On nous rabâche depuis quelques années maintenant, depuis que le téléchargement est quasiment devenu avec l'arrivée du haut débit un phénomène culturel, voire une sorte de ces petites habitudes avec lesquelles on vit, que tout cela conduira à la mort certaine de tous les petits groupes, pour ne laisser qu'une poignée de mégastars jouissant encore de ventes conséquentes et capables d'attirer encore assez de monde en concert pour faire des tournées rentables.

On en arrivera peut-être là, mais certainement pas sans se battre, si on en juge par la vivacité et la pugnacité de tous ces groupes de l'Underground qui, à défaut de label pouvant se permettre de prendre en charge les frais inhérents à l'enregistrement d'un album, décident de se démerder seuls. ORIGIN'HELL fait partie de ceux-là et c'est donc par l'intermédiaire de sa structure Grave New World qu'il sort son troisième album, « Thirst For Blasphemy ». Enregistré à l’Épisodique Studio, à Vitré (35), il ne vous enverra pas valdinguer comme une prod Andy Sneap peut le faire, mais vous charcutera bien les tympans tout de même avec un son particulièrement rugueux, surtout au niveau des guitares. Une prod très agressive qui, après s'y être habitué, renforce le plaisir ressenti face à ces neuf assauts de Thrash à l'ancienne que les Bretons ont gonflé de quelques riffs et blastouilles Death.

La ressemblance de quelques passages avec d'autres groupes plus connus n'échappera à personne, mais ORIGIN'HELL s'en sort en proposant de bonnes compos à la fois rageuses et mélodiques, qui évoquent ces influences mais ne les plagient pas. ORIGIN'HELL aime en effet les clichés et en joue avec le savoir-faire d'un groupe qui maîtrise parfaitement son sujet ; c'est ainsi que « Thirst For Blasphemy » n'est pas qu'une succession de morceaux joués aussi vite que possible avec un hystérique hurlant dans son micro... non, ce n'est pas. C'est avant tout une compilation de thrasheries comme tous les amateurs les aiment : rapides, aux rythmiques qui cisaillent, aux breaks headbangants, aux riffs bien sentis et aux fins de morceaux parfois surprenantes, comme celle de « Barbarian Solution », dont le riff aurait à lui seul pu servir de base à un morceau entier. Le groupe, qui fête cette année ses dix ans, était à l'origine un groupe de reprises dont le registre s'étendait de MARDUK à THERION en passant par les incontournables SLAYER, entre autres. Ce n'est donc pas surprenant de retrouver un peu de tout ça dans les compos blasphématoires de l'album, dont le Thrash forme la solide ossature. Le Black Metal n'est plus véritablement présent qu'au niveau du chant, à moins que ces hurlements ne puissent peut-être finalement être rapprochés que d'une sorte de haine primitive, à peine tempérée par de timides growls death. La fin du disque est légèrement plus brutale et orientée Death Metal mais « Thirst For Blasphemy » est quoi qu'il en soit très homogène et donne envie, une fois les dix plages écoulées, de le réécouter, ce à quoi je ne me serais pas attendu lors de l'écoute des titres présents sur MySpace, qui m'avaient donné l'impression que le disque d'une telle agressivité sonore qu'il en serait peut-être pénible à écouter malgré les bonnes choses qu'ils contenaient.

Pour terminer cette kro, quelques lignes Télé Achat puisque « Thirst For Blasphemy » est disponible dans une version « pack » accompagné du précédent album, « Still More Suffering », pour 15 euros seulement. À noter également que les paroles des chansons sont imprimées dans le livret, ce qui vous donnera l'occasion de lire celles, délicieuses, du titre qui clôt l'album, « We Fuck Nuns »...


Rédigé par : Dungorpat | 14,5/20 | Nb de lectures : 12892