S'il ne fait pas bon de vivre en Grèce en ce moment (comme dans pas mal d'autres pays d'ailleurs), il est toujours intéressant de voir à quel point la scène metal se porte bien dans ce pays, entre les retours récents de SepticFlesh et Nightfall, la longévité des Rotting Christ et autre Necromantia et le succès croissant d'un Firewind, il est agréable de constater que de nouveaux groupes émergent et parmi eux, un dénommé Orion's Reign, dont les premiers balbutiements remontent à 2001. Après les habituelles démos et un E.P., c'est en 2008, que sort "Nuclear Winter", leur premier album, sans l'aide de label pour en assurer la promo. Par chance, les labels "Rock it Up/Ice Warrior Records" signent ce jeune groupe l'année d'après et décident de ressortir ce même premier album en 2010. Et sur ce coup, ces labels ont flairé là un groupe très prometteur, qui officie pourtant dans un style saturé qui depuis longtemps ne propose plus rien de vraiment neuf: le power metal. Mais attention, il serait réducteur d'associer ce groupe à des Hammerfall, Stratovarius et autre Edguy, car ici le groupe semble déjà avoir trouvé sa propre identité et si les influences de celui-ci proviennent en partie des groupes cités plus haut, il y a clairement plusieurs éléments qui font que ce groupe n'est pas juste un nouveau venu sur la scène, mais un groupe qui apporte clairement de la fraîcheur et même de l'originalité (soyons fous) à ce style. Mais alors comment font-ils ?

D'abord le groupe a sa recette définie faite à base de riffs énergiques et d'harmonies maidenniennes ("Admidst The Battle" au refrain conquérant d'entrée donne l'exemple), soutenus par des nappes de claviers en totale osmose avec les guitares ("Nuclear Winter") ou qui s'élancent dans des duels guitares/claviers que ne renieraient pas Stratovarius comme sur le monstrueux titre instrumental "Steel Horizons" au tempo dès plus endiablés. S'ajoutent une session rythmique tenue de main maître par le batteur Noël, qui nous illumine de sa précision et sa vitesse à plus d'une reprise, tout en utilisant la double pédale avec parcimonie et intelligence. Là est la différence avec les groupes de power metal qui n'alternent pas les tempos et qui s'enfoncent dans une monotonie insipide. Et puis le chanteur, il faut bien que j'en parle un peu, car souvent il est le point fondamental d'un groupe dans ce style; si au début il m'a un peu rebuté par ses quelques envolées dans les aigus (qui au final ne sont pas si nombreuses), il a fini par me convaincre complètement. Par contre, difficile de comparer son timbre de voix à un autre chanteur (et pourtant c'est pas faute d'avoir cherché), mais pour faire gros, c'est un croisement entre un Bruce Dickinson (années 2000) et un Joe Amore (Nightmare). Sa prestation est ahurissante, lors de moments épiques, comme sur le fédérateur "Oldead", un hymne "guerrier" en puissance, qui atteint son paroxysme sur un refrain fabuleux. D'autres grands moments prouvant sa maîtrise vocale notamment sur la trilogie "Beyond Eternity": la première partie plus en douceur, nous fait voyager grâce à des orchestrations et des guitares sèches accompagnant l'insistance de Giannis Kompatsiaris sur les mots, alors que la deuxième partie nous fait profiter à partir des 2min00, d'un duel schizophrénique du chanteur qui alterne deux types de voix, nous donnant l'impression d'assister à une pièce épique tout en tenant l'auditeur en haleine. Impressionnant ! Et de là est né le sentiment que cet album donne régulièrement l'impression d'assister à une pièce de théâtre. Le morceau-titre qui alterne chant clair/extrême en est un bon exemple avec son refrain très théâtrale renforcée par une voix de cantatrice et l'impression se confirme sur "A Way Out" dont le tempo déjà rapide à la base s'accélère soudainement sur un refrain qui, paradoxalement est vocalement bien plus dramatique et mélodieux. Cet aspect théâtral n'est par contre pas comparable à un groupe comme Rhapsody, car ici il est utilisé à bon escient !

Que dire de plus ? Ah si, "Darkness Comes" est un titre parfait pour s'éclater en concert porté par un mid tempo imparable, où le flot incessant de paroles sur le pré-refrain et ce dernier nous prend dans la tourmente, le tout soutenu par des orchestrations apportant profondeur et beauté (il est d'ailleurs dommage que ça ne soit pas un vrai orchestre !). Ceci me fait d'ailleurs penser que si le groupe a une formule (gagnante), c'est parce que chaque morceau est différent de l'autre, et chacun a son côté accrocheur que ce soit sur le refrain, les riffs, ou même l'utilisation des claviers ! Et puis le groupe a en son sein un excellent guitariste soliste, Michael Batistatos qui rivalise avec Marty Friedman et son légendaire solo sur "Tornado of Souls", sur le morceau ouvrant l'album "Amidst the Battle" ou nous claquant des soli à 2000 à l'heure ("A Way Out", "Beyond Eternity, pt.III") qui à aucun moment n'écœurent. Et honnêtement c'est toujours une bonne chose que d'avoir un guitariste d'un aussi bon niveau, ça nous évite d'avoir les sempiternelles solos habituels, qui ne procurent aucun plaisir !

Bref pour un 1er album, le groupe frappe fort, le seul petit hic étant la production un poil faible et un mixage où les guitares sont trop en retrait, au profit de la batterie. Si vous recherchez un album de heavy/power metal accrocheur, qui baigne dans un halo d'originalité, ce "Nuclear Winter" vous est fortement conseillé !




Rédigé par : gardian666 | 16.5/20 | Nb de lectures : 12464