Damned, il a fallu cinq ans pour enfin tenir entre nos petites mains moites ce nouvel album d’Ondskapt. Il faut bien dire qu’entre IXXI et Valkyrja, ces amateurs de boucs furent un poil occupés. C’est bien beau de faire partie des pionniers de l’orthodoxie mais avec la multiplication des adeptes, on a vite fait de passer d’un statut de grand maître à celui d’adorateur de second rang. Afin d’éviter le gros dérapage en faisant Satan dans sa culotte, la tribu superstitieuse n’a pas changé l’équipe qui gagne et a donc confié l’habillage de son rejeton infernal à Tore et son temple, le désormais fameux Necromorbus.

Alors oui, certains avanceront que ça commence à bien faire cette histoire de Necromorbus mais à l’instar d’un Sunlight, quand dans une bonne dizaine d’années, nous nous retournerons sur ce début de siècle, il est à peu près certain que ce dernier se verra défini par ces sonorités caractéristiques. Il faut reconnaître qu’il y a là-bas un vrai talent pour conférer une atmosphère malfaisante aux sons des albums. Et d’ambiance, il va en être principalement question car musicalement…

Imaginez un ciel maculé de sombres nuages informes et gorgés d’orage d’où s’échapperaient quelques éclairs fulgurants. On attend en vain tout au long de ces quarante minutes que l’orage éclate. Pourtant, ça s’annonçait bien avec cette intro sombre et dérangeante et surtout ce premier titre démarrant sur les chapeaux de roues par un blast sauvage et ces riffs martiaux. S’ensuit un refrain dégénéré et maladif et puis plus loin surgira un break imposant le calme par de légers arpèges empreints d’un psychédélisme malsain. Cette première salve s’achèvera dans les râles de l’imprécateur.

Malheureusement, cet alléchant démarrage se voit freiner dès le titre suivant qui se veut plus rampant et incantatoire. Malgré un refrain assez accrocheur, le titre ne décolle jamais et finit par agacer. Le morceau suivant fait renaître un espoir grâce un riff démoniaque, un final lourd et une atmosphère suintant la déchéance. Arrive ensuite le morceau le plus iconoclaste de l’album. En guise d’approche, Astute Sceptre se lance dans un mid-tempo proche d’une danse macabre pour dériver vers des trémolos instillant un suspens qui aboutira à un assez long passage instrumental qui m’a fichtrement rappelé le style de Schuldiner !!! Etrange…

Mais déjà là, l’auditeur ressent l’enlisement dans lequel va aller s’engluer la galette. A partir de là, Ondskapt plonge dans un mid-tempo pas si éloigné d’un Satyricon. En effet, le riff du sixième titre m’a tout de même bien rappelé "To the Mountains". Drôle de sensation, je ne sais pourquoi mais cet invariable coup de baguette à chaque mesure a fini par me taper sur le système. Il y a bien un ou deux blasts qui traînent mais j’ai fait une véritable fixette sur ce mid immuable, invariable.

En définitive, à mi-parcours, le disque s’enfonce dans une sorte d’assoupissement hypnotique dont il ne se relèvera jamais. Certes, notre conscience perçoit toujours quelques mouvements pertinents mais ce tempo répétitif unifie l’ensemble sans que l’on ne puisse discerner véritablement les différents morceaux entre eux et ce en dépit des structures internes plutôt simples. Peut-être aurait-il fallu revoir l’enchaînement des titres et ne pas caser ensemble tous les titres « lents » sur la deuxième moitié.

En dépit de ce constat, il faut bien avouer que l’ambiance est réussie. L’œuvre exhale un sentiment malsain et maléfique finissant tout de même par toucher l’auditeur. Mais, il est difficile de faire abstraction de l’aspect un peu commun de la musique proposée. Certes, il n’est pas rare de se voir foudroyer par quelques fulgurances mais ces dernières se retrouvent bien trop souvent noyées au sein de cette brume informe.


Rédigé par : Dark Rabbit | 12/20 | Nb de lectures : 13377