Opium du peuple est un combo de punk rock "albigeo–basque" qui a fait de la cover sa spécialité. Bon, rien d'extraordinaire me direz-vous, mais ici l'originalité vient du fait que seules des chansons de variété françaises sont reprises... et à la sauce keupon s'il vous plait (pas de supplément frites). A noter la rapidité du service puisque la commande a été préparée avec moins de 10 jours de répétition !
"Best off" est donc le petit nouveau et déjà le deuxième album du combo.
Après un premier essai qui m'avait franchement enthousiasmé (le skeud a tourné en boucle pendant des semaines), j'étais plus qu'impatient d'écouter la nouvelle galette.
"Sex, drugs et variété" croquait avec mordant et originalité des chansons aussi diverses que "Le Sud" de Nino Ferrer, "Là-bas" de Goldman, "Marche à l'ombre" de Renaud ou encore "La tactique du Gendarme" de Bourvil.
Bien produit et très bien interprété, ce skeud était un véritable régal, d'autant plus qu'il était clôturé par "Punk Rock Collection", pastiche de la chanson de Voulzy où le groupe voyageait dans le monde du païnk en reprenant les classiques des Ramones, NOFX, Béruriers Noirs, Sherifs, Parabellum etc. un pur moment de bonheur pour qui a un jour porté des gros godillots au pied.
Je faisais, au moment où j'ai découvert la chanson des ODP, une cover avec mon groupe qui s'appelait metal Kollection... je vous jure que c'est vrai ! Mais j'ai dû reconnaître qu'ils le faisaient avec infiniment plus de talent que nous et on a laissé tomber l'idée.
Bref, maintenant que l'effet de surprise est passé et que l'on attend tous ce disque avec impatience, quid de ce "Best Off" ?

Avant tout, et en tout cas en ce qui me concerne, je n'apprécie que très rarement une cover d'une chanson que je détestais à la base. Il faut vraiment que le groupe y apporte quelque chose pour que cela me touche. A la vue de la track list, je me suis dis que c'était pas gagné vu que je déteste Lorie, Céline Dion et qu'ils ont même osé reprendre l'infâme téléphone qui pleure.
Je sais que les plus metalleux d'entre vous se disent déjà qu'un groupe de punk qui reprend de la chanson française c'est du déjà vu... et que vu le caractère minimaliste que peut parfois avoir le punk, ça peut rapidement devenir ultra Gavas.
Mais ODP a plus d'une corde à son arc et utilise le Hardcore, le metal, le ska et la surf music pour remodeler les chansons qu'ils ont choisies (enfin si vous êtes allergiques au punk, ça va pas être facile pour vous).
Avant de passer aux chansons à proprement parlées, il faut que vous sachiez que le groupe à trois armes redoutables : son humour, sa capacité d'arrangement et son batteur.
On sent le fun tout le long du disque, il y a plein de rebondissements, et le tout est boosté par MONSIEUR Machine qui brille une fois de plus sur cet opus. Le batteur basque joue aussi dans un autre groupe qui s'appelle P.I.B all stars si vous avez envie d'en entendre davantage.
Ne vous attendez pas à une démonstration technique car vous serez déçu. Le gars joue simplement, mais frappe fort et juste et chacune de ses accélérations fonctionne comme un véritable V8 pour le groupe.
Les autres ne sont pas en reste car les guitares et basses sont très efficaces et le chanteur, sorte de Lemmy tarnais au niveau de la voix, est beaucoup plus précis dans ces notes que ce qu'il a l'air au premier abord. Sans révéler leur identité tenue secrète, les musiciens jouent tous dans des combos bien rodés comme Condkoi, Dirty Fonzy, Skunk et les Unco. Pas des arrivistes donc.

