"Watershed" est le premier album d'OPETH sans Peter Lindgren, et l'une des grandes questions était de savoir si la différence se verrait, celui-ci apportant sa touche flower power à l'entité. Eh bien, en fait, on retrouve le groupe là où on l'avait laissé après "Ghost Perdition". A l'époque, souvenez-vous je n'avais pas été totalement subjugué par cette livraison, au goût de trop "classique" pour ce groupe quand même assez hors du commun...

Mickael Akerfeld règne en maître sans partage sur son navire, qu'il dirige de main de maître justement, il faut bien le dire; il s'occupe de tout et signe l'intégralité de l'oeuvre en composant l'ensemble évidemment, mais aussi en prenant part au livret, et à l'enregistrement. Le son de cette nouvelle galette est d'ailleurs magnifique, que soit les parties acoustiques, les arrangements avec instruments à cordes ou orgue, les riffs bourrins, les voix claires (magnifiques!) ou death... Tout est en parfaite osmose ici. Il assure évidemment tout le song writting, et sa patte est immédiatement reconnaissable.

Ce nouvel album nous propose un nouveau voyage entre le death, le prog, un peu comme si les albums "Damnation" et "Delivrance" se retrouvaient finement entrelacés. Le premier titre, court et très planant, est tout acoustique, avec chant féminin (assuré par Nathalie Lorichs, une chanteuse folk suédoise), et est tout simplement beau; même s’il n’a pas grand grand-chose à voir avec le reste, il s’y intègre à merveille. C’est là la grande force d’OPETH, nous faire passer des titres qu’ailleurs on trouverait bien mièvre.

Le Death réapparaît juste derrière, avec des riffs puissants, mais pas extraordinairement bourrins (pour cela, allez voir BLOODBATH); d'ailleurs la double grosse caisse explose aux bons moments, mais jamais tout du long. A ce sujet, il faut reconnaitre la justesse de son emploi, et la qualité des parties de batterie (comme d'habitude): imaginez des passages calmes, en chant clairs, mais soutenus par la double à plein régime, c'est tout simplement jouissif (le final de "Porcelain Heart" par exemple).

Je n'ai pas envie de parcourir ici les sept titres de la galette, car chacun apporte sa touche particulière, et qu'à mon avis chaque auditeur se doit de vivre cette expérience personnellement. Maintenant sachez que l'immersion totale en vaut plus que la chandelle, l'ensemble étant un trip impressionnant. Certes le Death est de plus en plus lointain, les voix claires dominant la situation. En revanche les nombreuses ambiances distillées sont un vrai voyage éthéré, qui commence dès le livret. Moi cela m'évoque le film "The Others", avec des fantômes bien présents. Les nombreux passages à l'ambiance 70ies, que l'on aurait pu croire désormais abandonnés, sont encore plus marqués - merci orgue ("The Lotus Eater"), clavier, son des grattes et herbe qui pique - et donnent toute une sensibilité à l'album. Bien joué le final de "Burden" avec désaccordage progressive dela guitare. Bravo aussi pour l'intégration discrête mais bienvenue des parties avec instruments à cordes. De plus, les riffs lourds et les mélodies travaillées évoquent souvent le Doom Death de la meilleure facture. Bref je pense à MY DYING BRIDE ("Porcelain Heart" et cette mélodie lanscinate qui le traverse), mais aussi à LED ZEP en écoutant ce disque. Je pense aussi beaucoup à l'évolution d'un ANATHEMA, vue la déferlante de passages en guitare sêche, qui nous ramènerait presque aux premiers albums du groupe.

Bref OPETH évolue tout en restant lui-même. Il nous propose avec son nouveau line-up un album à dévorer à pleines dents (surtout le tryptique "Burden" - "Porcelain Heart" - "Hessian Peel"), alors certes pas pour se martyriser la nuque mais bien pour profiter d'une musicalité parfaite, et d'ambiances magnifiques. Le nouveau gratteux se montre totalement à l'aise, et les soli sont nombreux et de grande qualité mélodique (évidemment). Un sans faute pour moi, si ce n'est le gout douteux de la photo en back cover de l'album... surprenante et interrogatrice.


Rédigé par : BozKiller | 17/20 | Nb de lectures : 17120