Malgré un visuel très V.S, il n’y a rien de sanguinaire ni de barbare dans le 3ème opus du duo Moore/Matheos. Fausse vitrine ou pub mensongère, le flot de cette hémoglobine là tient davantage du long fleuve tranquille que du torrent impétueux. Et tant pis pour ceux qui avaient bavé d’admiration lors de la sortie du premier album car c’est l’esprit de "Free", le second, qu’OSI a décidé de perpétuer.

Seule différence avec "Free", le départ de Portnoy remplacé par Gavin Harrison et l’intervention au chant d’Ackerfeld sur un titre ("Stockholm"). Cela devrait faire frémir, il n’en est rien. Kevin Moore, le maître d’œuvre de ce 3ème album, n’étant pas un adepte du riff lourd et des rythmes syncopés fougueux, le ton général n’a pas évolué d’un poil et personnellement, je le regrette.

Et tout d’abord, à cause du chant de Moore. Même trafiqué par des artifices électroniques, on ne note aucune évolution positive à ce timbre morne et plat qui disparaît sous des compos déjà pas très énergiques. Tout ça manque cruellement de relief et de passion.

D’autre part, si les ambiances restent moroses, mélancoliques, ils leur manquent la beauté formelle que savent faire naître une grande majorité de formations évoluant dans le rock atmosphérique. Et pourtant, si l’on veut être optimiste, on sent un léger mieux, une progression discrète mais réelle.

Je parlais plus haut d’un manque d’ardeur; en vérité, il faut nuancer. Si l’ensemble reste bâti sur un même schéma que l’on pourrait qualifier d’apathique, quelques titres se veulent plus dynamiques et consistants : "False Start" – "The Escape Artist" – "Microburst Alert" trahissent l’influence décidément incontournable de P.Tree.

Ce n’est pourtant pas suffisant pour se défaire de ce sentiment d’ataraxie générale qui plombe l’album. Ce changement dans la continuité ne plaide donc pas en sa faveur. Enfin, la présence ici ou là de sons synthétiques et autres bidouillages « samplés » tiennent davantage du remplissage que de l’à propos. Et le fait qu’Harrison et Ackerfeld soient de la partie ne change rien à l’affaire.

Je l’ai mentionné plus haut dans la kro, d’autres groupes manient avec science l’atmo et savent le rendre attrayant. OSI n’appartient toujours pas à cette catégorie et "Blood" apparaît finalement comme une mixture fade et vite digérée, une perfusion lente de produits anesthésiants. Souhaitons qu’à la longue elle ne se transforme pas en injection létale et donc définitive…


Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 10563