Otargos a toujours été en marge de la scène black-metal, tenant un discours proche du mouvement libertaire de par ses pensées théologiques, ce qui tranche avec le satanisme et l'antichristianisme présent par conviction ou par provocation chez la quasi-intégralité de la scène underground.

Autant le dire tout de suite je suis fan du groupe depuis les débuts, je préfère le signaler afin que l'on ne me fasse pas de reproche d'objectivité pour cette chronique. J'ai adoré la première période du groupe (jusqu'à Kinetic Zéro), Fuck-God ... est pour moi un chef-d’œuvre de noirceur et de violence, mais je n'ai pas aimé du tout "No God, No Satan" hormis 2 titres, bref le décor est planté et l'on peut commencer.

Premier album avec le nouveau guitariste T.F (aka VOiD), et première sortie chez Listenable où ils ont débarqué il y' a peu (après 2 albums chez Season of Mist), il est enfin marqué par le départ après l'enregistrement du bassiste originel Alex (aka XXX) pour raisons personnelles et professionnelles (et depuis remplacé par Manu Pliszke, qui a fait ses grands débuts sur scène au MetalDays le 26 juillet dernier).

Le groupe annonçait vouloir passer à autre chose après 4 albums résolument black-metal sans concession, il annonçait un album plus lourd, avec une influence death-metal plus présente.

Celui-ci a d'ailleurs totalement abandonné le corpsepaint, il suffit de voir leurs dernières prestations live pour s'en rendre compte, sans doute pour tirer un trait définitif sur son passé et entamer une nouvelle ère.

3 ans après un "No God, No Satan" qui a fait débat et n'a pas fait l'unanimité loin de là, le quartet était attendu au tournant avec ce nouveau line-up et cette nouvelle orientation musicale.

Je mets la galette en marche et j'entends ces roulements martiaux de caisse claire qui ouvrent "Apex Terror" que je connaissais déjà pour l'avoir entendu sur la compil de Klonosphère, et il m'avait impressionné malgré qu'il ne soit qu'au stade de la démo. Celui-ci donne son nom à l'album et franchement on prend une grosse mandale. La prod' faiblarde du précédent album est oubliée, là elle est énorme, les grosses caisses et la batterie couplées aux guitares sont écrasantes et la voix d'un Dagoth en très grande forme laissent présager du meilleur, de plus un excellent solo pour terminer font de ce titre une excellente mise en bouche.

"Fleshless-Deathless" m'a fait penser d'entrée à "Where the slime live" de Morbid Angel pour le riff de guitare et cette partie de double écrasante, ajouté à des passages très Gojira. Un morceau lourd, lent, froid et oppressant qui va fait un carton en live avec son ambiance glaciale et neigeuse.

On se rend très vite compte que si l'album est quand même orienté black, il incorpore plein de touches et de styles différents.

La plage 3 confirme cette impression, car le très thrash "For Terra" est totalement différent des deux premiers titres mais il est lui aussi excellent, beaucoup plus direct et rentre-dedans il montre un groupe toujours enragé et qui a envie d'en découdre, avec des passages en blasts redoutables. A noter que Julien Truchan de Benighted vient poser sa voix en plus de celle de Dagoth et que les solos font leur retour sur de nombreux morceaux, alors qu'ils avaient quasiment disparu sur les deux derniers albums.

"Remnant from a long-dead star" démarre très lentement, il est heavy à souhait et là encore les riffs me font immédiatement penser à du Gojira période "From mars to Sirius", très long et envoutant.

"Fallout" est 100 % black-metal, un matraquage en règle d'une puissance impressionnante, quelques ralentissements et ça repart, titre plus classique et dans la lignée de ce que proposait les gars sur leurs deux derniers albums tout comme "Drone" là-aussi brutal, court (4 minutes à peine) et aussi efficace que son prédécesseur, et il s’enchaîne avec le très court instrumental "Xeno".

"Aftermath hyperion" est dans le même esprit que les dernières livraisons du groupe mais à la fois heavy, brutal et radical, de nombreux changements de rythme et d'ambiance le ponctuent et font de celui-ci un des tous meilleurs de l'album.

Pour terminer on a droit à "Versus" très Vader et où la double est plus présente que jamais, avec également deux solos où l'on pourrait croire que Peter vient jouer les invités, avec un refrain très simple et qui fera un carton en concert (et que je vous laisse découvrir), un morceau très court et parfait pour finir l'album (et les concerts à venir également) d'une durée totale de 40 minutes.

A noter l'énorme travail de Thyr derrière les fûts qui pour son deuxième album avec le quatuor s'est surpassé, avec un jeu hyper varié et technique, il en impose vraiment et confirme le bien que je pensais de lui, car même si sa prestation initiale sur "No God, No Satan" n'était pas des meilleures du fait de parties linéaires et répétitives, on sentait bien qu'il en gardait sous le coude, chose qu'on c'était aperçu avec Withdrawn où il avait déjà franchi un palier.

Sans totalement tourner le dos au style pratiqué jusque-là, le groupe a franchi un palier indéniable multipliant les influences, les changements de rythme et a réussi à garder sa patte tout en y ajoutant de nouveaux éléments

L'album le plus varié du groupe et qui pour moi est le meilleur des bordelais à ce jour avec l'énormissime "Fuck-God Disease Process".

Avec le nouveau Seth, la plus belle réalisation black français de 2013.




Rédigé par : GabinEastwood | 17/20 | Nb de lectures : 17449