Il se sera fait désirer ce premier album des Essonniens d'ORAKLE (presque autant que cette chronique répondront les intéressés et ils n'auront pas tort) ! Près de trois ans le séparent de leur dernier Mcd dont la sortie correspondait plus ou moins aux dix ans du groupe. A leur décharge le groupe et son label semblent avoir mis les petits plats dans les grands au regard de la durée de cet "Uni aux cimes" mais également au niveau de l'artwork et de la production (l'album a été enregistré dans le défunt Studio Melancholia vandalisé et incendié en juin dernier).

Le plus édifiant, à l'écoute de cet album, est cet écart de maturité avec le mini "L'ineffable émoi... de ce qui existe". Le BM atmosphérique à la fois vengeur et dépressif de l'époque a cédé la place à un BM beaucoup plus incisif, rythmé et rigoureux. Annoncé comme du "métal extrême sophistiqué" (qui n'est pas sans rappeler le "Sophisticated Black Art" d'EMPEROR), "Uni aux cimes" est incontestablement plus travaillé, plus épique que son prédécesseur. Le style est maîtrisé et tutoie presque les productions Norvégiennes du milieu des 90's. Car c'est bel et bien du côté de groupes tels qu'EMPEROR, old-BORKNAGAR et old-ARCTURUS que l'on se tourne lorsqu'il faut parler des influences d'ORAKLE. On y retrouve ce riche BM bourré de contrastes où plages acoustiques se dérobent brusquement pour révéler de somptueuses ascensions vengeresses auxquelles se greffent des chants clairs magistraux. Les textes sont toujours dans la langue de Molière et ont, eux aussi, bénéficié d'une attention toute particulière. Le chant qui les porte est bien plus assuré que par le passé et, Ô joie, jouis toujours de cette ressemblance avec le chant de Garm à ses début au sein d'ARCTURUS et de BORKNAGAR (amis nostalgiques voilà de quoi gâter vos esgourdes !).

Pour autant "Uni aux cimes" n'est pas exempt de défauts qui, pour la plupart, trahissent l'expérience du premier album. Au fil des écoutes, certains riffs très personnels sont noyés par des parties plus convenues dont la longueur ou la répétition font perdre de la dynamique aux morceaux. Bien entendu cet aspect est à nuancer suivant les perceptions de chacun et, ORAKLE n'étant pas connu pour faire des titres de trois minutes, il y a fort à parier que cette démarche est volontaire. L'autre "reproche" que l'on pourrait formuler est, quant à lui, beaucoup moins discutable et concerne le mix. Un mix qui ne met pas en valeur ce qui, musicalement, devrait l'être : le chant. Messieurs, lorsque l'on a la faculté de composer et d'exécuter d'aussi belles lignes de chant clair, c'est un crime que de les occulter par une batterie et des guitares un brin sur-mixées ! Sans doute le groupe a-t-il été victime du syndrome EMPEROR période "Anthems...", mais rappelons qu'à cette époque Ihsahn était loin d'être un virtuose (en témoignent les dates de tournées qui ont suivi mais je m'égare...).

"Uni aux cimes" n'en reste pas moins un très bon album de Black mélodique et devrait permettre au groupe, s'il continue sur sa lancée, de se hisser avec aisance sur le devant d'une scène qui, malheureusement depuis la fin des 90's, n'a de cesse de faiblir.

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