Juillet est le mois de départs en vacances, mais avant de faire bronzette sur la plage, il est quasi obligatoire de passer par l’étape de la préparation du voyage qui vous emmènera dans un endroit plus agréable que le foutu appartement de merde qui est votre quotidien.

Parmi les préparatifs inévitables, il y a bien sûr le « remplissage du coffre de la voiture » avec ces incontournables dernières prises de becs avec votre chère et tendre car « putain ça rentre pas » où les subtiles « Tu es obligée d’emmener ta plus grande valise alors que tu vas n’avoir qu’un bikini sur toi pendant 3 semaines ? » côtoient les attaques qui font mal « Tu crois qu’il y aura pas de bières à la superette du camping ou tu comptes le boire pendant le trajet ton pack de 24 ? ».

Autre rituel immanquable, le « choisissage de musique pour le route », car il est bien connu que certaines musiques sont recommandées pour conduire comme le prouvent les nombreuses compilations "Music For Driving" ou "Driving Music" vendues sur les chaînes de TV Achat entre les spots pour la gaine amincissante Slim'n Lift Supreme XXL de Heather Locklear et la Grill-Rôtissoire verticale XXL de George Foreman.
Si l’écoute de la discographie de Last Days Of Humanity est un choix judicieux dans le cas d’un trajet vous menant chez le boucher du coin, ce n’est peut-être pas la bande son idéale pour un départ de 3 semaines de soleil en couple ou en famille.

J’ai été confronté il a peu au rituel du « choisissage de musique pour le route » avec en perspective : plus de 900 km d'autoroute, des bouchons, des Allemands, des stations services hors de prix, des appels de phares italiens sur la voie de gauche, des bouchons, des sarkoradars automatiques et des péages hors de prix aussi.

Ma mission consistait à trouver la musique adéquate pour faire de ce voyage un moment agréable en évitant d’arriver à destination au bout du rouleau en faisant la gueule à ma douce ou pire en me retrouvant tout seul dans la voiture. Après avoir mis de côté un album des Red Hot, un autre des Hellacopters et le dernier One-Way Mirror, je me suis laissé tenter par le nouvel album de P.O.D. autant car ce CD me donnait la garantie d’avoir une musique passe-partout (pas le nain) que par curiosité afin de voir ce qu’était devenu une des étoiles filantes post-néo que j’avais toujours apprécié !

J’avoue avoir complètement zappé le dernier album du groupe "Testify" sorti en 2006 et avoir été plutôt content d’apprendre le retour du guitariste Marcos Curiel qui avait été viré de la formation américaine après la sortie du très bon "Satellite". Aujourd’hui, P.O.D. revient avec son line-up originel sur un nouvelle major (Columbia à la place d’Atlantic) invitant des guests prestigieux (Mike Muir de Suicidal Tendencies et Page Hamilton d’Helmet) et proposant un disque produit par Jay Baumgardner (Evanescence) et qui a atterri directement dans le Top10 du Billboard à sa sortie aux USA.

On retrouve très vite ses marques avec P.O.D. l’album débutant par leurs 2 premiers singles " Addicted" et "Shine On" proposant du modern rock musclé et un mid tempo au refrain simple et accrocheur. P.O.D. conserve l’éclectisme qui a fait son succès en proposant une succession de compositions directes, fusion de styles et d’influences. On découvre un chouette titre Reggae "I'll Be Ready" où les filles de Bob Marley des Melody Makers viennent discrètement prêter main forte à Sandy Sandoval. On remarquera aussi le gentiment rock "Kaliforn-Eye-A” aux touches ragga et au refrain ultra radio friendly (“It's all good. it's alright …It's all day and all night”) et à la partie bien speed signée Mike Muir. Le titre "God Forbid" avec Page Hamilton sera le point culminant au niveau de l’intensité de cet album avec ses riffs incisifs et le chant enfin un peu énervé.

Pour le reste, les ballades mélancoliques prennent une place considérable sur ce disque avec 4 chansons sur 13 qui s’ajoutent aux compos mid tempos. Si Sonny Sandoval maîtrise très bien son chant, le côté dramatique à la "Maman comme c’est beau, j’vais chialer" des compositions est renforcé par des chœurs Gospel ou des violons sirupeux… hum, too much is too much !
On s’amusera également de certains paradoxes au niveau des paroles comme celles de l’hymne à l’optimisme "It can't rain everyday It don't rain forever” (sorte de version US du fameux "Ca ira mieux demain" d'Annie Cordie) en opposition à "End Of The World" au refrain ultra pessimiste "It never gets better but worse, It feels like the end of the world to me”. Les textes à connotation religieuse sont également au rendez-vous comme sur "God Forbid" ou encore "Tell me Why" et là encore c’est le drame le plus total comme l’illustre cette prise de conscience si troublante "Why must we fight? And why must we kill in the name of what we think is right?” … Chuis trop ému !

Malgré ses défauts réels, ce nouveau disque est plaisant, il marque le retour de plus de mélodies avec moins de grosses guitares qui tachent et un Sonny comme vous en aviez rêvé. Il a en tout cas parfaitement rempli sa mission de "Music for Driving", finissant même par repasser dans l’autoradio une fois le trajet terminée malgré le fait d’avoir fait office de musique d’ambiance lors d’un putain de bouchon de 2 heures en Suisse !
Si ce n’est pas un gage de qualité ça ?


Rédigé par : VsGreg | 13/20 | Nb de lectures : 12182