On va donc commencer par les bonnes surprises.
Avant tout la superbe "Les corons" du regretté Pierre Bachelet, dont le clip a été tourné à Carmaux (home sweet home) rendant ainsi hommage (en tout cas je l'espère) aux mineurs de la région. La chanson retrouve vraiment une seconde jeunesse et je propose que les "sang et or" envoient la cover au stade avant les rencontres de leur équipe fétiche... ça devrait motiver les joueurs.
"L'aigle noir" de Barbara, arrangé à la sauce punk – Ennio Morricone et rehaussé de cuivre, semble trouver une nouvelle identité au travers de ce nouvel esprit.
Pour "Chanson pour l'Éthiopie" les ODP ont rassemblé beaucoup d'invités avec Papa Schultz de Parabellum, Flockos et Foetus des Ultra Vomit, Reuno des Lofos et bien d'autres... cette "all stars song" vous file un joli sourire qui n'est pas près de vous lâcher (ah merde on sourit pas chez nous). Un sacré gueuleton musical qui fait du bien surtout après le mal qu'ont fait les enfoirés à Kiss en massacrant la déjà pas terrible "I Was made for loving you" (il y a des choses que le gouvernement français ne devrait pas laisser faire).
"Maigrir" de Sanseverino est très bien arrangée et sonne d'une façon très différente de l'original. Un joli travail au niveau des guitares et des ambiances.
"La Maison bleue" de Maxime Le Forestier est toujours aussi mélancolique, "L'Amérique" de Joe Dassin semble toujours aussi séduisante, et même "Que je t'aime" de notre Elvis national passe comme une lettre à la poste.

"Si j'avais un marteau" (avec quelques petits couplets rajoutés "trop Carnaaaaage") fait oublier que la chanson originale n'était quand même pas terrible et qu'il fallait mettre un sacré coup de rouge pour qu'elle commence à tacher.
"J'ai besoin d'amour" de Lorie n'a elle par contre pas réussi à me convaincre, pas plus que "Pour que tu m'aimes encore" de Céliiiiiine, mais je le répète, je haïssais ces chansons à la base. A vous de juger.
La fausse note vient pour moi du "Téléphone pleure". Les gars ont remplacé la voix de la petite fille par la voix de Stallone (imité par le chanteur mais ça c'est rigolo) et la voix de Claude François par Didier Wampas (là c'est moins drôle).
Certains vont peut-être aimer et en rire, mais en ce qui me concerne, j'ai trouvé la prestation du sinistre individu, catastrophique.
Le gus chante faux à de nombreux moments et si l'effet recherché était de vouloir faire rire, je trouve que c'est insupportable. Vous l'aurez compris je n'aime les Wampas et je n'aime pas trop le chanteur qui ne m'a jamais convaincu musicalement alors que je ne suis pas réfractaire aux musiciens qui jouent comme des pieds (pour preuve j'aime bien Tim Amstrong).
Dommage car l'idée était bonne et la voix de Stallone vraiment bien imitée.
J'évite donc soigneusement cette piste pour me consacrer sur les autres, et je dois dire qu'au final, je ne suis vraiment pas déçu de ce "Best Off". Pour ceux qui ont aimé le premier... foncez. Et pour les autres foncez aussi.
J'ai bien conscience que certains d'entre vous vont écouter les chansons une fois, rire un peu et passer à autre chose. Ceux-là ne comprendront peut-être pas pourquoi j'ai mis 16.5/20 à un groupe qui se contente de faire des reprises.
Ben en fait, j'ai envie d'entendre le groupe faire d'autres covers de qualité... c'est tout. Il existe peu de groupes de covers de talent mais il y en a quelques-uns (les Punkles, Beatallica) et leur musicalité n'est plus à prouver.
J'apprécie les groupes comme ça et je ne pense pas qu'il faille les considérer comme des groupes de seconde zone. Ils méritent plus que ça.
Bien souvent, lorsqu'un groupe de punk ou de metal reprend une chanson "non rock" il y a toujours une part de parodique. Les musiciens n'avouent pas systématiquement (loin s'en faut) qu'ils aiment la chanson qu'ils reprennent. J'ai déjà lu que certains voulaient "Cabosser", "salir" ou "désacraliser" la chanson originale en la faisant copuler avec le binaire (malheureusement, certains groupes, en voulant rendre hommage, pourrissent les morceaux qu'ils adorent).
Mais tout pounkes qu'ils sont, les ODP semblent avoir une forme de respect et d'affection pour les chansons qu'il reprennent, ce qui est plutôt courageux quand on voit combien le "patrimoine" de la chanson française est négligé (voire rejeté) par les musiciens rock français. A leur manière, ils continuent de faire vivre des chansons en les décorant avec leurs épingles à nourrice, et les repopularisent auprès d'un public qui les aurait peut-être qualifiées de "vieilles merdes" s'ils ne les avaient pas dynamitées par des doses massives de nitroglycérine. Opium du Peuple, la France te dit merci.


Rédigé par : pamalach | 16.5/20 | Nb de lectures : 13943