Pour les experts du milieu electro/indus, ce disque constitue une curiosité de choix en raison de la présence du dénommé oGre aux vocaux. Ce monsieur est plus connu pour être le chanteur de l'émérite Skinny Puppy, référence incontournable de la musique industrielle depuis 1982. Stylistiquement, oHgr est assez éloigné de Skinny Puppy. Cette mixture étrange et dans l'ensemble plutôt planante cherche ses racines dans le rock alternatif, le big beat à la Prodigy et l'indus peut-être plus classique pour les arrangements. Si on peut penser à la partie la plus sombre des Chemical Brothers à l'écoute de certains titres, on est rapidement conquis par la morosité relative de l'atmosphère du disque. Comme un grand champ d'expérimentations, le disque après avoir cotoyé l'accessible (un "Hilo" très new-wave, un "Jako" rétro à souhait, un "Watergate" groovy ou un "Dog" indus et martial), s'emballe parfois dans des délires electro traficotés par des musiciens certainement un peu déjantés (le quasi-ambient "IovNow", l'épileptique "ShiTe" ou l'étrange "EnDai" qui semble avoir été enregistré sous l'emprise de gélules qui altèrent la perception du temps et de l'espace). Difficile à décrire dans son ensemble, cette oeuvre hors norme à les qualités de ses défauts à savoir qu'au fil des morceaux, elle devient tantôt indescriptible, tantôt incontrôlable, tantôt envoutante et charmeuse. Appréhender la musique de Ohgr ne se fera pas sans difficultés, une certaine habitude aux sonorités techno et industrielles sera de toute façon indispensable à l'auditeur. Les rythmiques souvent sautillantes en perpétuelle contradiction avec les vocaux mesurés et même monocordes et l'ambiance qui oscille entre le sinistre, le chaleureux et le non-identifiable feront de "Sunnypsyop" une oeuvre à apprécier sur la durée, qui fourmille de détails parfois enthousiasmants mais parfois également un peu irritants. Un album déconcertant ou passionnant. C'est selon l'humeur.


Rédigé par : Loufi | 14/20 | Nb de lectures : 7608