Pamalach : Quand j'ai commencé à écouter du metal, j'avais un pote qui jouait dans un groupe dans lequel j'avais placé toutes mes espérances.
Guitariste et tête pensante du combo, il avait des idées très arrêtées sur la vie en général, l'hygiène que se doit de respecter un bon metalleux et, bien sûr, le son de guitare à avoir pour "tuer".

A l'époque, j'avais des difficultés à poser un terme sur son identité sonore... et puis un jour, j'ai eu la révélation : dès qu'il branchait son instrument, on aurait dit qu'il mettait une tronçonneuse en marche.
C'était un son très sec, très saturé et compressé au taquet. A chaque fois qu'il jouait en palm muting, on aurait dit qu'il essayait de fendre une bûche. Pendant longtemps, j'ai pensé qu'il aurait pu essayer d'adopter un son plus massif, mais maintenant, je me rends compte qu'il avait pas mal de personnalité au niveau de sa façon de régler ses potards.

Un peu comme OSSARIVM finalement, qui pratique un Death/ambiant tout droit venu des catacombes lusitaniennes.
Armés de trois longs morceaux (le premier faisant la bagatelle de 13 minutes 12), les gaziers ont un goût certain au niveau du choix de l'artwork... un artwork qui se décline en patch pour chaque personne qui se fendra d'un vynile. Au départ, je n'ai vraiment pas accroché au groupe.
Je trouvais le son de guitare trop plat, la voix beaucoup trop chargée en reverb' et bien trop mise en avant.
Ce qui m'a fait persister, c'est une rythmique pas inintéressante, une superbe approche des sonorités ambiantes et surtout une odeur de viande faisandée tout juste sortie du tombeau... et qui persiste de façon tenace !

Car si ce groupe a plusieurs défauts, il est clair qu'ils s'y connaissent pour poser un décor mystique et inquiétant.
Tout le début du deuxième morceau, "Ceremonial Horns and Thunder", est si maîtrisé que l'on croirait un groupe spécialisé dans l'Ambiant. Malheureusement, ce qui ressemble à une "flûte" incongrue et malsaine au départ, finit par se répéter et abîme ce qui aurait pu être une homélie macabre faisant froid dans le dos.
L'effet de liaison entre le premier et deuxième morceau (eux largement plus violents et orientés Death classique) est par contre assez réussi car créant un contraste assez saisissant mais pas du tout étranger à ce qui semble être l'identité de ce combo portugais, à savoir un groupe violent, influencé niveau guitare par tout ce qui faisait au début des années 90's (Morbid Angel en tête) et qui œuvre ensuite dans un ambiant plutôt actuel et vraiment maîtrisé.

Très bonne surprise donc pour un premier album, qui laisse présager du meilleur pour l'avenir. Ça sent la poussière, ça pique les yeux et on craint la morsure à chaque seconde où la bête s'agite dans l'obscurité. Pas de doute, OSSARIVM a l'amour du travail bien fait.
Note : 13.5/20

ZeSnake : Catacombes, tombeau, mystique, inquiétant, malsain, macabre, obscur… Pamalach a su trouver les bons mots pour définir l’art d’OSSARIVM, one-man band portugais créé en 2010 dont Emanation est la première sortie, initialement disponible en 2010 sous-forme de CD-R par le label Latrina di Chifundo, et ressorti cette année par Presposterous Creations aux formats vinyl et CD, avec un son remasterisé. Vous l’aurez compris, OSSARIVM n’a rien d’un MOONSPELL mais va plutôt se situer à la croisée de plusieurs chemins de la carte Michelin du Death-Metal. Nous nous situons ici entre du Death-Metal bien funéraire comme peuvent le faire les groupes finlandais descendant de DEMILICH (et leur penchant américain), et le Death torturé et chaotique à la PORTAL, IMPETUOUS RITUAL et MITOCHONDRION. Le tout emballé dans un travail sur les ambiances assez prenant.

Emanation ne sera alors pas facile à aborder pour ceux qui sont peu habitués à ce style de Death très occulte et d’une noirceur suffocante. Les riffs et la batterie forment un mur rythmique très oppressant, qui servent de toile de fond aux vocaux d’outre-tombe qui font toute la force d’OSSARIVM. Des sonorités particulièrement étranges viennent accompagner cette bande-son d’un monde souterrain sombre à souhait et invivable. Les 13 minutes de "Dissolving the Divinity" vont alors abreuver l’auditeur courageux de plans torturés jusqu’à l’aliènement, avec suffisamment de passages plus lourds et rampants pour ne pas devenir indigestes. Les oreilles auront le droit à un peu de répit avec l’ambiant "Ceremonial Horns and Thunder", où l’on se laisse néanmoins encore plus emporter par les ténèbres à l’aide de cette atmosphère mystique. "Enpowerment Through Blood" va alors clore cet EP de manière tout à fait percutante, avec des riffs qui nous arrivent en pleine poire et qui prennent ici et là un tempo martelant tout à fait écrasant.

Très chaotique, Emanation est définitivement à réserver à un public « averti » capable de s’enquiller ce Death-Metal très compact et étouffant. Mais il ne fait aucun doute que les amateurs de PORTAL et consorts n’auront aucun mal à apprécier cet EP de 25 minutes très prometteur. OSSARIVM est un nouveau venu dans cette scène de Death ambiant occulte qui ne compte que peu de représentants, venant en général des terres australiennes et néo-zélandaises (ou de la Ross Bay Cult au Canada). On attendra avec impatience le premier album ou prochaine sortie de ce projet portugais sorti de nulle part, qui pourra y affirmer sa personnalité après cet EP très convaincant en son genre.
Note : 15.5/20


Rédigé par : Pamalach & ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 11777