), PUTREVORE (avec Dave Rotten d’AVULSED), RIBSPREADER et THOSE WHO BRING THE TORTURE ont tous sorti des disques avec Monsieur au chant et à la guitare, et tous tapent dans un style quasi-similaire et old-school à mort. Mais le pompon revient à PAGANIZER, le plus vénérable de tous et seul véritable ‘groupe’ de Rogga : alors que leur septième album ‘Scandinavian Warmachine’ est sur le point de sortir, seulement quatre (!) mois après un ‘Carnage Junkie’ (qui avait certes attendu plus de deux ans dans un frigo), voilà que la compilation qui nous intéresse aujourd’hui vient en rajouter une couche. Las, fan ou pas, c’est justement limite la goutte d’eau qui fait déborder le vase…

Le problème ne vient pas en soi des dix morceaux s’étalant ici trente-deux minutes, mais plus de son côté foutraque, renforcé par un côté je-m’en-foutiste général. Rogga n’a jamais caché le fait de produire des riffs à la chaîne et d’avoir toujours trente morceaux d’avance. Sauf que l’on retrouve ici le même défaut que sur la compil’ de chutes de studio de RIBSPREADER (‘Rotten Rhythms and Rancid Rants’) sortie il y a trois ans comme par hasard sur le même label, géré par le chanteur de BUTCHER ABC pour l’anecdote, c’est-à-dire l’absence quasi-totale d’info sur les dates d’enregistrements et l’origine de ces dix laissés-pour-compte. Une (vieille) photo en guise de livret central, trois lignes sur le line-up et les mixeurs impliqués et basta. Tout juste sait-on que l’un d’entre eux est en fait un medley de deux titres de leur deuxième ‘Promoting Total Death’ (2001), réenregistrés lors des sessions de ‘No Divine Rapture’ (2004) réalisées avec le regretté Mieszko Talarzcyk de NASUM. Mais quid de cette première version de « Nothing Really Matters » ? Ou de ces trois morceaux en fin de course où Rogga (si c’est bien lui ?) beugle sans aucun effet sur sa voix et où « Gored by the Horned One » fricote avec le doom ?! On ne le saura jamais. Et inutile de chercher sur le net ou sur le site officiel, vous n’y trouverez aucune info. Pourtant, le pire est que tout cela tient globalement la route et aurait très bien pu échouer sur ‘Carnage Junkie’ par exemple. Mais Rogga donne trop ici l’impression d’avoir hâtivement pioché dans sa besace et refourgué mano à mano ces dix morceaux comme un mec achète une barrette de shit à l’arrache sur un quai de métro : sans y regarder à deux fois.

Alors mon petit Rogga, j’ai beau adorer tes grognements de fennec et ton sens du riff plus GRAVE que GRAVE lui-même, tu es quand même à deux doigts de te prendre un avertissement pour abus de confiance. Être un peu plus sélectif ne te ferait pas de mal mon garçon.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 08/20 | Nb de lectures : 10481