Je me souviens d'avoir écouté OTEP il y a sept ou huit ans, à l'époque où ils pratiquaient une forme de néo viril basé sur un mélange de riffs plombés et de chant vaguement rapé. Pas très original me direz-vous (surtout à l'époque) mais OTEP avait pour lui une rage certaine qui, si elle se perdait par moments dans de sombres dédales, avait quand même du cachet.
Mais ce qui avait retenu mon attention (outre le caractère plutôt dur de la musique) c'était la présence d'une chanteuse, la bien nommée Otep Shamaya. Mlle OTEP avait pour elle un côté assez inquiétant qui semblait mal dissimuler un certain malaise sous sa blonde chevelure.
Pas suffisamment suivi par les maisons de disques pour marquer de son empreinte indélébile la scène de l'époque, OTEP avait cependant une certaine image d'outsider grâce à sa musique sombre et torturée, beaucoup plus dark et violente que les cadors de la scène Néo de l'époque.
Cela ne suffisait pas cependant à me faire lever la nuit, d'autant que le groupe se distinguait par des sorties particulièrement inégales, alternant le vraiment naze ("Smash The Control Machine") au plutôt sympa ("Blood Pigs").
"Atavist" est le cinquième album du combo après "Sevas Tra" en 2002, "House Of Secrets" en 2004, "The Ascension" en 2007 et "Smash The Control Machine" en 2009.
Les amateurs seront ravis d'apprendre que tout tourne toujours autour de la donzelle (on ne voit qu'elle en photo dans le livret... sympa pour les copains) et que OTEP a définitivement fini de rigoler. Exit les errances des derniers albums pour faire place à la bidoche.
A l'image de la succube sur la pochette, OTEP a la haine et nous balance désormais une musique beaucoup plus véner que celle qu'ils nous proposaient jusqu'à présent.
Bien que tout soit joué dans un mid tempo raisonnable, l'impression de claustrophobie arrive très rapidement et on peine à croire que ce soit OTEP qui joue.
J'ai commencé par écouter le morceau appelé "Drunk on the blood saint" et là je suis tombé de haut. Double pédale à fond les manettes, gros riffs ravageurs et chant vraiment agressif. Caralho ! OTEP renaît de ses cendres et revient à des sources sentant bon le souffre.
La musique est au rendez-vous et les gadjos s'en donnent à cœur-joie, démontrant au passage qu'ils ne sont pas une tribu de manchots.
Ça sentirait l'opportunisme à plein nez s'il ne dégageait pas de cet album une cohérence vraiment étonnante accompagnée de coups de tonnerre ravageurs. Quasiment plus aucune trace de néo dans cet album mis à part quelques petites touches, ma foi, pas si dérangeante que ça.
Ajoutez à cela des lyrics percutants associés à ce titre étrange et vous obtenez un album vraiment étonnant (ATAVIST est un terme utilisé en biologie pour définir chez une personne l'apparition d'un caractère ancien resté latent chez les parents). A l'image de l'intro plutôt anxiogène, on retrouve quelques autres passages "ambiancés" très chargés en émotions lugubres qui amènent indiscutablement un plus à cet ensemble, lui permettant de respirer quand le besoin s'en fait sentir.
OTEP se paye même le luxe d'une petite ballade et d'une étonnante reprise des DOORS sans que l'album n'en pâtisse une seule seconde. "Skin of the master" ou "Remember to forget" sont autant de chansons fortes qui envoient le pâté et te garantissent une bonne branlée auditive... mais uniquement sur présentation de la facture.
Malgré les indéniables qualité de la chanteuse, à plusieurs moments son timbre prend un accent étrange et sa voix semble aux limites de ce qu'elle peut faire. Il est vrai que Miss Otep ne s'épargne pas et ne feint pas la colère tant elle se la donne tout au long de l'album. C'est peut-être fait exprès mais j'adhère moins à certains effets de style vocaux, hérités de son passé un peu plus lumineux. Il est vrai que se débarrasser de ce type de gimmick doit être plus complexe qu'il n'y paraît. Qu'importe au final, ce n'est vraiment qu'un détail.
Ce "ATAVIST" sera une surprise pour les fans, une découverte pour les autres et assurément une sacrée remontée de bretelles pour tout le monde. OTEP avait décidément plus d'un tour dans son sac.


Rédigé par : Pamalach | 14/20 | Nb de lectures : 14340