Qu'il est délicat de chroniquer... Ayant présenté Ondskapt lors de la réédition de "Draco Sit Mihi Dux", je profite de cet espace de liberté pour exprimer les doutes qui m'assaillent parfois. Chroniquer un album, c'est émettre une opinion sur une prestation purement intellectuelle et la juger. Finalement, il s'agit d'apposer au bas de la kronik une note resplendissante d'objectivité résumant des sentiments tout ce qu'il y a de subjectifs. Cette note est d'autant plus difficile à porter qu'elle efface pour certains en quelques octets tout argumentation à propos d'un album. Alors, il est toujours plus facile de critiquer les extrêmes, soit en mettant en sélection une perle rare, soit en pulvérisant une bouse infâme. Mais que faire lorsque l'on rencontre une oeuvre qui vous ballote entre tous les sentiments, faisant fi de votre capacité d'analyse ? Ce "Dödens Evangelium" m'aura baladé entre la satisfaction de trouver des riffs excellents et le doute quant à la fiabilité du groupe. Et cela, tout au long des deux parties de cet album hybride, qui reste dans mon esprit mi-figue mi-raisin. Ondskapt a bien changé depuis le petit dernier (qui datait déjà un peu). Le projet solo s'est mué en groupe avec l'arrivée de trois nouveaux membres. Les deux guitaristes se partagent les vocaux, Acerbus restant le principal hurleur et leader de l'entité.

Pour la partie figue, Ondskapt propose en hors d’œuvre une partition de black dépressif d'assez bel effet. Déjà, on vogue entre l'excellence et le petit bras tout au long de six plages longue durée. L'album s'avère déjà éloigné de son prédécesseur, oeuvre nihiliste qui tenait principalement sur un chant possédé par la douleur. Ici, Ondskapt rejoint la meute, malgré la présence des deux vocalistes (moins passionnés) et malgré l'usage de quelques riffs à tomber par terre. Au bout de six titres et quelques grincements de porte, le ton change brusquement...

Pour la partie raisin, Ondskapt vire totalement de bord et propose une partition plus true, avec des riffs directs et des morceaux courts. Si l'énergie est bien là, le talent et l'unicité du groupe disparaissent à nouveau pour rejoindre la masse des groupes érodant le style. Même si "Fienden Hungrar" a la puissance de feu d'un croiseur, la seconde partie est bien en deçà de la première à mon goût. Tout au long des morceaux, l'interprétation est tout à fait honnête et il n'y a rien à redire sur la production de cet album, issue du Necromorbus (Watain, Zavorash). Mais l'album s'essouffle et s'étale en longueur sans plus surprendre. Ce second opus d'Ondskapt m'aura déçu, comparativement à leur premier brûlot. Dommage... Si l'album n'est pas mauvais, je ne saurais toutefois le conseiller fortement.


Rédigé par : Prince de Lu | 11,5/20 | Nb de lectures : 13874