Ca commence par un choeur infernal enchaîné avec un blast impitoyable. Yeah!! Y'aurait-il du Septic Flesh dans le second album de ce combo grec?? Oui et non. Oui, tout d'abord car Lethe était un régulier de la formation hellénique (Akis Kapranos, également batteur entre autres pour Nocternity et Necromantia). Non, car OOTEH est loin du style orchestral du regretté Septic Flesh, à part quelques samples et un solo. Evacuons donc immédiatement cette référence pour nous concentrer sur le rendu du travail de composition. Dans cet album, l'ordre de la main Ebon (nom tiré d'un jeu de cartes) nous gratifie de deux aspects, une baffe se mettant en aller-retour pour en augmenter l'effet.

Le premier aspect est un black rapide, très rapide même et assez impitoyable. Ils sautent aux oreilles dès les deux premiers titres ("For Marchosias" et "To Alloces"). Les parties changent assez peu et c'est l'efficacité qui prime avant tout. Il faut accrocher immédiatement à la batterie blastée, car ses parties sont longues et volontairement monotones. Les riffs sont, par contre, bien sympathiques et mélodiques. L'accroche est immédiate pour un amateur de black mélodique norvégien. Mais là encore, ils ne sont pas nombreux dans les 4-5 minutes que durent un morceau. De subtiles nappes de clavier viennent rompre la rigidité de l'ensemble, de manière discrète. Par un solo, un pont bien trouvé, OOTEH arrive toutefois à conserver intact l'intérêt de l'auditeur. J'avoue qu'il m'a fallu de multiples écoutes pour pénétrer l'univers froid et peu accueillant du combo sur ce premier aspect.

Puis, à partir du troisième titre, apparaît le second aspect du groupe. Alors que l'on pense avoir gagné du blast ininterrompu pendant 40 minutes, OOTEH enchaîne avec un interlude et assène un morceau plus lourd où une voix hurlée et les claviers prennent le devant ("Gateway to Silence"). Le tempo est divisé par Pi, la batterie se permettant à peine quelques coups de double. Et là, ça devient bon. Une fois l'auditeur pris au piège, le solo de saxophone de "Gateway to Silence" passe comme une lettre à la poste dans un morceau lent plus digne d'Hypocrisy que d'Immortal. Impossible alors de résister à l'assaut de cette fin d'album où OOTEH alterne black blasté impitoyable avec passage plus atmosphérique lourd avec des samples/claviers en avant. Le mélange entre les deux styles devient plus flagrant au fil des morceaux. Pour le plus grands bonheur des oreilles, les morceaux s'enchaînent mais ne se ressemblent pas ("Spellbound" est emblématique car ce titre n'a rien à voir avec la choucroute). Les ambiances varient, appuyées par l'excellent travail sur les voix. Alors que je n'aurais pas parié un centime sur un album comportant des compositions aussi différentes les unes des autres, je suis séduit...

Il est temps de revenir sur une affirmation du début de cette chronique: il y a bien du Septic Flesh dans ce groupe. Pas la dimension lyrique, ni le travail d'orchestration de Septic Flesh, mais la volonté de proposer une musique hors norme et très personnelle, se jouant des étiquettes. Plus direct et plus "live" que son aîné, OOTEH devrait pouvoir trouver plus facilement son public. C'est en tout cas tout le mal que je leur souhaite. En attendant vous pouvez vous régaler d'un excellent album, à découvrir pépère chez soi pour se plonger dedans de tout son être. Une très bonne surprise de ce début d'année pour des oreilles grandes ouvertes.




Rédigé par : Prince de Lu | 16/20 | Nb de lectures : 10637