Et bien voilà, ça y est : le coffret tant attendu du sieur Ozzy Osbourne est enfin dans les bacs, inondant des millions de pantalons dans le monde entier sous le relâchement instinctif de sphincter : les fans sont plus que servis à travers cette box-set de luxe. Outre le packaging, genre Bible gothique s’ouvrant sur quatre magnifique galettes et un booklet de 60 pages, illustré de rares photos, agrémenté des paroles et d’annotations personnelles quant à la nature des chansons proposées, ce premier gros coffret est un Don. Non pas que Sony soit une corporation philanthrope, mais Ozzy et ses lieutenants ont tout de même mis les moyens pour proposer un produit on ne peut plus bandant, à la fois pour les néophytes qui pourraient se jeter dessus pour découvrir la carrière post-sabbathienne de l’homme, que pour les die-hard collectionneurs qui, s’ils possèdent déjà pas mal de choses, se verront récompensés de leur acharnement par quelques pépites, inédits ou versions rarissîmes ici pour la première fois disponibles, bootlegs compris, s’entend.

Rappelons aux non-initiés, aux sceptiques et aux râleurs bornés, avant dissection de la bête, qu’Ozzy Osbourne est une Légende du Heavy-Metal, du Rock, de la Musique, de la Culture, du Patrimoine Humanitaire. Votre opinion sur Ozzy Osbourne a considérablement chûté depuis l’engouement pathétique des masses sur la real-TV osbournienne ? Soit. Ozzy ne ressemble qu’à un clown triste boiteux, assommé par les médocs et dépassé par une famille bordélique ? Peut-être, mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un montage, que MTV n’a laissé voir ce qu’elle voulait bien laisser voir, dans le but de tailler du « personnage » sur mesure et proposer un programme familalement « entertaining », d’en créer un buzz mondial et un succès sans précédent, sans se soucier réellement de la vraie nature de ses participants. Certes Sharon est une femme d’affaire ambitieuse, exécrable mais sans qui Ozzy se serait probablement laissé mourir dans une chambre d’hôtel ravagée par les miettes de se solitude et de son laisser-aller fin ’79 lorsque le Sabbat Noir le laissa choir. Sharon représente un monumental « coup de pied au cul » pour un John Michael Osbourne profondément humain et qui n’a tout simplement jamais eu confiance en lui. Après 38 ans d’années de stars du rock (sur 56 !), Ozzy est laminé : bien qu’étant une sorte de miracle biologique pour avoir tenu tant d’années sous les effets des drogues et de l’alcool, Ozzy souffre de plusieurs maux, allant de la dyslexie au bégaiement, de scléroses, tremblements, et autres accidents.

Pour être l’un des plus gros fans et collectionneurs français sur l’Ozz’, je peux vous dire que je sais de quoi je parle.

Revenons au coffret. Oubliez déjà tous les best-ofs de l’artiste (et surtout cet inutile double « Essential » sorti en 2003) : les deux premiers CDs résument ici sa carrière solo à travers 29 tubes légendaires depuis 1980, dont seuls douze sont les versions studio. On retrouve effectivement des démos (quatre issues de l’extrêmement rare « The No More Tears Demo Album » en ’92, ainsi que « See You On The Other Side », la maquette du déjà rare « Walk On Water » ou celle, totalement inédite de « Bang Bang (You’re Dead)», première version du très heavy « Facing Hell » de l’album « Down To Earth »). Viennent ensuite des lives, avec un vieille B-side du vieux single sirupeux « So Tired » avec « Bark At the Moon » sur la tournée US de ’84, et trois extraits du mitigé « The ultimate Sin » en 1986, alors disponibles sur un vieux picture-disk, lui-même promouvant la VHS-live « The ultimate Ozzy » !!! On regrettera par contre le choix des « nouvelles » versions de « Mr. Crowley », « Crazy Train » ou autres, ré-interprétées par Mike Bordin aux fûts et Robert Trujillo à la basse pour effacer les parties respectivement jouées par Lee Kerlake et Bob Daisley sur les originaux de 1980, suite à un litige de droits d’auteurs !!! Reste bien-sûr la guitare magique du regretté Randy Rhoads, encore représenté sur un autre extrait de « Diary Of A Madman », à savoir le méconnu et impressionnant « You Can’t Kill Rock’n’Roll ». Il manquera toujours des dizaines de tubes à cette anthologie, mais hey, sâchons nous limiter pour apprécier la suite. Mais bon, commre pour le reste, nous savons nous autres qu’il existe d’autres démos, faces-B redoutables (même de l’époque Rhoads, remember « You Said It All » ou « You Looking At Me, Looking At You »…), lives pirates-radio monumentaux, etc…

