Outre-Atlantique, s’il y a une mode qui fait fureur, c’est bien celle des groupes dit « emocore » mélangeant hardcore, rock avec une grosse dose de sensibilité et une petite louche de chaos. Popularisé par les mythiques Underoath, nombre de groupes se sont lancés dans l’aventure comme en attestent les récents succès d’In Remembrance, A Day To Remember et Life In Your Way.

Formé en 2003 et livrant ici son deuxième disque (le premier étant « Building Cities From Scratch »), le groupe de Wollis (New Hampshire) offre donc un album aux frontières parfois confuses : hardcore, rock, punk se mélangent sans réelle mesure. A l’heure où tous ces styles sont bafoués et innovés chaque jour, Our Last Night débarque avec sa recette, sa vision de l’emocore.

La musique d’Our Last Night est très prenante, mélodique, riche et captivante. Rien de bien étonnant quand dans le style, se côtoient mosh parts, refrains entêtants, couplets incisifs et mélodies planantes. Dès « Symptoms Of A Failing System », le groupe déclare tout de suite ses intentions en mixant divers éléments empruntés à tous les styles (hardcore, rock, punk) : riffs alternant technicité et mélodie, mosh parts, larsens et parties de guitares aiguës, variations de tempos, rythmique brillante. Our Last Night pioche dans tous les genres faisant à la fois penser à Underoath, Misery Signals, Life In Your Way, Saosin ou bien Anberlin. Mon confrère Candiria-Thon affirmerait sûrement que je « fais mon VoB », pratique courante dans mes chroniques qui consiste à énumérer toute une pelleté de groupes en référence afin de faire imaginer au lecteur la teneur musicale de chaque album. Il n’empêche qu’il a raison, le bestiaud…

Ce « Ghost Among Us » regorge de tubes, facilement mémorisables qui marquent les tympans. Les deux titres évoqués par le promo « Recovery » et « Escape » en sont de brillants exemples. Le premier dispose de l’entrée en matière la plus catchy de l’album, alternant rythmique rapide et riff captivant. Le couplet dispose également de bonnes bases mélodiques et le refrain reste dans la tête. Il s’agit d’un des meilleurs titres du disque. Quant au second, l’introduction très « underoathienne » et son refrain risque d’en faire succomber plus d’un.
Même si ces deux titres sont avancés sur le promo, les autres compositions ne sont pas en reste. Difficile d’en mettre un en avant tant ceux-ci s’avèrent convaincants mais on peut également citer « This Is Your Lifesaver », mélancolique et sincère, « Running The Clock » et son introduction riche ou bien l’énergique « Dreamcatcher ».

La production est excellente avec ses guitares lacérantes et sa batterie percutante, même si la basse s’avère la laissée pour compte du disque. A l’heure actuelle, difficile de trouver un groupe dont le son rébute un auditeur ou alors il faut lire une chronique d’un obscur groupe biélorusse de « guttural-grindounet-DIY-brutal-sickening-goryptic-je mange du zombi à midi sur fond de Carcass-death metal » genre largement plébiscité par notre Cobra Commander national.
La voix de Trevor joue sur deux tableaux. Là où des combos comme Life In You Way ou Misery Signals ne font que crier, Trevor chante très régulièrement, sur un timbre plutôt commun bien que très agréable à écouter. Ses cris presque hardcore ne brillent pas forcément par leur violence et leur prestance mais collent relativement bien, du fait de la dualité vocale.

Au final, nous sommes face à un disque solide, riche et parfaitement interprété. Our Last Night frappe très fort en réussissant le pari de faire parler de lui dans un style on ne peut plus embouteillé. « The Ghost Among us » devrait en toute logique, trouver un large public d’autant plus qu’il tourne en boucle chez moi. Cependant, ce public est-il celui de VS ?


Rédigé par : Vision Of Beuh | 16/20 | Nb de lectures : 11193