Fait inédit dans la carrière de Oomph!, un de leurs albums a un titre composé de plus qu'un pauvre petit mot. Après les "Sex", "Defekt", "Sperm", "Wunschkind", "Unrein", "Plastik" ou autres "Ego", l'effort est louable quoique évidemment anecdotique. Ce huitième album annonce-t-il un changement ? Certainement oui. Le premier single "Augen auf", qui s'incruste dans les crânes pour ne plus en ressortir avant belle lurette, avait déjà donné une bonne idée de ce que serait le Oomph! version 2004. Le fan indécrottable que je suis depuis leurs débuts n'avait pas forcément apprécié le ton bien trop modéré de "Ego" même si, à l'usure, cet album était tout à fait honorable. Je me languissais toutefois de réentendre les brûlots d'electro-metal qui m'ont tant enthousiasmés sur "Unrein" ou "Wunschkind".
Une fois de plus, les allemands ne sont pas des radins. L'édition limitée offre trois excellents bonus tracks (disséminés et non pas mis à la fin) et une vidéo en plus des douze titres déjà existants. On arrive donc comme d'habitude à un album d'une durée assez conséquente de plus de 67 minutes. Alors que cette durée était un peu génante sur le précédent disque, ce n'est pas du tout le cas ici et je constate que la qualité du songwriting est de nouveau optimale et que le génial single cité plus haut s'est trouvé quelques comparses de choix comme l'entraînant "Wenn du weinst" où l'on est surpris d'entendre Dero s'égosiller comme à la grande époque. Je citerais également le charmant "Burn your eyes" qui perpétue la tradition d'alterner titres en anglais et en allemand. Sur "Wahrheit oder Pflicht" le ratio est largement en faveur du teuton avec un score de 12/3. C'est un moindre mal car j'ai personnellement toujours préféré leurs chansons en allemand (sauf "Supernova" bien sûr). On trouve aussi des titres plus groovy qui ne semblent plus traîner la patte comme certains du passé comme "Dein Weg", le sautillant "Dein Feuer" ou le très popisant "Tief in dir". Une autre référence qui fera mal en concert est née avec l'excellent "Nichts (ist kälter as deine Liebe)" qui fera sûrement couler quelques litres de sueur supplémentaires. Je pourrais ainsi citer chaque titre de l'album qui possède sa petite particularité et aucun d'entre eux ne semble vraiment être faible ou dispensable. L'album s'écoute d'une traite sans lassitude et on peut dire que "Warheit oder Pflicht" est peut-être la galette que j'aurais attendu après "Unrein" en 1998. En éludant volontairement leur période électro des débuts, on tient ici une parfaite synthèse de ce qu'ils ont fait sur leurs 5 précédents albums. On trouve un peu de l'agressivité des numéros 3 et 4, la variété du numéro 5 et les mélodies et le groove des numéros 6 et 7. C'est largement suffisant pour que j'y trouve mon compte et je suis heureux de constater que ce groupe a enfin le succès qu'il mérite (premier des charts des singles allemands) en ne reniant pas le style qu'il a progressivement crée au fil des ses déjà nombreuses années de carrière. Dero est devenu un des meilleurs chanteurs de la scène européenne - son interprétation de "strangers in the night" a cappella à Bruxelles en a fait chavirer beaucoup - et les prestations scéniques du groupe sont toujours aussi dynamiques.
"Warheit oder Pflicht", grâce à son sens de la mélodie étonnant, ses arrangements soignés, son interprétation parfaitement carrée et son chanteur aux capacités surmultipliées se pose donc comme un des meilleurs albums de la discographie d'un des groupes les plus attachants que je connaisse. Personnellement il arrive juste derrière "Wunschkind" dans mes préférences et je ne pensais sincèrement pas qu'ils seraient encore capables de pondre un disque aussi bon. Certains de mes collègues kronikeurs dispensent allègrement des notes ultra-élevées à des albums de heavytoutpourri, ce qui a le don de m'agacer au plus haut point. Je ne vois pas pourquoi je me priverais et j'attribue une sentence tout aussi méritée pour un disque en tout point excellent.


Rédigé par : Loufi | 18/20 | Nb de lectures : 9926