Tout comme le mari de Céline Dion, Osculum Infame est rené. Après avoir cessé ses activités en 2002, la formation francilienne s'est reformée fin 2008 pour le plaisir des petits et des grands. En attendant un véritable nouvel album, Malkira (Chemin de Haine, Desolation Triumphalis) et Deviant (Arkhon Infaustus) ont réarrangé deux titres parus sur l'EP Quwm chez Battles'kr en mai dernier. Cet EP a été précédé de la compilation qui nous intéresse aujourd'hui, regroupant les deux démos Sadomatic, Impure Artgoat (1994), I'a Aem'nh S'hat'n (1995) et les deux titres d'Osculum Infame du split avec Funeral (1996). Seul le titre "Triumphal Symphony" a échappé à la rafle, ne me demandez pas pourquoi.

Je vous précise tout de suite qu'Osculum Infame ne m'a guère bouleversé jusqu'à présent. L'unique album Dor-Nu-Fauglith est tout à fait défendable mais englué dans le black de son époque, aux atmosphères mises en place à grands coups de synthé, et surfant sur une authenticité qui frise parfois la maladresse. Gageons que la réputation sulfureuse des membres du groupe n'est pas étrangère à son aura chez les fans. Mais encore une fois, Dor-Nu-Fauglith est un bon album, si ce n'est le meilleur impliquant de près ou de loin la scène toulonnaise. C'est donc l'oreille très curieuse que je me lance dans la dissection de ce petit cadeau que certains membres de la rédac ont gentiment laissé à mon attention (j'ai les noms, les gars).

Sadomatic, Impure Artgoat ne comporte pas de synthé, qui ne fera son apparition que sur I'a Aem'nh S'hat'n (malgré le clavier, ils avaient apparemment du mal à taper toutes les lettres). Dans sa première démo, Osculum se montre plus vindicatif. Le grognement des vocaux impulsant une haine notable à des trémolos convenus mais efficaces pour la période, tout ça sur fond de tacatacataca. Sur sa seconde démo, Osculum tente de conserver cette rage et d'y ajouter des atmosphères. Le résultat n'est pas forcément à la hauteur, le manque de maîtrise du bordel à touches donnant un côté très naïf à des titres comme "Satanic Revival" ou "When Signs Allow". Osculum Infame s'avère par contre toujours aussi agressif dans des titres comme "Kein Entkommen" qui clôt sauvagement la seconde démo. Les titres du split évoquent déjà plus fortement l'album à paraître.

Bon, évidemment, effet démo d'époque oblige, le son pique un peu les oreilles, notamment sur la première démo de 1994. Tout le bazar est issu de cassettes, le media le plus costaud de l'univers. Difficile à certains moments de savoir si les quelques "sauts" dans le son sont dûs à des petits pains généreusement distribués ou à l'usure du support récupéré. Le souffle est en tout cas bien audible. A noter que l'ensemble a été remasterisé par Xort (feu-Anorexia Nervosa).

Cette compilation s'avère une surprise agréable, loin du chaos sonore qu'on peut redouter concernant les enregistrements d'un âge aussi avancé. Manifesto from the Dark Age aura une valeur historique hautement appréciable pour les fans die-hard du projet français. Pour les autres, l'achat est véritablement optionnel et il vaudra peut-être mieux conserver ses piécettes pour un futur album. Ne pouvant remplir le tiroir-caisse avec TotalSelfHatred ou Stillhet, on peut comprendre que le label Ordo Decimus Peccatum rentabilise son petit catalogue avec une telle réédition, tout comme il l'a fait avec les rééditions de Portal. Libre à vous d'investir ou non. Attendons de voir ce que va nous pondre le groupe prochainement.


Rédigé par : Prince de Lu | Réédition/ | Nb de lectures : 14371