PAATOS - Silence Of Another Kind (InsideOut/Wagram) - 30/06/2006 @ 14h20
Le troisième album des Suédois a pour ambition de les faire émerger coûte que coûte de l’anonymat. N’y étant pas parvenu avec Timeloss en 2002 et Kallocain en 2004, il tente une nouvelle fois d’attirer l’attention sur les qualités manifestées par ce quintet iconoclaste. Lors de la sortie de Timeloss en 2002, on a parlé de surprise évoquant même un second souffle du paysage progressif. 1/3 d’héritage des aînés proches, Anglagard et Anekdoten, 1/3 d’hommage au vénérable mais toujours actif King Crimson et 1/3 de modernité bien dans le ton prog atmosphérique. Ce cocktail résonnait comme un appel d’air frais venu à un moment où on ne l’attendait plus vraiment. Bon, c’est vrai, devant la vacuité de certains groupes, on a tendance à s’emballer un peu vite. Toujours cette quête insatiable de la nouveauté. Et je le reconnais volontiers, je ne suis pas le dernier de la liste.
Mais, bien que perfectible ici ou là, notamment par manque de cohésion, Timeloss révélait tout de même une personnalité propre et attachante. Son suivant, Kallocain, 2 ans plus tard changeait de voie pour un résultat tout aussi intéressant car mieux structuré. Envolée l’ombre de Crimson et place à un rock ambiant parsemé de trip hop façon Portishead. Est-ce le départ de Reine Fiske, guitariste au caractère trempé qui a conduit le groupe à réorienter son style vers plus de simplicité ou cette bifurcation en est-elle la cause, peu importe. Paatos prend une autre dimension et vise un public plus large. Le soutien du label allemand n’y est pas pour rien. On souhaite entendre parler de Paatos ailleurs que dans la sphère progressive. Objectif pas suffisamment atteint visiblement au goût des protagonistes.
Silence Of Another Kind endosse le bleu de chauffe pour tenter de convaincre les récalcitrants. Ce qui n’est pas gagné. Qualifié de « post rock mélancolique et romantique », on nous dit que le troisième album de la formation scandinave puise ses influences au-delà de Portishead pour embrasser celles de Bjork, Can, et retour de Crimson. Si la patte de la diva islandaise est perceptible, celle des Allemands de Can l’est beaucoup moins. Dire que la musique des vétérans de la scène « krautrock » peut apparaître indigeste car très déconstruite et aventureuse, n’est pas une insulte mais une constatation. En fait la « nouvelle nouvelle » orientation prise par le groupe lorgne aussi vers The Gathering dont il reprend l’atmosphère y compris les riffs saturés y ajoutant du mellotron. Paatos a beaucoup tourné avec les Hollandais, ce qui peut expliquer ce glissement. On peut aussi citer Goldfrapp en raison de la touche électronique allégée mais sensible. On pense aussi à Landberk et même aux Cocteau Twins.
Or, avec un tel panel de références, SOAK est tout sauf indigeste et très accessible au commun des mélomanes habitué d’ordinaire à plus de clarté. Si on lui donne du temps, bien évidemment. Cette accessibilité, Paatos la doit autant à la voix féminine de Petronella Nettermalm, sorte de Anneke Van Giesbergen qu’à la forme directe de ses titres. Format pop pour la plupart, plus étirés pour les autres, ils sont menés par des musiciens confirmés qui dominent totalement leur matière tout en ayant abandonné la complexité de Timeloss.
On sent toutefois un coup de mou sensible comparé à Kallocain, sorti en 2004. Excepté le titre long Not A Sound (7’25) où l’on retrouve l’ambiance si caractéristique de Paatos, il manque à certaines compositions de la profondeur. Un brin d’impatience nous gagne très vite et avant même la fin des brèves 42 minutes. C’est, soit trop peu pour permettre au groupe de développer davantage ses idées, soit trop long si l’on ne parvient pas à discerner avec précision l’horizon vers lequel le groupe souhaite nous voir regarder en sa compagnie. Il n’est pas encore acquis que l’aura de Paatos débordera de son cercle actuel d’initiés.
Quelques excellent morceaux, tels les "Falling" and "Not a Song". Sinon, le reste me laisse plutôt froid...
Paulo Membre enregistré
Posté le: 01/07/2006 à 07h04 - (30328)
Patos en español = Canards
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Mais, bien que perfectible ici ou là, notamment par manque de cohésion, Timeloss révélait tout de même une personnalité propre et attachante. Son suivant, Kallocain, 2 ans plus tard changeait de voie pour un résultat tout aussi intéressant car mieux structuré. Envolée l’ombre de Crimson et place à un rock ambiant parsemé de trip hop façon Portishead. Est-ce le départ de Reine Fiske, guitariste au caractère trempé qui a conduit le groupe à réorienter son style vers plus de simplicité ou cette bifurcation en est-elle la cause, peu importe. Paatos prend une autre dimension et vise un public plus large. Le soutien du label allemand n’y est pas pour rien. On souhaite entendre parler de Paatos ailleurs que dans la sphère progressive. Objectif pas suffisamment atteint visiblement au goût des protagonistes.
Silence Of Another Kind endosse le bleu de chauffe pour tenter de convaincre les récalcitrants. Ce qui n’est pas gagné. Qualifié de « post rock mélancolique et romantique », on nous dit que le troisième album de la formation scandinave puise ses influences au-delà de Portishead pour embrasser celles de Bjork, Can, et retour de Crimson. Si la patte de la diva islandaise est perceptible, celle des Allemands de Can l’est beaucoup moins. Dire que la musique des vétérans de la scène « krautrock » peut apparaître indigeste car très déconstruite et aventureuse, n’est pas une insulte mais une constatation. En fait la « nouvelle nouvelle » orientation prise par le groupe lorgne aussi vers The Gathering dont il reprend l’atmosphère y compris les riffs saturés y ajoutant du mellotron. Paatos a beaucoup tourné avec les Hollandais, ce qui peut expliquer ce glissement. On peut aussi citer Goldfrapp en raison de la touche électronique allégée mais sensible. On pense aussi à Landberk et même aux Cocteau Twins.
Or, avec un tel panel de références, SOAK est tout sauf indigeste et très accessible au commun des mélomanes habitué d’ordinaire à plus de clarté. Si on lui donne du temps, bien évidemment. Cette accessibilité, Paatos la doit autant à la voix féminine de Petronella Nettermalm, sorte de Anneke Van Giesbergen qu’à la forme directe de ses titres. Format pop pour la plupart, plus étirés pour les autres, ils sont menés par des musiciens confirmés qui dominent totalement leur matière tout en ayant abandonné la complexité de Timeloss.
On sent toutefois un coup de mou sensible comparé à Kallocain, sorti en 2004. Excepté le titre long Not A Sound (7’25) où l’on retrouve l’ambiance si caractéristique de Paatos, il manque à certaines compositions de la profondeur. Un brin d’impatience nous gagne très vite et avant même la fin des brèves 42 minutes. C’est, soit trop peu pour permettre au groupe de développer davantage ses idées, soit trop long si l’on ne parvient pas à discerner avec précision l’horizon vers lequel le groupe souhaite nous voir regarder en sa compagnie. Il n’est pas encore acquis que l’aura de Paatos débordera de son cercle actuel d’initiés.
Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 12683