Troisème album pour le duo résultant du split du trio culte Sleep. Alors que Matt Pike, guitariste de la formation stoner-doom persiste dans la formule du trio en formant un High On Fire (que je ne ferai à personne l’insulte de présenter ) bien loin de Sleep, la section rythmique de ce même groupe culte forme OM, perpétuant quant à lui une formule musicale bien plus proche de Sleep dans ses aspirations musicales que « mystiques » (dire qu’il n’y a qu’un pas de « Jerusalem » à « Pilgrimage » révélant assurément de la lapalissade).

Après (dans le désordre) deux LPs et un split 7 pouces avec Six Organs Of Admittance sortis sur Holy Mountain, plus un split avec Current 93 sorti sur Neurot, ce troisième LP sort sur Southern Lord, label qu’on connaît et qui compte parmi les fers de lance du métal alternatif moderne (merci messieurs O’Malley et Anderson). Outre les noms de Chris Hakius, crédité à la batterie et Al Cisneros, crédité à la basse et au chant, celui de Steve Albini apparaît lui aussi à l’arrière du disque en tant qu’ingénieur du son… autant dire qu’au regard de la discographie passée du duo et de la réputation du bonhomme, ce "Pilgrimage" (c’est le nom de ce disque joliment orné d’un ange tout droit sorti de son vitrail) s’annonce bien.

Pour ceux qui n’auraient jamais eu l’occasion d’écouter OM, le duo californien balance un hybride stoner-drone-heavy-jazz-core-metal-méditatif de haute volée : des morceaux longs, hypnotiques, empreints d’un mysticisme hétéroclite piochant allégrement dans tout ce qui est susceptible de créer une transe qu’on pourrait qualifier de lancinante et groovy ( ?!?!?). Si leur premier album « Variation On a A Theme » comptait trois longs morceaux et le second seulement deux, ce troisième opus en compte lui, quatre, ou plutôt trois et demi, la quatrième plage étant une reprise de la première. Première plage qui s’avère d’ailleurs assez déroutante pour qui connaît OM : le morceau est paisible, la basse n’est pas saturée, les percussions discrètes, et si la voix reste relativement fidèle à ce qu’on connaît du groupe, égrainant, ou plutôt ici chuchotant, un énième mantra… on pense presque au Tool dernière génération dans ses aspirations les plus ambiantes psychés. Le pèlerinage s’engage donc de manière sereine, sur ce thème de basse faussement simple répété un peu plus de 10 minutes durant et s’insinuant déjà dans la seconde plage après une courte pause pour une explosion sonore totalement jouissive : on y est, basse toutes saturations dehors, supportée par une batterie occupant enfin l’espace qui lui est dû le tout accompagnant le mantra déclamé par Cisneros. Cinq minutes d’un voyage qui paraît trop court et qui s’achève sur un fade out clôturant la première partie de ce disque.

« Bhima’s theme » s’engage alors, le motif de basse des deux plages précédentes a disparu, remplacé par un riff lancinant sursaturé. L’entrée en matière est extrêmement efficace et les variations, tant mélodiques que rythmiques, sont plus perceptibles qu’auparavant : le thème répété plus de 11 minutes durant évoluant comme soumis à une lente et fascinante mutation, pour finalement se raccrocher au feeling du morceau d’ouverture, quasi acoustique (comprendre sans saturation) mais cette fois toujours incantatoire. Une nouvelle déflagration à un peu plus de une minute trente de la fin remettra la saturation et les percussions de Hiakus à l’honneur pour ne plus céder avant la fin du morceau. La reprise fidèle de « Pilgrimage » en dernière plage boucle la boucle : basse scintillante, percussions lointaines, mantra chuchoté durant un peu plus de 4 minutes. Ce « Pilgrimage » qui nous aura fait progressivement monter vers la transe proposée par OM nous permet ainsi une descente en douceur. Excellent trip donc.


Rédigé par : NicoSata | 16/20 | Nb de lectures : 11521