Le troisième CD n’est qu’une compilation de treize duos parmi tant d’autres (on regrette l’abscence de ceux avec Gary Moore, Lita Ford, Coal Chamber, etc…), mais ceux sélectionnés ici valent leur pesant d’or que ce soit pour leur qualité ou leur curiosité !!! Imaginez Ozzy chanter avec Miss Piggy du Muppetshow sur « Born To Be Wylde » ! Enjoué sur le « Stayin’ Alive » des Bee-Gees avec Dweezil Zappa sur un beat disco-metal ! Partager le micro avec des rappeurs sur « « Nowhere To Run » (BO de South Park) ou « For Heaven’s Sake » avec le Wu-Tang-Clan ! Reprendre « Purple Haze » d’Hendrix en 1989 pour une association anti-drogue organisée par un Doc McGhee cocaïnomane ! Chanter sur de la pop-disco synthétique avec Kim Basinger (remplaçant Madonna !) sur le « Shake Your Head » de Was Not Was ! Sans parler de ses propres participations à des Tributes sur Black Sabbath (avec Therapy ? ou Primus), ou de ses fructueuses collaborations avec Motörhead (« I Ain’t No Nice Guy ») ou Type O Negative (« Pictures Of Matchstick Men »).

Passons enfin à la vraie nouveauté de la box : son CD de reprises de tous les standards de rock 60’s ou 70’s qu’Ozzy affectionne tout particulièrement, les Beatles (« In My Life ») ou John Lennon (« Working Class Hero ») en ligne de mire. Evidentes ou plus obscures, les choix ne sont pas si opportunistes : allez convaincre tous les nouveaux fans d’Ozzy suite aux affiches néo-metal de ses Ozzfest ou ceux gagas de ses pérégrinations hertziennes de découvrir des classiques, des oldies de King Crimson (« kézako ??? » me hurleraient-ils après « 21st Century Schizoid Man ») ou le « Mississippi Queen » de Mountain, dont le solo est ici joué par son principal et culte auteur Leslie West (rappelons pour mémoire que Mountain, power-trio de gros hard-rock bluesy, était le premier groupe à ouvrir pour Sabbath aux USA en 1970 !). Les hits « All The Young Dudes » (hymne glam-rock anglais de 1972 des Mott The Hoople, écrite par Mr. Bowie !) ou « Sympathy For The Devil » des Rolling Stones sont superbement interprétés, notamment par Bordin à la batterie et surtout Jerry Cantrell (ex-Alice In Chains à la guitare !!! Outre d’autres covers, Ozzy termine par une reprise du « Changes » de Black Sabbath, ballade mélancolique piano/voix déjà présente en duo sur le premier album solo de sa fille Kelly !

S’il reste toujours des petites frustrations de fan, cette box-set frôle la perfection, à l’image du « Bonfire » d’AC/DC ou du « Life And Crimes » d’Alice Cooper, qui, plus qu’une simple grosse opération marketing, propose réellement de quoi alimenter les fantasmes de nombreux collectionneurs et un nouvel objet de fascination pour des futures générations de kids qui comprendront, un jour, d’où vient leur musique favorite….


Rédigé par : The Basque Ozz | 18/20 | Nb de lectures : 11815