Si je vous dis groupe français en six lettres dont la dernière est un « A », la plupart d’entre vous me répondront GOJIRA, d’autres DAGOBA. Les nuls en maths me répondrons peut-être LOFOFORA quant au plus pervers d’entre vous, sans hésiter, ils hurleront Dalida… Pourtant c’est d’un tout autre groupe dont il s’agit. Le groupe français qui aura fait sienne l’année 2008. Deux albums coup sur coup, des semelles usées chaque week-end sur toutes les scènes de France et surtout une signature sur un label mythique, Goodlife Recordings, le terrain de jeu du H8000. Ce groupe, c’est ONESTA. Honnêteté en italien. Et le groupe porte extrêmement bien son nom. Car si un qualificatif définit le gang francilien, c’est bien celui-là. Honnêteté dans la démarche, dans l’attitude, dans la musique et dans la passion qu’il met à jouer sur scène, semaine après semaine. Et cette honnêteté a fini par payer car après avoir conquis l’Hexagone, ONESTA s’attaque maintenant, via Goodlife, à l’Europe entière.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, les gars jouent du NYHC, ne s’en cache pas et n’en ont pas honte une seule seconde. Ils se définissent d’ailleurs eux-mêmes comme du « NYHC from Paris ». On ne pourrait être plus clair. L’influence majeure, pour ne pas dire la seule, est MADBALL, LE combo dépositaire des clés du style. Eh bien, les Français les leur ont piquées pour en faire un double et s’emparer du terrain de jeu des New-Yorkais. C’est bien simple chez ONESTA, tout respire MADBALL, même le logo du groupe. Comparez la pochette de « We Got Game » et celle de « Hold It Down », vous verrez, la ressemblance est frappante. Mais en musique, c’est un peu comme en cuisine, ce qui fait la saveur d’un plat ce ne sont pas les ingrédients mais le talent du chef, sa manière personnelle de les intégrer, les marier et les préparer. Et derrière les fourneaux, les Parisiens ne sont pas des manchots, loin de là. Déjà le groupe bénéficie, comme sur « Bact To Reality » d’une prod en béton. Mais cette fois, comme si le groupe voulait renforcer son identité « from Paris », c’est Francis Caste qui s’est chargé de donner de l’épaisseur au son d’ONESTA et de lui permettre de rivaliser avec les grosses machines du genre. Leur son est nickel mais pas lisse pour autant, Francis n’a pas oublié de leur donner cette vibe raw et legèrement hip hop typiquement hardcore.

Niveau compos, le groupe reprend les choses pile-poil là où il les avait laissées. Des morceaux courts, une rythmique typiquement hardcore, des riffs incisifs, groovys et des refrains ronge-crâne. Le combo connaît son art comme sa poche et sait appuyer là où ça fait mal. Je retiendrai le titre éponyme « We Got Game », et son refrain scandé façon Boulogne Boys et « What A Wonderful World » avec ses chants gospels qui filent des frissons et donne un petit côté tragique au morceau. Chaque membre du groupe est à sa place, Mario et Romain assurent une assise solide sur laquelle viennent se greffer les riffs efficaces, à défauts d’être franchement originaux, de Tony. Mais dans le hardcore, c’est la voix qui est capitale et la encore, y a du MADBALL dans le timbre de Bogdan. Sa voix me rappelle celle de Freddy Cricien mais un Freddy qui aurait bouffé du gravier au petit déj. Une voix râpeuse, comme écorchée, qui apporte une touche d’agressivité supplémentaire à la musique déjà bien vitaminée du groupe.

Après certes, les compos finissent par se ressembler et se confondre au fil des écoutes, la voix est monocorde et ne varie pas d’un iota tout au long de l’album. On aime ou on n’aime pas, les aficionados d’expérimentations en seront pour leurs frais mais, une fois de plus, la foi que met le quatuor dans son hardcore rattrape pas mal le coup. Leur musique respire le respect et la passion, on ne sent pas les gars changer leur fusil d’épaule, se laisser pousser la mèche, multiplier les plans de gratte et se mettre au deathcore. Pas le genre de la maison. ONESTA trace sa route, loin des modes et des tendances. C’est d’ailleurs le thème principal des lyrics de Bogdan. L’honnêteté je vous dis, l’honnêteté.

L’album est court, très court, à peine plus long qu’un morceau de DREAM THEATER. 23 minutes, intro et outro comprises, c’est limite du foutage de tronche. On a l’impression que le groupe et son label on poussé le truc à fond afin de sortir le skeud avant la fin de l’année. L’écoute est donc très rapide, un peu frustrante même, car on aurait aimé avoir du rab, genre un morceau ou deux en plus. Mais bon ça permet au groupe d’éviter le gros écueil des disques du style : l’ennui et la redondance. Puis après tout, l’album est suffisamment bon pour que l’envie de le réécouter de suite se fasse sentir, ce qui est plutôt bon signe. Avec « We Got Game », ONESTA s’installe comme la locomotive d’un genre un peu moribond en France et confirme tous les espoirs placés en lui. Enfin, même si l’album est très bon, c’est sur scène que le combo prend toute sa dimension. ONESTA déçoit rarement à ce niveau-là. Donc voilà tu aimes MADBALL, tu aimeras ONESTA, c’est aussi simple que ça.


Rédigé par : Seb on Fire | 15/20 | Nb de lectures : 13620