A peine rentré en France que je découvre le premier album de ce groupe parisien dont la hype s’est saisie depuis plusieurs mois maintenant. Groupe formé en 2005 d’anciens Field Of Illusions et Covenant, Onesta s’était précédemment manifesté avec le EP ‘With the Most Honourable Intentions’ déjà édité par le label marseillais Disagree. Avec des tournées en compagnie d’Irate, Hoods ou encore Blue Monday, le quintette peut se targuer d’une grosse expérience scénique qu’il convenait donc de matérialiser avec un album. Voyons donc voir ce que cela donne.

Le combo se charge d’importer le hardcore new-yorkais, le vrai, celui qui sévit dans le Bronx et dans le Queens, dans les rues parisiennes. Forcément, même si vous n’y connaissez que dalle en hardcore, le signe NYHC doit quand même vous interpeller, et être connecté d’une manière ou d’une autre aux noms ‘Agnostic Front’, ‘Sick Of It All’ et ‘Madball’ dans un coin de votre cerveau. C’est en général les 3 seuls groupes que n’importe qui peut citer dans ce style. Bon, le décor est planté, Onesta sonne effectivement de façon plus proche de Madball que des deux autres géants mentionnés: un hardcore bien ‘old-school’ dans l’esprit, très groovy, dansant tout en restant rentre-dedans et assez brutal. Si je devais chipoter et faire mon VoB, pardon, mettre mon grain de sel, je rapprocherais plutôt Onesta des mythiques Stigmata, pour ceux qui se souviennent, ça leur parlera beaucoup plus! Oh, il y a bien une tentative d’influx de hip-hop dans leur musique, via quelques samples en début ou fin de morceau, mais l’essentiel est donc résumé. La production est assez typée ‘métal’ en mettant en avant les riffs de guitare plutôt que la section rythmique, le mastering d’Alan Douches y étant sûrement pour quelque chose. Nous avons donc la formule ‘old-school’ + ‘grosse production métalisée’ qui généralement aboutit à ‘les jeunots et les chevelus vont autant accrocher que les blasés du HC’. Verdict ?

Et bien, après plusieurs semaines d’écoute intensive dans différentes conditions, je peux dire que je suis convaincu par cet album et la démarche du groupe. Les refrains se retiennent bien, la nuque s’assouplit assez rapidement une fois ‘Back To Reality’ lancé, la tête hoche et dodeline toute seule au rythme des riffs, on se surprend presque à mosher dans le métro sauf qu’on se retient parce que c’est pas évident en étant compressé de tous les côtés. Certains riffs sont particulièrement bien trouvés ('Play The Game') et devraient déclencher des vagues de moulinets dans le pit. Les 4 musiciens jouent sans fausse note, même si j’aurais aimé pouvoir mieux juger le travail de Romain, le bassiste. La batterie d’Olivier ne souffre pas trop des triggs, le son des guitares est tranchant à souhait, la voix de Bogdan, rauque à souhait, ressort parfaitement(trop ?). Les paroles tournent autour de la vie urbaine, des émeutes en banlieue, du contrôle sur sa propre vie, de nos hommes politiques véreux, ce genre de thèmes quoi. C’est dans l’ensemble plutôt engagé et frais, ça change des thèmes ‘Shopping pour mon crew’ bien basiques, même s'il n'y a rien de mirobolant non plus.
Le principal reproche que j’émettrai concernera le manque cruel de variété dans la composition: la structure des titres est toujours la même à quelques breaks près, au point qu’il est vraiment délicat d’apprécier un morceau plutôt qu’un autre. De plus, le chant de Bogdan me paraît exagérement linéaire, ce qui n’arrange rien. Son accent anglais n’est pas des plus parfaits mais au moins il permet de comprendre chacune des paroles, c’est pas courant dans le HC français! Les mecs de Hardside viennent aussi prêter bras forts à leurs compères sur les morceaux ‘Play The Game’ et ‘Above All’, apportant enfin un peu de souffle, ce qui en fait pour moi les deux meilleurs morceaux du skeud.

Tout bien considéré, Onesta nous délivre un convaincant premier album, qui devrait ravir les fans de Madball, Skarhead ou Stigmata, néophytes comme vétérans. Les promesses du EP sont donc tenues mais de gros défauts viennent tout de même gâcher le tableau, la lassitude après quelques semaines n'étant pas le moindre. Comme j’ai pu le constater par la suite, leur musique est de toutes manières plutôt taillée pour la scène que pour les écoutes successives, et c’est un domaine que les 5 lascars maîtrisent tout-à-fait. Un conseil: si vous aimez Onesta sur CD, courez donc les voir en live. A suivre de très près pour la suite.


Rédigé par : Candiria-Thon | 13/20 | Nb de lectures : 11129