1990. Petit padawan que je suis, je découvre par l’intermédiaire du premier volume de la compilation ‘Death Is Just The Beginning’ sortie par Nuclear Blast, qui était alors encore loin de devenir ce supermarché du ‘n’importe quoi metal’ qu’il est devenu. Ce fut une révélation, tant cette caverne d’Ali-Baba regorgeait de groupes de death-metal qui allaient par la suite bercer ma tendre adolescence faite d’appareil dentaire, de soirées arrosés au Banga et de plans loose. Mais je divague… Coincé entre Atrocity, qui avait encore toutes ses couilles, et Dismember (« defective decayyyyyyyy ! »), j’y découvrait Incubus via le titre « Massacre Of The Unborn ». De la petite bombe ces quatre minutes, du bon thrash/death des bois, entre Sepultura période ‘Beneath The Remains’ pour la vivacité et les débuts de Death pour l’agressivité, produit par l’omniprésent Scott Burns en Floride. Hélas, je ne savais alors pas que l’album dont était tiré cette belle quecla dans la chetron (‘Beyond The Unknown’) allait être le dernier signe de vie de ce groupe, constitué par deux frères d’origine brésilienne ayant émigré aux Etats-Unis, avant longtemps…

En 2000 et un changement de nom plus tard, dû non pas à cause de l’éphémère groupe du même nom de Mike Browning de Nocturnus mais au pseudo-combo de néo-metal à gonzesses que vous connaissez hélas tous sûrement malgré vous, Incubus étant devenu Opprobrium, le groupe tentait un comeback avec ‘Discerning Forces’ qui en a touché une sans vraiment faire bouger l’autre à 99,9% de la population métallique, avant que le tout ne retombe très rapidement dans l’obscurité.

Alors que leurs trois albums viennent d’être réédités, les deux premiers ressortant officiellement sous l’étiquette Opprobrium pour raisons légales, voilà pas que les frères Howard tentent un nouveau comeback. Sans crier gare, ils sortent donc du bois avec ce nouvel album enregistré l’été dernier toujours à Tampa mais loin, très loin du Morrisound visiblement, vu la prod’ à trois francs six sous que le duo s’est payé. Clin d’œil aux vieux fans (c’est-à-dire, euh, pas grand monde) ou simple coïncidence, sur les photos promo le guitariste, chanteur et principal compositeur, Francis Howard, exhibe le même t-shirt du ‘Punisher’ qu’il portait pour les sessions photo de ‘Beyond The Unknown’ dix-huit ans plus tôt, comme pour bien souligner combien ‘Mandatory Evac’ fait tout pour le marquer à la culotte, comme si seulement une année ou deux s’étaient écoulées seulement depuis sa sortie. Pour le meilleur et, hélas, surtout pour le pire…

Car oui, le style d'Incubus/Opprobrium n’a pas vraiment bougé d’un iota, avec toujours une Rango dans le camp du thrash et l'autre dans celle du death. Pas d’influences prog, pas de mélodies (quoi ?!) gnangnant, pas de claviers… Nan, mes cochons, on fait tout comme en 1990 ! Le hic est que leur prod’ a, elle, limite régressé. Alors oui l’argent ne fait pas le bonheur et encore moins le talent, mais quand votre album est déjà handicapé par une exécution un peu mollassonne et peu aidée par des années d’inactivité, on évite alors de le sabrer un peu plus en le produisant dans sa cave. Mais le vrai problème est que non seulement aucun titre ne nous pousse à vraiment secouer la chevelure mais en plus, lorsque le groupe appuie sur la pédale d’accélérateur, il pédale carrément dans la choucroute, rappelant alors Mortification dans ses pires moments. D’ailleurs, tant qu’on y est dans le ‘white metal’, les accusations de prosélytisme portée à l’encontre des frères Howard semblent fondées lorsque l'on se penche sur ses textes un peu naïfs censés représenter des êtres humains affrontant des situations désespérés. D’accord, ce n’est pas du « Jésus, Jésus revient » de base comme justement Mortification mais c’est pas la teuf quand même. Y a pas dire, rien ne vaut un bon ragoût de zombies lorsque l'on fait du death-metal ma bonne dame. Quant à la pochette, vous savez ce caca censé évoquer l’arrivée d’un ouragan (oh, la métaphore subtile), histoire de rester poli, j’éviterai d'en parler et d'en rajouter une couche parce que la coupe est bien pleine et je vois déjà les yeux humides de certains… Hélas oui, même si l'illusion tient à tout casser la route deux morceaux.

Bref, tout cela nous fait encore un retour bien raté par un groupe certes mineur, mais qui aurait pu faire grandes choses s'il ne s'était pas pris les pieds dans le tapis. Misère, m'en vais réécouter ‘Beyond The Unknown’ pour oublier tout cela, tiens…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 07/20 | Nb de lectures : 11367